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Live-Report : Bumcello fait rire le 104 (08/11/2012)

Live-Report : Bumcello fait rire le 104 (08/11/2012)

09 November 2012 | PAR Yaël Hirsch

Pour leur nouvel et 13ème album, récemment sorti dans les bacs, “AL” (voir notre critique) Vincent Ségal (violoncelle) et Cyril Atef (percussions) se sont accoquinés avec le chanteur et multi-instrumentiste Tommy Jordan. En tout dans la jolie salle 400 du 104, 3 excellents musiciens étaient sur scène, capables de jouer de 17 instruments, pour nous donner une impression de fanfare et orchestre dans un grand voyage qui, comme l’album menait très souvent en Afrique.

Vers 21h, dans la nuit enveloppante du 104 à peine éclairée par quelques installations de “Jeune Création”, un public nombreux et varié descend les escaliers qui mène à la salle 400. Parfaitement à l’heure, les deux Bumcello et leur compère à la voix d’or sont montés sur scène. Enfin, pas tout à fait dans cet ordre. pendant que Vincent Ségal commençait à chatouiller son violoncelle, Cyril Atef et Tommy Jordan ont livré une performance des plus sympathiques, l’un dans un culbuto en toile que tous suivaient, fascinés, du regard, et l’autre lui donnant la réplique gestuelle, perruque blanche et gesticulations, hirsute. Puis, la lumière calme le jeu et Tommy Jordan fait résonner son beau timbre sur un morceau folk très rassurant où il fait la liste de ce qui ne lui fait pas peur. Derrière, la qualité de la musique est bluffante, et chaque son résonne parfaitement, avec parfois tout de même un léger écho, comme s’il s’agissait d’une citation musicale d’un chef d’œuvre perdu. Puis moins de trip hop et plus de dub, la musique se balkanise et la voix de Tommy Jordan grimpe dans les aigus, tandis que le très sage et très attentif public commence à dansoter. Après un petit passage plus jazzy des îles, on arrive à un très beau pastiche de bluegrass, Tomy Jordan prenant sa plus belle voix de Johnny Cash pour se présenter comme “Cowboy engine”. Et il nous imite même à la bouche les mugissements des vaches, le passage des trains et les klaxons qui ont remplacé les collines désertes du Far-West. Pour l’autre titre à toutes basses du nouvel album “Wet”, c’est Cyril Atef qui prend sa voix de Joe Cocker pour évoquer les fluides les plus sexuels…

Changement d’ambiance; on passe à un petit interlude percussions et de soupirs tribaux, avant de glisser dans une salutation africaine à la pluie. Mi-pastiche, mi-mystique, le moment est précieux, entre rire et concentration. Au public, toujours aussi discipliné, il en faut d’ailleurs beaucoup, de concentration, pour reprendre le “ahahah” rituel. Retour au calme et voyage dans le passé d’un disque antérieur avec les souvenirs du temps d’avant susurrés, comme dans un nuage.

Une tombée des chemises de bucherons dévoilant de fort jolis pectoraux a annoncé la dernière ligne droite de ce concert divinement maîtrisé : un final très rythmé, où Jordan s’est cambré dans tous les sens, et où Atef a même traversé le public. Sans réel succès, puisque ce dernier était trop concentré sur le violoncelle de Ségal pour vraiment se mettre à danser. Mais leur visage exprimait tant de joie et de satisfaction que le pogo intérieur valait bien toutes les valses. Si bien que les suggestions limites de Tommy Jordan sur les femmes qui ralentiraient les hommes sont passées comme un charme auprès de la population féminine.

En tout les trois musiciens de génie ont livré près de 2 heures d’un concert parfait, dans ses arrangements, comme dans ses effets de scène. Musicalement, Bumcello tient donc toutes ses promesses. mais pour ceux et celles qui ne sont pas musiciens, les citations musicales sans décodeur et surtout l’effet très mathématique de la musique qu’on a du mal à rattacher à une émotion “vraie” laissent un peu sur sa faim. U répertoire de fans acquis, donc, à travailler pour profiter pleinement de ses immenses raffinements.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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