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[LIVE-REPORT] A la Philharmonie de Paris, Rover, formidable “désosseur de musique”

[LIVE-REPORT] A la Philharmonie de Paris, Rover, formidable “désosseur de musique”

11 March 2017 | PAR Alexis Duval

Souvent sur un mode mineur, le chanteur explore avec talent une veine néoromantique. A la Cité de la musique, la dernière de ses trois dates s’est révélée envoûtante.

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Qu’il soit jeune ou plus expérimenté, le critique, tout boulimique de culture qu’il se doit d’être, ne sait pas tout. Loin s’en faut. L’auteur de ces lignes n’a donc aucun complexe à avouer qu’il était jusqu’ici passé à côté de Rover. C’est quasi-vierge de toute impression qu’il s’est rendu à la Cité de la musique, une des composantes de la labyrinthique Philharmonie de Paris, jeudi 9 mars, pour assister au dernier des trois concerts exceptionnels du chanteur. Pour certains, c’est chose ridicule. En l’occurrence, c’est un luxe. Car découvrir pour la première fois Timothée Régnier par l’expérience de la scène s’est révélé une chance.

Rover, c’est un monde d’une douceur infinie. Au piano, à la guitare, à la voix, avec son charmant et talentueux multi-instrumentiste ou des performeurs d’un soir (notamment son frère), Timothée Régnier déploie des lignes mélodiques enrobantes. Certes, il pioche dans des répertoires parfois évidents : dans un des titres les plus élégants, « Trugar », on pense immanquablement à la période psychédélique des Beatles, voire à la voix fluide du regretté David Bowie. Cette matière, Rover ne la dévore pas. Il s’en nourrit pour déployer sa patte.

Rover a plus d’une corde à son art. Si sa musique est si belle, c’est qu’elle est un pont entre la mélancolie légère et le profond tourment. Souvent sur un mode mineur, il explore une veine néoromantique où l’harmonie tutoie le maelstrom. Sa voix est d’ailleurs une parfaite illustration de cette tension : elle est tantôt rauque, tantôt légère, tantôt pleine d’une folle énergie. Mais elle est toujours maîtrisée.

“Un espace de liberté”

Le public de la Cité de la musique semblait captivé tout au long de la soirée, au cours de laquelle ont été jouées quinze chansons. Quinze titres, autant de compositions originales et, surtout, d’interprétations uniques. « En partant de l’étape du croquis, on a voulu désosser notre musique », a-t-il confié jeudi soir. Un « espace de liberté », presque d’improvisation, salutaire que l’artiste s’est octroyé pour conférer à cette série de concerts une dimension d’expérience. Quoi de mieux, pour un spectateur, que de sentir qu’il est choyé et que ce à quoi il assiste est un moment unique ?

Dans son contact avec le public, Timothée Régnier est affable, prodigue en anecdotes et en plaisanteries. Là aussi, ce n’est pas chose courante de voir un artiste faire preuve d’autant d’autodérision. Rover, c’est un monde, et c’est aussi un personnage rapidement sympathique et charmant. Ce qui ne rend son univers que plus charmant.

Crédit photo : pochette du deuxième album de Rover, Let It Glow.

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Alexis Duval

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