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Playlist de la semaine (92)

Playlist de la semaine (92)

22 November 2014 | PAR Bastien Stisi

Le nouveau morceau un poil décevant de Rone, le jeu dangereux des Burning Peacocks, le nouveau clip montagneux de Benjamin Fincher…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :

1. Rone, « Ouija »

Une demie année après la parution de son Apache, un EP au sommet duquel trônait l’excellent « Bachi-Bouzouk », le DJ et producteur parisien Rone revient avec « Ouija », un morceau qui introduit un troisième album prévu pour le 9 février prochain (Creatures, toujours hébergé sur InFiné), et qui ne convainc pas encore tout à fait (le mélange de l’électro glitch et des nappes féeriques n’est pas ici une réussite). Pas de panique : on annonce sur ce nouvel album une liste de collaborateurs impressionnante (Bachar Mar-Khalifé, Bryce Dessner de The National, Etienne Daho, Fránçois & The Atlas Moutains, Gaspar Claus, Toshinori Kondo et Sea Olenna), qui confirme la volonté du franco-berlinois de se faire plus encore qu’hier l’intermédiaire entre différents univers. Attendons la suite.

2. Burning Peacocks, « Games »

Lorsqu’elle ne tourne pas dans la Palme d’Or de l’avant-dernier Festival de Cannes (La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche) ou qu’elle ne pose pas sous l’œil zoomé de photographes modeux (elle est l’égérie Lancôme), Alma Jodorowky forme avec David Baudart le duo Burning Peacocks, formateur d’une pop folk synthétique qui rappelle Lilly Wood & the Prick, Cats On Trees ou We Were Evergreen, et déjà sacralisée sur un premier EP sorti depuis le 13 octobre chez Choke Indusrty (le label, justement, qui héberge Lilly Wood). Pour elle, il semblerait donc que la période soit faste, ce qui n’est pas le cas du personnage central du clip du morceau « Games », qui dans sa thématique dramatico-teen, qui confronte l’adolescence à ses premières grandes déceptions (c’est-à-dire les farces de Cupidon), évoque directement la vidéo du magistral « Hope » des Kid Wise, qui vient justement d’être élu « Best Rock/Indie Music Video » au UK Music Video Awards. Burning Peacocks, eux, sont programmés au Festival Black XS, demain au Trianon.

3. Benjamin Fincher, « Wide Eyed »

Après celui de son premier extrait « Go Outside », le Niçois Benjamin Fincher fait paraître le clip-vidéo du deuxième extrait de son excellent album Kamishibai. C’est ainsi aux montées post-yorkienes de son titre « Wide Eyed » que l’on s’attaque ici, par le biais d’une vidéo qui confronte la petitesse de l’humain aux grandeurs des édifices naturels. On se sent fragile et tout petit. Un peu comme lorsque l’on écoute ce deuxième album, qui frappe par la complexité et la grandiloquence toute nuancée de ces compositions égarées entre pop de laboratoire et rock de plaine. Accompagné de musiciens , Benjamin Fincher (qui nous parlait ici de son dernier album) sera en concert aux Trois Baudets le 2 décembre prochain.

4. Leonard Lasry, « L’envers du décor »

Leonard Lasry est de retour dans un duo planant avec Ines Olympe Mercadal. Alors que son nouvel EP est sorti en version digitale le 19 novembre dernier, Leonard Lasry plane comme un âne des années 1980, il y a un air de rumba à la Sébastien Tellier dans cet « Envers du décor » faussement naïf, très cinématographique et assez rétro. A chanter et danser sans modération devant la table non encore desservie d’après-dîner, comme dans un film francophone bien d’aujourd’hui. (Yaël Hirsch)

5. Sydney Valette, « Paris »

D’un côté, le Midnight in Paris de Woody Allen, ses clichés qui en sont malgré des volontés contraires, ses petites complications des quartiers Rive gauche, ses Images d’Epinal pour Amerloques bien éduqués. De l’autre, le « Paris » de Sydney Valette, ses références directes à Daniel Darc (« à Paris y a rien à faire disait-il déjà, mais qu’est-ce qu’on fou ici ? »), ses plans du Père Lachaise filmés dans un noir et blanc cassé, son guide anti-touristique par excellence. Deux visions qui s’opposent, et un clip pour illustrer le dernier extrait du second album d’un Français au réalisme froid et synthétique. A Paris, dans la nuit, toutes les cartes postales sont grises.

6. Cristobal and the Sea, « My Love (Ay Ay Ay) »

Signés sur le label de Caribou et de Calexico (City Slang), produits par l’homme son d’Animal Collective et de Grizzly Bear (Rusty Santos),égarés sur les chemins de Tune-Yards et de Crystal Arks, Cristobal and the Sea multiplient les filiations plurielles en même temps que les origines (le projet est basé à Londres, mais accueille un espagnol, un portugais, une corse et un anglais), et parvient à en ressortir une singularité, qui transparaît déjà magistralement sur un premier EP (Peach Bells), porté par un tube addictif, « My Love (Ay Ay Ay) », pop enfumée qui prend, à mesure qu’elle s’exécute, la forme d’une grande transe tribale. Les plus curieux pourront les découvrir à la Maroquinerie ce jeudi 27 novembre.

7. Cliché, « Shalom »

Après avoir fait tourner les ailes du papillon sur leur premier morceau « Hélicon », en même temps que les hélices multicolores qui symbolisent le tout jeune label dont ils sont la première sortie (Microqlima Records), le quintet bordelais Cliché propose, déjà, avec « Shalom » le second extrait clipé (et largement dénudé) d’un EP qui gravite dans l’éther pop, sensible et kitsch de Paradis, d’Air, de Gainsbourg. Légers et profonds, rêveurs et explorateurs, ces garçons-là sont conscients de leur singularité : c’est sans doute pour ça qu’ils ont pris le parti de se nommer « Cliché ».

Les morceaux de la playlist sont à retrouver sur la page Deezer de Toute La Culture.

Visuel : (c) pochette de Creatures de Rone

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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