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« Great Big Flamingo Burning Moon » de The Wave Pictures : des animaux, des solos garage rétro, et un vieux sage punk

« Great Big Flamingo Burning Moon » de The Wave Pictures : des animaux, des solos garage rétro, et un vieux sage punk

23 February 2015 | PAR Pierrick Prévert

L’un des groupes indé les plus prolifiques de la perfide Albion, avec quasiment autant d’albums sur leur nom ou en collaboration (Stanley Brinks, Darren Haymann…) que d’années d’existence (17 !), revient nous apporter ses paroles colorées et ses solos à la guitare émotionnelle qui s’insèrent dans vos neurones jusqu’à créer un effet de manque – il existe un avant et un après avoir découvert The Wave Pictures. Great Big Flamingo Burning Moon, issu d’une collaboration entre les trois gars de Wymeswold et un héros personnel du groupe, l’inénarrable artiste polymorphe punk et garage Billy Childish qui a aussi assumé la réalisation artistique, est un album qui navigue entre les mélodies garages délicieusement rétros traditionnelles du groupe, hommages et influences artistiques punk.

The Wave Pictures, signé chez le petit label indé anglais Moshi Moshi Records, est un groupe qui a toujours souhaité rester en marge de la scène indé anglaise. Une volonté affichée depuis longtemps, et que l’on retrouve dans le sens de leur chanson « Leave the scene behind » sur leur excellent album Instant Coffee Baby (2008). David Tatersall, chanteur et guitariste du groupe, confiait à l’époque que le groupe s’est toujours « senti mal à l’aise avec l’envie de certains de nous étiqueter comme appartenant à telle ou telle scène » . Et d’ajouter que les scènes « semblent plus avoir affaire avec les vêtements que la musique est faite pour restreindre le nombre de styles musicaux que vous êtes suspposé admettre aimer. Aussi, les scènes ont l’obsession de la nouveauté. Le nouveau est préféré au spécial. ». Pas étonnant donc de retrouver cette obsession d’être spécial sur chaque album, parfois en confinant au génie, parfois en en faisant un peu trop.

En ce sens, Great Big Flamingo Moon est un pur album du groupe. Spécial, il l’est assurément, du fait de la collaboration avec Childish, qui aura prêté au groupe son matériel lo-fi des années 60 pour l’enregistrement, et partage leur aversion d’être porté par le courant. Son influence sera particulièrement notable sur des morceaux comme l’excellent “We Fell Asleep in The Blue Tent”, dont le solo final ne laisse aucun doute sur l’auteur, ou le très efficace “Pea Green Coat”. Spécial, il l’est aussi par ses hommages : celui à Jimmy Reed dans “Fake Fox Fur Pillowcase”, ou les deux reprises de Creedence Clearwater Revival (“Sinister Purpose” et “Green River”). Finalement, la présence inhabituelle d’un harmonica joué par l’ingénieur de Ranscombe Studios où le groupe a enregistré viendra apporter quelques touches de couleur sur “Green River” et enflammera la fin du morceau “Pea Green Coat” dans un solo « bluesy » jubilatoire.

Ainsi, quand Tattersall déclare qu’il s’agit de l’album sur lequel le groupe s’est le plus amusé, on a aucun mal à le croire et on devine d’ailleurs bien le plaisir qu’il a eu à égrener ça et là des noms d’animaux : là des flamands, là des grenouilles, oiseaux, girafes, renards, chenilles ou autres poissons rouges. Toujours avec cette écriture de textes qui, brique à brique, construisent images et paysages comme dans un rêve « Cigar smoked shadow on a blood red wall » (I Could Hear The Telephone), rêve qui préfigure parfois à un réveil difficile : « I knew I should have had that third cup of coffee this morning » (Frogs Sing Loudly In The Ditches), voire à une gueule de bois « Now you wake up with ash in your shoes. I was waiting to hear from you. Paracetamol, pineapple juice and that first cigarette. » (We Fell Asleep in the Blue Tent).

D’une certaine manière Big Flamingo Burning Moon pourrait faire office de manifeste des Wave Pictures qui, après 17 années d’existence, continuent d’expérimenter et font le choix de s’amuser autour de ce qu’ils savent faire le mieux, du rock garage rétro aux tonalités un peu blues, quitte à rester indépendants parmi les indépendants. Après tout, c’est là qu’ils ont toujours voulu être.

Great Big Flamingo Burning Moon, The Wave Pictures, 2015, Moshi Moshi, 40 min.

Visuel : (c) pochette de Great Big Flamingo Burning Moon de The Wave Pictures

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Pierrick Prévert

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