Pop / Rock
J2 : Blood Orange, un ange s’échoue sur la scène du Pitchfork

J2 : Blood Orange, un ange s’échoue sur la scène du Pitchfork

03 November 2018 | PAR Clara Bismuth


Cette année, c’est une programmation assez éclectique et surprenante que propose le Pitchfork Festival. De l’électro au rock indépendant, en passant par des vibes RnB et pop, un artiste en particulier a explosé le niveau de cette seconde soirée : Blood Orange.

Après quelques minutes pénibles en compagnie du quintette parisien Bagarre et des britanniques CHVRCHES dont la synthpop fait saigner les oreilles, la punition touche à sa fin. Dev Hynes, alias Blood Orange ne va pas tarder à prendre possession de la scène.
En 2016, le britannique marquait les esprits avec son troisième album Freetown Sound, un disque insaisissable aux reflets subtiles de soul, funk, new-wave RnB et électro, qui laissent flotter les corps dans un univers sans pesanteur. Deux ans plus tard, voilà son grand retour avec un nouvel opus : Negro Swan.
Cygne à l’allure d’ange déchu sur une limousine blanche, Blood Orange est une réincarnation mystique. A travers ce quatrième tableau, le britannique explore sa dépression mais aussi celle des autres, tout en prêchant des textes engagés. « Un regard sincère sur l’existence et les angoisses persistances des queers et des personnes de couleur » dira t-il. (En fait Blood Orange c’est un peu le Connan Mockasin de la new wave soul/RnB).

Ouvrir ce concert par le titre Saint prend alors tout son sens. Sur des lumières rouges en contre jour, les silhouettes d’Hynes et de ses musiciens se dessinent. Tempo lent, voix langoureuse et tranquille, jamais une messe n’avait était aussi jouissive. Après quelques pas de danse de la star, c’est sous une aile bienveillante qu’il prend son public pour ce voyage éthéré. Saxophone enchanteur et beat contrôlé pour Jewelery avant d’attaque une soul moelleuse avec Charcoal Baby, Blood Orange excelle dans la gestion des ruptures musicales. Deux à trois chansons au sein d’un même titre sans jamais en troubler l’équilibre harmonique, une richesse que le jeune homme exploite avec délicatesse et intelligence. Les fioritures en masse ici n’existent pas. Devonté est humble et généreux, se positionnant en retrait sur Holy Will afin de laisser éclater un moment de grâce par Ian Isiah et ses envolés lyriques magiques.
Heureusement, Champagne Coast nous ramène progressivement sur terre, mais loin de 2018. Retour sur une vague rétro des 80’s, dont la pop et la prestation de Hynes ne sont pas sans rappeler un certain Prince.
Une heure de scène qui console les âmes et laisse place à des déhanchés groupés, avant de bifurquer sur la Dance du petit génie, Kaytranada.

Visuel ©CB

La playlist un chouia érotique
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Clara Bismuth
Rédactrice pour le magazine Toute La Culture depuis mars 2018, principalement dans les rubriques Musique et Cinéma.

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