Pop / Rock
[Chronique] « More Light » de Primal Scream : de la noblesse du rock britannique

[Chronique] « More Light » de Primal Scream : de la noblesse du rock britannique

31 May 2013 | PAR Bastien Stisi

Primal Scream - More Light[rating=4]

Impossible de savoir exactement à quoi s’attendre au moment d’insérer pour la première fois dans notre lecteur un nouvel album de Primal Scream. Véritable boîte de Pandore instrumentale, aussi bien humectée dans le rock (kraut, stonien, new-wave, post-punk…) que dans la pop psyché, dans la world music que dans l’électro (acid house, techno…), la vaste discographie du groupe écossais le plus talentueux de sa génération défie depuis trente années les lois de la logique et les attentes prémonitoires de ses plus attentifs détracteurs…

Pas de changement à ce niveau sur More Light, le dixième album du groupe, mais une confirmation qui relève de l’évidence absolue : impossible d’évoquer le terme globalement fourre-tout de « rock alternatif britannique » sans y placer en tête de peloton exemplaire Robert Gillepsie et sa bande, élargie ici par les collaborations de quelques prestigieux congénères (Robert Plant de Led Zeppelin, Kevin Shields de My Bloody Valentine…)

Enregistré à Londres et à Los Angeles après leur rocambolesque tournée mondiale célébrant le vingtième anniversaire de l’historique Screamadelica, ce nouvel album, toujours trempé dans un rock alternativement branché sur la pop, sur l’électro, sur le kraut, ou sur des lignes bien plus vivaces, alterne le conceptuel et le simpliste, l’expérimental et l’attendu, les productions allongées et les titres plus serrés, les titres modernisés comme les références affirmées à leurs plus prestigieux ainés (au point de plagier grossièrement le « Can’t Always Get What You Want » des Stones sur le single « It’s Alright, it’s ok »).

Le morceau introducteur (et très prolongé) a beau s’appeler « 2013 », c’est en effet bien davantage vers les horizons illuminés des seventies et vers des contrées stoniennes que l’on a l’impression de se projeter, la faute aux cuivres désuets du titre, à ses riffs et ses solos guitareux, et à la bestialité jaggerienne d’un Robert Gillepsie au sommet de son art.

Si d’autres productions tendent encore à nous évoquer un saut chromatique de quarante années dans le passé (tendance Pink Floyd/Byrds/LSD, avec « River of Pain » et ses déambulations mystiques et psyché), pas question, en toute logique, de s’enfermer dans une influence unique et uniforme. Pas dans les habitudes du groupe, on l’aura compris.

http://www.youtube.com/watch?v=BsKoAeKKuXw

Vocalité vénéneuse hip hop et guitares accentuées (« Culturecide »), pointes d’électro pop bourdonnantes (« Invisible City »), saxophone bien obsolète (« Goodbye Jonny »), guitares lourdes et claviers baladeurs (« Sidelmab »), pop folk nerveux et dévergondé (« Relativity »), déambulation perpétuelle dans un tourbillon balayant dans sa grandeur tout ce que le rock a pu produire de plus performant au cours des quarante dernières années.

Beaucoup d’ombres fabuleuses et de lumière, forcément, et la preuve vivante que l’on peut encore sortir d’excellents disques après trente années de carrière. Inutile de chercher plus loin pour trouver les véritables joyeux de la couronne britannique : pas de décorations pompeuses sur le corps, mais des apparats bien plus nobles dans les cordes des guitares.

Visuel © : pochette de More Light de Primal Scream

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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