Musique
Les 3 éléphants : le petit festival qui monte, qui monte…

Les 3 éléphants : le petit festival qui monte, qui monte…

08 June 2012 | PAR Etienne Perin

Le samedi 12 mai, Laval accueillait ses 3 éléphants annuels pour leur 15ème édition. La programmation de ce chaleureux festival est chaque année plus attrayante, et c’est au cœur de la Mayenne que nous avons pu voir Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin pour leur Stage whisper, Baxter Dury, Grimes, Gravenhurst ou encore the Rapture dans un cadre idéal. Une fréquentation bien adaptée aux capacités des structures, lesquelles témoignaient d’un réel effort de création en usant de récupération, et avec un staff de super-héros disco nettoyeurs ou logistique circulant dans l’enceinte : les initiatives invitaient à une détente pas forcément alcoolisée (le bar à eau !). Retour.

Accueillis à Laval par un beau soleil aussi discret à cette période qu’il a été apprécié cette fin de semaine là, nous nous sommes rendus dans la vieille ville dès l’après-midi pour découvrir ses hauteurs transformées par l’événement phare de sa vie culturelle. Les parcs de la ville accueillaient des spectacles de rue, les concerts commençaient à se jouer gratuitement dans des bars du centre.
Michel Cloup notamment, membre de la formation rock émérite des années 1990 Diabologum (et toujours en activité aux côtés d’Expérience, Binary Audio Misfits), offrait dans un bar sa noisy-rock personnelle aux textes de poésie de papier de verre.

Le festival des 3 éléphants est une grande fête populaire mêlant événements gratuits et scène payante, de quoi satisfaire le plus grand nombre. Il fut un temps où cette diversité n’était pas aussi flagrante, les concerts payants ayant lieu dans un site dédié en périphérie de la ville. Pour la troisième année consécutive, l’enceinte réservée du festival sur la place de Hercé proposait deux scènes permettant aux artistes de se succéder sans de mortels temps morts.

19h/ My mini factory : le jeu réussi du mélange des genres 

Après avoir rencontré Louis et Gérald (Chapelier fou et ThisistheHelloMonster !, interview bientôt en ligne), rendez-vous sous le chapiteau pour découvrir leur expérimentation My Mini Factory ! avec des étudiants du Conservatoire national de Mayenne. À l’initiative des organisateurs du festival, ils revisitaient leurs répertoires avec cette inédite formation, et on a pris plaisir à voir le violon de Chapelier fou entouré d’instruments d’un ensemble de chambre (violon, alto, violoncelle, flûte, clarinette, marimba, batterie) tandis que Gérald posait sa voix sur quelques titres et nourrissait de sa verve la curiosité des spectateurs aux intermèdes. Véritable laboratoire pop, cette expérimentation donnait un souffle nouveau à leurs compositions et initiait la soirée sous les meilleurs auspices.
Sans certitude, l’expérience devrait se reproduire dans d’autres localités et permettre à d’autres élèves de s’exercer, bien encadrés, aux plaisirs de la scène et du partage de sensibilités.

20h/ Baxter Dury : le renouveau pop
En face du chapiteau, le complexe sportif de Laval accueillait les autres concerts, et à Baxter Dury et sa troupe de nous offrir leur set de pop anglo-saxonne racée pour débuter la joute. Fils du musicien anglais Ian Dury, Baxter Dury a sorti son troisième album Happy Soup l’année dernière, lequel sera joué presque dans son intégralité, ponctuant ses morceaux de rires psychotiques (Ah ah ah), et nous gratifiant de quelques morceaux des albums précédents qui auront satisfait les plus exigeants. C’est toujours un plaisir de voir ce dandy étaler sur scène avec les autres membres son savoir-faire scénique tout en élégants décalages.

21h/ Gravenhurst, ou les délectations culinaires
Gravenhurst entame sur le Patio son jeu plein de mélancolie folk. Après la prestation vive et entraînante de Baxter Dury, je me dégage non sans mal de sa sensible emprise pour me diriger parmi d’autres vers les baraquements où se sustenter avant d’enchaîner sur les autres concerts.
Là aussi, les différentes propositions, certes ne nous épargnant pas les fidèles pain-saucisses-frites, nous surprennent (stand indien avec curry piquant, oriental avec samoussas, mayennais avec cochon de lait braisé… ), et pas d’attente effrayante malgré l’affluence.
On reprend une bière pour agrémenter le repas et, requinqués, nous pouvons poursuivre la soirée.

22h / Charlotte Gainsbourg – Connan Mockasin “Stage Whisper”
Pour composer et interpréter son dernier album, Stage Whisper (2012), Charlotte Gainsbourg s’est entourée du néo-zélandais Connan Mockasin auteur d’un intrigant et réjouissant disque pop en 2011 (Forever Dolphin Love).
Le public est nombreux, personne ne veut manquer la belle effrontée pour une de ses rares prestations.
Tous vêtus de blanc, navigant avec les étranges sonorités de Connan Mockasin, caractéristiques de son univers musical, on croirait replonger dans les années 70 et assister à quelque performance arty-psyché. La sensibilité des deux artistes se marie de la meilleure des façons. Charlotte laisse Connan interpréter ses morceaux phares (It’s Choade my dear, Forever Dolphin Love), tandis qu’elle se replonge dans ses premières compositions (Ouvertures éclair), et les plus récentes.
La prestation est bien équilibrée entre les deux univers et c’est un peu abasourdis qu’à la fin du concert nous nous éloignons, comme projetés d’un autre temps vers l’univers pas moins étrange de la jeune Québécoise Claire Boucher, Grimes.

 

 

23h / Grimes sous le chapiteau : dansons dans le sang arc-en-ciel des licornes.
Nous nous installons un peu à l’écart pour voir la célébration électronique de Grimes à l’instar d’une messe sacrificielle vouée à l’électro. Seule sur scène, sautillant généreusement derrière ses machines, elle agite les spectateurs de son électro mutine. Claire Boucher, la jeune Québécoise de 23 ans qui se cache derrière le pseudo nous rappelant des effrois enfantins, est une valeur sûre pour secouer des spectateurs préparés à répondre au premier beat énergique par les prestations antérieures.
L’univers nourri de sorcellerie de Grimes, brillante synthèse d’un esprit gothique transmué par une influence manga (cette voix !) lequel s’accrocherait à un accompagnement d’une drum n’ bass mi-minimale et synthétique, a séduit, nous plongeant dans un avenir sombre et sauvage où il était heureusement possible de prendre toujours bien du plaisir.

00h/ The Rapture est notre fin.
L’heure avançant, et dernière tête d’affiche pour nous, The Rapture prenaient le relais pour offrir surtout de leurs dernières compositions. L’heure ne nous aidant pas à entrer dans le set, peut-être à cause de la fatigue,  la prestation nous a semblé bien moins chaleureuse que les précédentes. N’ayant rien à prouver, les musiciens semblaient interpréter leurs titres d’une manière assez automatique, sans parvenir à nous insuffler suffisamment de foi pour rester vaillants durant les concerts de Bass drum of death et C2C. C’est fatigués que nous les avons abandonnés à leur scène, leur préférant avant de reprendre la route un petit verre au bar à eau décidément salutaire.  Étienne Périn

Crédits photo : EP / Toutelaculture.com

Plus d’infos : http://www.les3elephants.com/

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Etienne Perin

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