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[Live report] Rock en Seine, 3ème (et dernière) journée

[Live report] Rock en Seine, 3ème (et dernière) journée

26 August 2013 | PAR Bastien Stisi

Rock-en-Seine-2013De la pluie, beaucoup de bruit, des looks plus ou moins convaincants, et une dernière journée fabuleusement rock pour la troisième et ultime journée de la 11e édition de Rock en Seine, qui se déroulait ce dimanche après les affiches déjà follement performantes de vendredi et de samedi.

Dans le ciel considérablement grisaillant et pleuviotant du Domaine National de Saint-Cloud, un véritable coup de tonnerre (et un coup de foudre ?), d’abord, pour débuter la journée : en contraste parfait avec leurs costards deux pièces bordeaux très rockabilly et bien éloigné des machines qu’évoquent initialement leur patronyme, les gredins britanniques de the Computers ont favorisé les guitares, la batterie et les claviers old school d’un rock and roll trempé dans un acide garage et punk déroutant pour imposer leur marque de fabrique sur la scène indé rock outre-Manche, et par la même occasion sur la Grande Scène du festival ce dimanche. Menés par un chanteur shoeman et complètement allumé, qui passera une grande partie du concert au milieu d’un public arcbouté par les coups de guitares du groupe, les quatre dandys/punks signent l’une des performances les plus timbrées et les plus vivifiantes de ces trois journées de festival, en faisant défiler les titres de leurs deux premiers albums et en retournant littéralement une scène pourtant loin d’être conquise à l’avance.

Du mouvement dans les gambettes, des beuglements endiablés dans les tympans, une belle et généreuse ovation, et direction la scène Pression Live pour y retrouver l’envoutant duo (quatuor pour les circonstances du live) féminin/masculin MS MR, débarqué de la cité new yorkaise pour défendre les titres de son premier album studio Secondhand Rapture. La new wave aérienne de Madame et Monsieur hypnotise toujours autant, le tube « Hurricane » est toujours aussi sombre et somptueux, la voix de Lizzie Plapinger conserve son attrait viscéralement sensuel malgré le look largement contestable arboré par cette dernière (cheveux multicolores avec primauté sur le vert fluo, pantalon avec motifs affreux, perfecto trop court…)

https://soundcloud.com/theflymagazine/ms-mr-hurricane

En dépit des compositions d’un album d’abord réservées à l’intimité d’une petite salle (ou d’un casque audio), le show est aussi efficace que convaincant, adjectifs que l’on aura bien du mal à utiliser pour qualifier la prestation sans fraîcheur ni folie du trio anglais électro-pop de Is Tropical, représentants pourtant traditionnellement bien allumé du label Kitsuné.

https://soundcloud.com/istropical/is-tropical-dancing-anymore

Plus de foulards sur les visages autrefois camouflés des britanniques, quelques bons titres, tout de même (le très tubesque « Dancing Anymore »), une déception relative, et une avancée vers les contours de la scène de la Cascade où les Lillois de Skip the Use s’apprêtent à clôturer leur grande tournée de présentation de leur album Can Be Late (débutée il y a maintenant deux ans !) devant une foule pleine de fans convertis à l’électro rock fm et héroïque de la bande du percutant Mat Bastard. Beaucoup d’émotion pour le groupe, une (très bonne) reprise en guise de gourmandise du « Smells Like Teen Spirits » de Nirvana : il faut bien avouer que malgré les aspérités populo rock de leurs compositions calibrées pour les grands espaces et les tympans non initiés, les Skip the Use méritent la belle réputation live qui les précédent, et livreront une prestation pleine d’entrain et d’authenticité à un public fidèle et convaincu. Ce public, il se dégrossira quelque peu avant le terme du concert des sautillants nordistes, afin de se projeter du côté de la Grande Scène où le rock est sur le point de prendre un accent transalpin, électro et punk et de se camoufler derrière des cagoules de Venom, l’ancien costume du héros Marvel Spider-Man… Mat Bastard lui aussi en profitera pour venir faire un tour, et pour venir ajouter son timbre héroïque et portant à la folie environnante…

Emmenés par leur leader Sir Bob Cornelius Rifo, par une fusion instrumentale et numérique étonnante (guitare, batterie, machines, piano…), et par un nouveau live aussi bien immiscé dans le métal, dans le dubstep, dans la dance ou dans le punk, les trois virulents italiens de The Bloody Beetroots saccagent par le biais d’une flopée de tubes plus violemment exécutés les uns que les autres (l’agressif « Cornelius », le criard « Spank », le gamer « Rocksteady »…) la morale et la raison d’un public incapable de se défendre devant l’efficacité de la révolution chaotique et électro-punk administrée sous leurs yeux. Impossible de déceler une expression derrière le visage cagoulé de ces chevaliers de l’apocalypse 2.0. Le sol de la Grande Scène et les cœurs des festivaliers, eux, battent bien fort.

https://soundcloud.com/thebloodybeetroots/the-bloody-beetroots

Les jambes au cou et les sens en alerte, retour express du côté de la scène de la Cascade où le dj et producteur Diplo, son personnage bodybuildé, ses danseuses sexualisées et ses acolytes de Major Lazer s’apprêtent à maquiller le festival d’une touche dancehall, hip hop, et jungle passée sous un filtre électro percutant et rassembleur. Une foule immense pour se dandiner sous les arrangements de Diplo et de ses tubes métissés et audacieux (le hocheur de tête « Bruk It Down », le fracassant « Jahn No », le charnel « Watch Our Fot This »…) et pour voir l’arrivée surprise du belge Stromae sur scène (buzz en direct), venu interpréter dans une folie globale son entêtant et traumatique « Papaoutai ».

https://soundcloud.com/majorlazer/major-lazer-watch-out-for-this

Enfin, en guise de dessert et de feu d’artifice offert à la véritable armada de métalleux présents ce dimanche sur le festival, la Grande Scène se couvre d’un voile noir (et barbu) afin d’accueillir les   Systeme Of A Down, véritables légendes du néo-métal de la fin des années 90’ qui infiltreront avec splendeur les oreilles des festivaliers durant une heure de bonheur sonore de très haute volée. « Chop Suey ! », « Toxicity », « Aerials » : le phrasé singulier, vivace, héroÏque et furieux du charismatique Serj Tankian ne privera le public d’aucun de ses tubes, et terminera d’achever les mollets et les cordes vocales des possesseurs chanceux du Pass 3 jours du festival…

https://soundcloud.com/hunchblog/system-of-a-down-chop-suey

« The Most Lonely Day of the life » de Daron Malakian et des SOAD, peut-être, mais une performance heureuse et époustouflante d’efficacité pour les californiens, venus clôturer avec emphase et fureur cette édition 2013 qui aura tenu ses promesses, et en aura révélé de nouvelles. Gloire au rock. Et vivement l’an prochain !

Visuel : © affiche du festival

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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