Jazz
On y était: le jazz envoûtant de Diamanda Galas

On y était: le jazz envoûtant de Diamanda Galas

15 March 2016 | PAR Araso

Hier soir, celle que l’on surnomme “La Diva des Dépossédés” pour son engagement politique autant que pour son impressionnante capacité vocale, organe militant dont elle use et abuse, a donné un concert unique à la Fondation Cartier dans le cadre des Soirées Nomades. Toute la Culture était de cet évènement confidentiel et complet. 

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Diamanda la bien nommée est comme un diamant noir, brut, que rien ni personne n’a jamais pu façonner, si ce n’est la souffrance du monde dont elle s’est fait la voix. Celle qui découvre la scène en 1979 à Avignon travaille successivement le sida, la question des génocides, le deuil, l’humiliation. “Death will come and have your eyes”, tel est le titre du spectacle, traduit littéralement par “La mort viendra et elle aura vos yeux“. Jusqu’ici, Diamanda la magnifique est à la hauteur de sa légende en camaïeux de noir.

Dans une ambiance de confessionnal, Diamanda Galas, 61 ans, fait son entrée vêtue de noir et parée de son impressionnante crinière de jais dont les extrémités sont teintes en rouge. Diva punk, seule au piano, elle chante et lit des textes en anglais, en français, en italien et en allemand. Sa première chanson parle de Paris, la première syllable est à couper le souffle. Cette femme a une aura incroyable. Chaque mesure est une arme qu’elle dégaine, chaque accord est une gifle plaquée sur le clavier de son Steinway. Debout face à son pupitre, elle scande ses textes à la façon d’un John Giorno version gothique. Les “r” roulés résonnent comme des crachats.

Malgré la dureté des mots “Loneliness has no cure but itself” (“La solitude n’a de remède qu’elle-même“) “You can dig my grave with a silver spade” (“Tu peux creuser ma tombe avec une pelle en argent“) Diamanda ne perd jamais son sens de l’humour “I have one last favour to ask of you: see that my grave is kept clean” (“J’ai une dernière faveur à te demander: assure-toi que ma tombe reste propre“) ni de l’espoir. Son chant qui prend des airs de messe noire invite à une prise de conscience tout autant qu’a un éveil, entre vanité et memento mori.

Il y a de multiples femmes dans Diamanda Galas, qui sont autant de musicalités, de langages, de sonorités. Et lorsqu’elle libère la crooneuse qui est en elle, qu’elle frappe son piano sur les touches, sur le bois, qu’elle passe des aigus aux graves et d’une voix caverneuse à une voix fluette, le monde entier est comme suspendu à ses lèvres. Diamanda la mystique, Diamanda l’ensorceleuse.

Visuel © Allan Amato

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