Musique
Lemonade, l’acidité façon Beyoncé

Lemonade, l’acidité façon Beyoncé

29 April 2016 | PAR Kevin Depessemier

Le nouvel album de Beyoncé, Lemonade est arrivé encore une fois sans prévenir, comme à l’habitude de Queen B, dans la nuit du Samedi 23 Avril sur la plateforme de streaming musical TIDAL appartenant à son mari rappeur et entrepreneur Jay Z (et elle même), pendant la diffusion du “film-album” sur HBO. Un album qui fait encore une fois couler l’encre de la presse…

Encore une fois, Beyoncé nous lâche une bombe surprise à base de musique et d’une imagerie forte. On le sait tous, elle est passée reine en marketing depuis quelques années maintenant, collaborant directement avec son mari et elle ne se gêne pas pour sortir sans annoncer au préalable. Le soir où l’on s’attendait à la simple sortie d’un documentaire, on se retrouve avec un “visual album” inattendu. Douze musiques et une heure de visuel disponible exclusivement sur TIDAL en plus de sa diffusion sur HBO.

On la connaît pour Irreplaceable, Run the World ou bien Drunk in Love : les émotions et la féminité l’inspirent et on le sait. Alors maintenant qu’est-ce que Lemonade à côté du reste de sa carrière ? On se retrouve avec ce qui semble être une version améliorée et plus sombre de son album éponyme de 2014. Les productions que l’on doit en parti à Diplo, Boots ou même Mike Will Made It sont beaucoup plus dures, plus complexes et on ressent ce besoin qu’elle a de donner une crédibilité indie à son nouvel album. Dans l’entourage de son nouvel opus, on retrouve James Blake, Kendrick Lamar ou bien The Weeknd et tous offrent un peu de leurs univers dans ce melting-pot à base de R’n’B, de Pop et de Jazz. C’est du Beyoncé, du Beyoncé activiste, une Beyoncé activiste : elle nous montre qu’elle n’aura beau être qu’une entertaineuse, elle réussit à porter un message à la femme, à l’afro-américain, mais aussi d’autres messages plus personnels qui pour certains d’entre eux seront vivement critiqués par les médias et affoleront les fans : cocue par Jay-Z ? Le buzz est imminent tant l’album semble être une revanche de la part de la popstar, mais n’oubliez pas qu’elle aura beau être la seule à décider de sa création musicale, Jay-Z sera toujours dans l’ombre de sa dulcinée, étant l’un des couples les plus influents de la scène mainstream, voir du monde.

Lemonade est un tout, du moins pour l’apprécier, il faut le prendre comme un tout car Beyoncé ne cherche pas à être novatrice au niveau sonore. Ce format offre à la musique de Beyoncé une autre profondeur, une image qui complémente et complimente sa musique, permettant ainsi de porter une émotion à ses paroles que ce soit un ressenti vis-à-vis de son père, son mari, la femme ou les forces de l’ordre. Si l’on extrait le visuel à l’album et que l’on en garde finalement que le son, rien n’est nouveau : une impression de déjà vu, d’artistes naissants entre ses deux derniers albums que l’on allonge d’une dose de l’univers de chacun – à titre d’exemple, “6 Inch” en collaboration avec The Weeknd qui octroie à ce morceau un son et des paroles dans la lignée de l’album qui fut sa première tentative d’entrer dans l’univers de la pop, Kiss Land – et on y rajoute finalement la fameuse touche Beyoncé, au bon goût de marketing et de pop-culture. Voici Lemonade.

Là où Beyoncé réussit donc son pari, c’est dans son marketing presque sans faille. En alliant une écoute plus complexe dû à l’intérêt que l’on porte à la musique dite indépendante aujourd’hui – et ce même mainstream – et un visuel d’une qualité quasi sans faux-pas, un visuel qui d’ailleurs semble s’inspirer de David Lynch ou même la vidéaste suisse Pipilotti Rist (et son oeuvre produite en 1997 “Ever is Over All”, on pense forcément à “Hold Up” non ?). Beyoncé cherche à changer la musique pop, alors cherche-t-elle donc sa propre crédibilité indie en tant qu’artiste ou au final celle de la pop en la formatant à sa manière. Tout ce que l’on peut dire c’est que Lemonade est une oeuvre audiovisuelle qui vaut la peine d’être vue et sa réussite calculée et méritée engendre une montée de TIDAL sur le marché du streaming musical. Une pierre deux coups ?

Visuel : Extrait du film “Lemonade” de Beyoncé | TIDAL

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Kevin Depessemier

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