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Le Festival “Le Rock dans tous ses états” fait ses adieux

Le Festival “Le Rock dans tous ses états” fait ses adieux

22 December 2016 | PAR Léa Sanchez

Dimanche 20 décembre, l’association organisatrice du Rock dans tous ses états a annoncé la disparition du festival, sur fond de suppression de subventions et de dissensions avec les collectivités locales.

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« Le Rock dans tous ses états est mort ». C’est en lettres blanches sur fond noir que L’Abordage, l’association à la tête du festival de rock d’Evreux (Eure), a publié l’avis de décès de cet événement qui s’installait chaque été sur l’hippodrome de la ville depuis trente-trois ans. Pour l’équipe organisatrice, la situation résulte d’« un travail de sape minutieusement orchestré » contre ce festival à taille humaine, qui avait programmé depuis sa première édition en 1984 des artistes comme Alain Bashung, Noir Désir, IAM, -M-, Louise Attaque…

Les collectivités ne veulent pas éponger le déficit

Le festival s’éteint en conflit avec les collectivités territoriales et notamment Guy Lefrand, maire Les Républicains d’Evreux depuis 2014. De même que les autres financeurs de l’évènement, le conseil départemental de l’Eure et la Région Normandie, également tenus par la droite, l’édile a refusé de renflouer les caisses de L’Abordage.

Selon lui, l’association organisatrice du festival accuserait un important déficit. Mais son montant est contesté par les bénévoles. « Selon la mairie, le sauvetage de l’Abordage nécessite 300.000 euros un jour, 500.000 euros le lendemain, puis 600.000 euros le troisième jour, et aujourd’hui 1 million d’euros. Qui dit mieux ? », dénonce-t-elle en évoquant un déficit d’environ 250 000€.

Un « divorce annoncé » ?

D’autant que la structure impute une partie des pertes à la mairie. Elle cite, d’abord, la mise à disposition d’un employé de la ville « avec la folie des grandeurs » comme directeur du festival, son salaire étant déduit de la subvention. « Ce directeur parti, la subvention reste amputée de cette somme pendant plusieurs années. Jamais ce déficit ne sera apuré par la Ville et/ou ses partenaires », explique l’Abordage. En 2015, elle pointe un « manque de visibilité sur les subventions » en partie à l’origine d’une division par deux du nombre habituel de spectateurs, qui tourne autour de 20 000 personnes.

Mais c’est cette année que les tensions atteignent leur paroxysme. La ville décide de mutualiser les activités culturelles dans un EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle), en charge de la nouvelle SMAC (Scène de Musiques Actuelles) récemment inaugurée. L’Abordage est ainsi écartée d’un projet qu’elle portait depuis des années, et doit faire une croix sur les revenus qu’elle tirait de ses activités dans son ancienne salle de concerts. Ses salariés sont reclassés à l’EPCC : « On doit donc produire un festival sans salariés. (…) Et comme on n’a plus d’activité autre que le festival, l’argent ne rentre plus. Comment payer les factures de 2016 ? Comment s’engager pour 2017 ? », dénonçait le 16 décembre Thierry Auzoux-Lavallé, le président de l’association, dans une tribune adressée au mensuel indépendant Tsugi.

Vers un autre festival ?

Pour le conseiller municipal d’opposition Timour Veyri (PS), en lâchant l’association, la ville « tourne le dos à son propre avenir et à son identité, devient dormante » (voir le quotidien régional Paris-Normandie).

Faute de subventions, l’Abordage va devoir se résoudre à mettre la clé sous la porte. Selon Normandie-Actu, jeudi 15 décembre, son président s’est rendu au Tribunal de Grande Instance de la ville pour que l’association soit déclarée en cessation de paiement. La fin de tout festival de rock à Evreux ? Pas si sûr. Le maire a annoncé sa volonté de ne pas laisser la ville sans festival en 2017.

« L’argent, qui manque pour aider un événement prestigieux et ancré localement depuis 33 ans, abonde maintenant pour monter de toute pièce un événement « maison » », critique l’Abordage. L’association y voit également une remise en cause de sa ligne artistique : Guy Lefrand « préfère voir alignés sur l’affiche des artistes vus à la Télé », écrit-elle. L’édile « tue L’Abordage pour créer un festival à son image », appuie, amer, son président.

 

Visuel : capture d’écran du site Internet du festival.

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