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Jazz à Vienne, Youn Sun Nah, une luciole dans la nuit d’été

Jazz à Vienne, Youn Sun Nah, une luciole dans la nuit d’été

12 July 2017 | PAR Jérôme Avenas

Le 9 juillet, à la nuit tombée, la voix de la chanteuse sud-coréenne Youn Sun Nah a éclairé la nuit du théâtre antique de Vienne. Un concert exceptionnel aux mille couleurs.

La première chose à laquelle on pense en écoutant la voix de Youn Sun Nah, c’est à la lumière. Peu de chanteuses sont capables d’embraser le public avec une telle fougue. Tout est dans le brillant de la voix, dans l’intensité du timbre : pas de gesticulation, une grande immobilité, une voix parlée à la limité de l’audible contraste avec une voix qui chante au timbre riche, rond, sans aucune faiblesse. Youn Sun Nah, dans l’air doux planant au-dessus du théâtre antique de Vienne a repris, pour la plupart, des morceaux extraits de son dernier album « She moves on » où contrairement au titre, la chanteuse est dans la continuité : un peu de rock, un peu de jazz, des reprises transfigurées. Pour l’accompagner, elle s’est entourée d’une belle équipe : Jamie Saft aux claviers, Brad Jones à la contrebasse et Dan Rieser aux drums. L’ensemble fonctionne à la perfection : on s’écoute, on est sur la même longueur d’onde, du début à la fin. Dans « Drifting », reprise de Jimi Hendrix, Youn Sun Nah rivalise avec le suraigu des cordes métalliques de la guitare électrique. C’est un moment de grâce, un moment comme on en connaît peu dans la musique (parfois avec Mozart et notamment l’air de concert « Vorrei spiegarvi, oh Dio ! ») où les deux instruments après l’imitation passent à l’assimilation : qui est la voix, qui est la guitare ? Ces quelques minutes valaient à elles seules tout le concert où a régné la générosité. Chaque mot, chaque note venaient du cœur et vous touchaient, là, en plein centre. Avec une telle chanteuse, impossible de confondre délicatesse et fragilité. La musique est portée avec une force prodigieuse. Ainsi, « Black is the color of my true love’s hair » est l’occasion pour Youn Sun Nah de donner une leçon de maîtrise de son instrument, de souplesse de sa voix : susurrer fortissimo, c’est possible, tout est une question d’énergie. Dans « Jockey full of Bourbon », reprise de Tom Waits, nez bouché, elle passe de la voix de tête à une émission laryngée. Couleurs après couleurs, la nuit s’éclaire, le public se tient debout et peu importe si le soleil ne se lève jamais plus.

Visuel : © Seung Yull Nah (Photo de Youn Sun Nah)

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Jérôme Avenas

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