Musique

La rentrée classique riche et variée

08 January 2011 | PAR Christophe Candoni

Comme à l’accoutumée, le mois de janvier promet une deuxième rentrée théâtrale qui bat son plein. Les mélomanes ne seront pas de reste car une série de spectacles et de concerts particulièrement attractifs et prometteurs est annoncée par les institutions musicales de la capitale : des nouvelles productions et des reprises, des tubes et des raretés, des stars lyriques comme Roberto Alagna qui fait son grand retour à l’Opéra de Paris.

LA RENTREE LYRIQUE

Avant d’assister aux deux derniers volets du “Ring” entamé la saison dernière sous la direction musicale de Philippe Jordan à l’Opéra Bastille dans la mise en scène inégale mais pas aussi indigne qu’on l’a dit de Günter Krämer, on pourra découvrir deux nouvelles productions à l’Opéra national de Paris : Laurent Pelly proposera sa lecture de “Jules César” de Haendel et apportera sans aucun doute toute son inventivité et sa vive ironie pour décrire avec humour les relations sentimentales, dignes de la collection Harlequin selon lui, entre les personnages historiques que sont la reine d’Egypte, Cléopâtre (Natalie Dessay ) et Jules César (Lawrence Zazzo). Il a choisi de situer l’action dans les réserves d’un musée comme par exemple celui du Caire aujourd’hui pour mettre en perspective l’époque actuelle et l’Antiquité. Ce sera l’heureuse occasion pour Natalie Dessay de retrouver son metteur en scène fétiche de La Fille du régiment à Traviata en passant par Ariane à Naxos. Elle chantera aussi pour la première fois le rôle. Emmanuelle Haïm qui avait déclaré forfait pour sa première apparition à Garnier l’année dernière à cause d’une mésentente avec les musiciens “maison”, dirigera dans la fosse son propre ensemble, l’orchestre du concert d’Astrée.

L’autre évènement de ce début 2011 est le retour de la star Roberto Alagna sur la scène de l’Opéra Bastille. Il chantera Paolo II Bello dans “Francesca de Rimini” du compositeur vériste italien Riccardo Zandonai et sera un atout de luxe pour inviter le public de l’opéra à découvrir cette oeuvre méconnue en France. Ce n’est à l’évidence pas le metteur en scène choisi qui fera venir en masse les amateurs de théâtre chanté. Giancarlo del Monaco a déjà signé un Andréa Chénier scéniquement inintéressant et ses choix esthétiques d’un conservatisme insupportable ne présagent rien de bon pour cette nouvelle mise en scène à venir. Les fans du chanteur ne seront pas déçus d’apprendre que Roberto Alagna n’est pas prêt de déserter à nouveau l’Opéra de Paris puisqu’il est prévu pour ouvrir la saison prochaine avec le rôle-titre du Faust de Gounod et est également annoncé dans Alceste de Gluck et dans la reprise du Werther de Jacquot pour les années à venir.

Dès hier soir, Jérôme Deschamps reçevait son amie Macha Makeïeff à l’Opéra Comique. Elle y monte Les Mamelles de Tirésias, un opéra bouffe de Poulenc à partir du texte théâtrale d’Apollinaire. Le théâtre proposera ensuite Cendrillon et Athys. La programmation musicale du théâtre de l’Athénée fait la part belle au répertoire contemporain puisqu’on peut y voir ce mois-ci pour quelques dates Le Journal d’un disparu de Janacek et début février La Voix humaine de Cocteau et Poulenc. La rentrée sera baroque pour l’Opéra royal de Versailles qui présente Rinaldo de Haendel, le Couronnement de Popée de Monteverdi et deux Purcell. Le Châtelet mise davantage sur le divertissement et met à l’affiche un des tubes du bel canto : cette version du Barbier de Séville importée du Liceu de Barcelone est déjà bien connue puisqu’elle a fait l’objet d’une captation DVD il y a déjà quelques années. C’est l’électrisant Jean-Christophe Spinosi qui dirigera la production à Paris. Le chef sera en mars à la tête de son ensemble Matheus pour l‘Orlando Furioso de Vivaldi mis en scène par Pierre Audi au Théâtre des Champs-Elysées.

Entre Siegfried et Le Crépuscule des Dieux de Wagner, Nicolas Joël mettra en scène Akhmatova, une oeuvre commandée à Bruno Montavani qui verra le jour en création mondiale à l’Opéra Bastille. La saison lyrique se terminera sur les retrouvailles de Renée Fleming avec le public de l’Opéra de Paris dans Otello de Verdi.

SELECTION CLASSIQUE, par Bérénice Clerc

A la Cité de La Musique l’année 2011 commence sur les notes d’humour et de piano d’Alfred Brendel immense concertiste qui a cessé de donner des concerts pour mieux transmettre son art. Vous pourrez suivre sa leçon de musique “Ombres et Lumières dans l’interprétation” le 15 janvier à 20h.

Toujours à la Cité les 22 et 23 Janvier, le festival international de musique de chambre de Jérusalem, fondé en 1998 par la pianiste Elena Bashkirova, fille de Dimitri Bashkirov s’offrira. Ce Festival accueille régulièrement, malgré la situation politique tendue et les conditions précaires, des grands artistes venus du monde entier qui s’y produisent gratuitement. Chaque année, un thème différent les rassemble. Pour cette dernière édition en date, retour aux classiques, à la tradition viennoise.

Au même endroit le 28 janvier à 20h vous découvrirez une version augmentée de Double Points présentée par Hanspeter Kyburz avec le danseur Emio Greco et le metteur en scène Pieter C. Scholten. L’oeuvre, enrichie d’une voix chantée, explore l’interaction entre la musique et la danse. Les capteurs attachés au corps d’Emio Greco qui met son impressionnante maîtrise au service d’une rigueur structurelle sans cesse débordée par la folie qui l’habite  produisent des impulsions lorsqu’il bouge. Elles sont transmises à l’ordinateur, pour devenir des données influant sur le son, à moins qu’elles ne déclenchent en temps réel des séquences jouées par un double virtuel du sextuor présent sur scène. Ecoutez le son du corps.

Au théâtre des Champs Elysées le pétillant et talentueux baryton Stéphane Degout nous offre un récital accompagné par Hélène Lucas au piano.

L’année Classique commence bien, espérons qu’il en soit de même pour les mois suivants…

 

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Interview de Daniel Barber cinéaste d’Harry Brown avec Michael Caine
Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.
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