Pop / Rock
[Chronique] « Distant Lover » d’Emmanuelle Seigner : un album trop largement inspiré…

[Chronique] « Distant Lover » d’Emmanuelle Seigner : un album trop largement inspiré…

09 April 2014 | PAR Eugenie Belier

Cette semaine sort Distant Lover le 3ème opus d’Emmanuelle Seigner. Après son premier album Ultra-Orange en 2007 et un album en français en 2010, elle revient à la langue de Shakespeare accompagnée des grands noms pop-rock du début des années 2000 : Adam Schlesinger bassiste notamment des Foutain of Wayne à la production, et James Iha, des Smashing Pumpkins à la guitare sur quelques morceaux.

[rating=3]

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Emmanuelle Seigner ne semble plus vouloir quitter le rôle qu’elle a su magnifiquement incarner dirigée par son génie de mari, la Vénus à la Fourrure, quitte à rendre le sujet un peu lourd. Bluffante et envoûtante sur le grand écran, presque un an après la sortie du film son album se présente comme l’incarnation rock de son personnage. Légèrement too much.

La pochette de l’album ne saurait être plus explicite puisqu’elle y pose nue en cuissardes de cuir noir, se camouflant par pudeur sexy derrière une fourrure.
A cela s’ajoute la cover du Velvet de “Venus In Fur”une reprise éléctro magnétique et dépressive, et  pourtant même remaniée à la sauce électro pop rock d’aujourd’hui on retrouve l’âme de la version originale. Tout pour plaire ?

Cet album se veut rock, très rock, vraiment rock. C’est ce qu’elle explique dans une interview récente en marge de sa promotion, peu satisfaite de son dernier album qu’elle juge trop pop (Dingue sorti en 2010) et dans lequel elle ne se reconnaît finalement pas assez, elle voulait opérer un tournant plus radical et livrer ainsi sa véritable personnalité.
Emmanuelle Seigner a un cœur de rockeuse, on la croit, on l’a d’ailleurs senti dans la Vénus à la Fourrure tant son interprétation était éclatante : le personnage lui sied si parfaitement qu’on a pu se demander si elle ne se jouait pas finalement son propre rôle.

Pousser la (re)présentation, si bonne soit-elle, jusque dans un disque était sans doute de trop.

Son disque se veut donc rock, il l’est, efficace il l’est aussi, mais encore une fois, un peu trop. Le single “Distant Lover” a tout du parfait tube électro dark pop, tellement d’ailleurs qu’il en devient impersonnel, comme finalement la majorité du disque.

Ce disque est bon, mais  le problème c’est qu’il est exactement ce qu’il se veut être.

Les morceaux “Cold Outside”, “Ever Together” ou encore “I Don’t Believe You” sont parfaits : un gros son un peu garage, des riffs limités et parfaitement entêtants, bref trois morceaux rock&roll comme il faut, mais à tel point qu’on a la lourde impression de les avoir entendu 250 fois tout au long des 70’s.
La balade acoustique “Let’s Do Some Damage” quant à elle, est jolie, raffinée, simple mais touchante… et pourtant prise dans l’ensemble de l’album, elle semble uniquement remplir son rôle tant attendu du morceau calme et intimiste que tout disque rock comporte.

L’album contient tout de même de très bons morceaux : l’excellente cover de “You Think You’re A Man” de Divine par exemple, morceau mythique qu’elle s’approprie totalement, une version personnelle (oui) légère et fraîche à écouter en boucle. Bien sur le choix de cette reprise vient accentuer le personnage de la Vénus encore une fois, mais de façon plus subtile et donc réussie, Emmanuelle Seigner piétine de son talon aiguille un classique de la culture indie avec brio. Le morceau est d’ailleurs déjà remixé par Yuksek.
Enfin “Such a Hard Time” et “Bore Me to Tears” nous font penser aux meilleurs titres des Runaways, enflammant on hoche la tête  et on bat instinctivement la mesure, endiablant en gardant sa part de féminité prononcée : le pari de la dominatrice électrisante est réussi.

Patti Smith a réagi comme nous d’ailleurs sur le plateau du grand journal la semaine dernière, quittant son siège pour danser au rythme de Bore Me to Tears.

Un disque rock réussi au risque cependant de sembler creux, quelques pépites délicieuses tout de même que l’on vous conseille vivement d’écouter.

Visuel : (c) pochette de Distant Lover d’Emmanuel Seigner

Distant Lover, 2014, Universal Music

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