Jazz
Un jour au Jazz Fest de la Nouvelle-Orléans

Un jour au Jazz Fest de la Nouvelle-Orléans

02 May 2016 | PAR Delphine Habert

Le New Orleans Jazz and Heritage Festival, plus communément appelé Jazz Fest, accueille chaque année à la Nouvelle-Orléans des milliers de locaux et de touristes. L’événement s’étale sur deux semaines, du jeudi au dimanche, avec une programmation riche et diversifiée. On y entend du jazz évidemment, mais aussi de la country, du blues, de la musique gospel, de la musique traditionnelle cajun, du rock, de la musique pop ou encore du hip hop. Le festival accueille à la fois des artistes locaux comme des musiciens venant des quatre coins du monde pour jouer sur les douze scènes du festival. Cette année, un hommage tout particulier est rendu à l’un des pianistes phares de la ville décédé en novembre dernier, le pianiste Allen Toussaint.

Toutelaculture a testé une journée de ce festival mythique, celle du 24 avril. En ce dimanche, il y avait de grands noms (entre autres les Red Hot Chili Peppers, Herbie Hancock, Wayne Shorter ou encore J. Cole), de ces noms qui attirent les foules et qui poussent à se lancer pour tenter l’expérience. Finalement, ce ne seront pas forcément ceux qui retiendront notre attention. Herbie Hancock et Wayne Shorter, deux monuments du jazz, ne nous ont finalement pas fait saliver avec leur musique free épurée, trop intellectuelle et cérébrale. À la place, nous avons préféré le concert de la chanteuse violoniste percussionniste et joueuse de banjo Rhiannon Giddens, découverte plus tôt lors du concert  matinal de Leyla McCalla, une artiste elle aussi remarquable car très touchante, et qui fusionne chanson haïtienne, poésie et culture créole.

Leyla McCalla a invité Rhiannon Giddens à chanter avec elle sur deux morceaux, et a fait la promotion du concert de l’artiste qui avait lieu plus tard dans l’après midi. Rhiannon Giddens est une femme simple, pleine d’énergie, professionnelle, avec une présence scénique incroyable, ce fut une vraie révélation. L’artiste américaine originaire de Caroline du Nord a offert un spectacle détonant, avec un certain naturel, sans chichis, sans faux semblants. Elle sait en plus très bien s’accompagner, les sept musiciens présents sur scène étaient tous aussi bons les uns que les autres. L’artiste présentait son dernier album empreint de musique folk, celtique, country et blues. Le public était particulièrement réceptif et en réponse permanente avec sa musique. Cette femme d’une trentaine d’années incarne l’artiste complète et semble être respectée pour ce qu’elle donne musicalement et ce qu’elle est artistiquement.

The Herlin Riley Quintet est aussi une belle découverte, une formation jazz de musiciens talentueux, qui nous a fait danser sur Treme song, un morceau typique de la Nouvelle Orléans, et de Mardi Gras (une réelle institution là-bas). Pour les amateurs de séries, le morceau vous rappellera très probablement le générique de la série Treme. Le morceaux phares du Dixieland sont omniprésents. St James Infirmary, Mardi Gras in New Orleans, ou encore Hey Pocky Way sont régulièrement interprétés lors du festival, comme un cadeau pour remercier le public de sa présence et de son soutien.

Au delà des chansons traditionnelles, l’esprit de Mardi Gras est véhiculé par la présence de  second lines, ces fanfares menées par des Indians parés de costumes en plume fastes. Les instruments à vent donnent et tout le monde est libre de se fondre dans le groupe pour avancer au rythme puissant et entraînant de cette musique. Ces parades sont spécifiques au carnaval, les Indians passent une année complète à préparer leurs costumes, mais le Jazz Fest est une occasion de plus pour les ressortir et recréer ces concerts ambulants festifs et envoûtants.

Le festival garde une certaine authenticité par la présence de la culture louisianaise musicale  mais aussi via la gastronomie, de nombreux stands proposent des plats typiques de la cuisine cajun : jambalaya, gumbo, sandwiches po’boy et bien d’autres.

Malgré son gigantisme, le festival reste bon enfant, on sent que la ville vit autour de ce festival et que les louisianais sont heureux d’en parler. Les gens sont contents d’être ici et d’échanger, et même le ciel se pare de ses plus beaux smileys et messages d’amour pour l’occasion.

Ceux qui ont la chance d’être de la partie pour le deuxième week-end pourront entendre des artistes comme Lauryn Hill, Paul Simon, Snoop Dog, Stevie Wonder, Gregory Porter, Ellis Marsalis, ou encore Snarky Puppy. La liste est longue, ce qui permet à chaque festivalier d’aller chercher la pépite musicale qui le fera vibrer, pour qu’au final chacun y trouve son compte.

© Patrick Semansky – Tim Duffy – Michael Weintrob

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Delphine Habert

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