Musique
[Live report] Les Nuits Secrètes 2014, Nuit 3

[Live report] Les Nuits Secrètes 2014, Nuit 3

04 August 2014 | PAR Audrey Chaix

Pour la troisième et dernière soirée des Nuits Secrètes 2014, c’est tout d’abord un orage diluvien qui fait le show : des trombes d’eau tombent sur Aulnoye-Aymeries, douchant les festivaliers et les scènes. Aussi bref que féroce, cependant, l’orage finit par s’éloigner et, avec une petite heure de retard, les concerts reprennent, sans que cela nuise même à l’affluence attendue par les organisateurs. Le temps restera même clément jusqu’au bout de la nuit. 

Pour sécher les festivaliers, rien de tel qu’un rayon de soleil sur la Grande Scène avec Winston McAnuff & Fixi. Ce duo, c’est la rencontre improbable entre le reggae et l’accordéon, entre la Jamaïque et la France. Les rythmes caribéens de McAnuff se mêlent à la gouaille toute insolente de l’accordéon de Fixi, et les deux se donnent avec une belle générosité à un public charmé. Descendu dans la fosse, McAnuff prend un bain de foule qui fait plaisir à voir, tandis qu’il répète comme un mantra de profiter du moment présent. Un joli moment de communion entre le public et la scène.

Ensuite, direction le bus qui nous emmènera dans un endroit inconnu pour un parcours secret. On rappelle le principe pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore : pour 6€, on réserve pour un concert dont on ne connaît pas l’artiste, dans un endroit mystérieux. On embarque dans des bus décorés pour les circonstances, et on arrive dans une église, une grange, un moulin… ou tout autre lieu atypique pour découvrir l’artiste du parcours. Pour nous, ce sera le groupe Moriarty, dans une grange du village de Saint Rémy Chaussée.

Et cela tombe bien, car une grange, c’est un peu le lieu idéal pour écouter les ballades folk de Moriarty – on se croirait au fin fond du Far West. Les membres du groupe accueillent les festivaliers en blaguant (le chauffeur du bus s’est un peu perdu, et le temps de trajet en a été quelque peu rallongé…), des vieilles lampes de chevet sont allumées un peu partout, des chauves-souris volètent dans la sous-pente, les gamins des propriétaires courent dans tous les sens : c’est un peu comme venir assister à un concert chez sa grand-mère.

Le groupe interprète plusieurs titres de son album Fugitives, comme “Ramblin’ Man”, “Buffalo Skinners”, ou le très émouvant “Matty Groves”, chanté à deux voix pendant que l’étourdi Tom Moriarty part chercher sa bombarde, oubliée dans les coulisses (la cuisine des propriétaires ?). Ils proposent aussi des titres plus anciens, comme “Isabella”, et surtout de nouvelles chansons, comme “Across from my window”, inspiré par le roman de Boulgakov, Le Maître et Marguerite. Un moment qui semble presque touché par la grâce, laissant un public sous le charme. Notre coup de cœur incontesté du festival.

Un dernier détour par le Jardin avant de retourner sur Lille. L’atmosphère y est électrique : c’est le groupe lillo-ronchinois Skip The Use qui est sur scène, des enfants du pays pour ainsi dire. Privilège pour le public des Nuits Secrètes, de profiter du groupe, qui remplit des Zénith entiers, dans un lieu plus intime. Et les festivaliers ne s’en privent pas : le Jardin est comble pour pogoter, sauter sur place et crowdsurfer en suivant les injonctions de l’infatigable Mat Bastard. “Birds Are Born To Fly”, “Nameless World”, “Gone Away” ou encore “Ghost” : le public réagit avec toujours plus d’enthousiasme dès qu’un nouveau titre est lancé, et le groupe déborde d’énergie pour l’entraîner avec lui. Une belle manière de clôturer cette soirée.

Une belle dernière nuit, donc, et une édition 2014 pleine de découvertes et de jolis moments. En attendant 2015, qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices puisque des restrictions de budget ont d’ores et déjà été annoncées. Si le maire d’Aulnoye-Aymeries demande de rendre payante la Grande Scène – privant ainsi une partie de la population locale, dans un territoire particulièrement frappé par la récession actuelle, d’un spectacle qu’elle se contenterait alors de subir, les organisateurs misent plutôt sur une augmentation des recettes du mécénat. C’était déjà le cas cette année, avec la participation d’ERDF. Espérons que les Nuits Secrètes parviendront à garder le cap dans les années à venir malgré la baisse des subventions… et sans perdre son ADN.

Photos : © AC

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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