Le Blues du dimanche soir (et comment le soigner) : 1ère Partie
Le Docteur Feelgood posa son stéthoscope et retira ses gros doigts de la bouche de son patient. Le diagnostic est sans appel, lui dit-il, vous souffrez d’un blues du dimanche soir, mais dans sa forme colossale, d’un très très haut niveau ! On a rarement vu ça !
Comment le soigner ? Il faut d’abord revenir aux origines, celles du roi du blues, l’irlandais Rory Gallagher (1948-1995).
L’Irlande était sa terre natale mais le blues occupait son univers. C’était un immense guitariste, auteur compositeur trop méconnu en France.
Jimmy Hendrix lui rendra hommage à sa façon : à un journaliste britannique qui lui demandait quel effet cela procurait d’être le plus grand guitariste au monde il répondit : « j’en sais rien, demandez donc à Rory Gallagher ! »
Le Blues était donc sa vie mais sa vie était un immense blues. Une existence consacrée aux tournées et aux enregistrements, pas de temps pour se poser et construire une vie affective. Un moine laïque en quelque sorte, mais au fronton de son église trônait une Stratocaster à la peinture écaillée de trop d’acide sécrété par ses mains moites de travailleur du riff .
Il resta en marge de l ‘industrie du disque refusant les singles, la promo –ce cirque Pinder de l’ artiste.
Lentement il dériva, chahuté par le flot liquoreux de ses emportements alcooliques.
Son foie malade, sa transformation physique au fil du temps était spectaculaire (cf DVD du Live at Montreux chez Eagle vision ) mais ses mains d’ or, elles, scintillaient comme au premier jour.
Suivez le s’il vous plaît, en déshérence sur les îlots de sa longue errance. Ecoutez A million miles away.
Vous savez, répris le médecin, c’est une pathologie très répandue dans la population, les patients qui en souffrent sont souvent fatigués, lents, ayant du mal à prendre leur place dans le trafic .
Ils regardent passer avec lassitude les joggeurs du dimanche, visages concentrés, fiers, tendus vers l’effort .Ils ont deux mains gauches mais une seule mémoire qui ne retient en général que leurs échecs… Ils ne sont ni beaux ni cons, ne portent pas leur polo avec le col relevé et ne passent pas leurs vacances à l’Ile d’Yeu.
Jacques Brel La chanson de Jacky
Par ailleurs, ils ont le sentiment intime de ne jamais être vraiment légitimes, quoi qu’ils fassent, et se trouvent souvent de bonnes raisons de boire plus que de raison.
Rory Gallagher Too much alcohol
Il tend enfin son ordonnance en disant: suivez la prescription à la lettre, cela passera très rapidement. Fermez les yeux. Demain c ‘est lundi…
Arnaud Berreby
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3 thoughts on “Le Blues du dimanche soir (et comment le soigner) : 1ère Partie”
Commentaire(s)
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mary
bien vu Arnaud ;-)