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Les 50 ans des demoiselles de Rochefort au Grand Rex

Les 50 ans des demoiselles de Rochefort au Grand Rex

03 October 2017 | PAR Delphine Habert

Le 1er octobre au Grand Rex, un spectacle exceptionnel était proposé aux amateurs des films de Jacques Demy et des inconditionnels de la musique de film de Michel Legrand : la présentation d’une suite orchestrale unique rassemblant les thèmes musicaux du film des Demoiselles de Rochefort, arrangée par Michel Legrand pour big band, suivie d’une projection en version restaurée du film.

La salle du Grand Rex se remplit petit à petit pour devenir presque comble aux alentours de 16h15. Quelques minutes plus tard, les musiciens entrent en scène et entonnent le début du thème des Demoiselles de Rochefort pour accueillir l’arrivée de Michel Legrand, sous des applaudissements tonitruants. Le compositeur émérite de 85 ans se poste à son piano. Le thème des Demoiselles, le plus connu du film sûrement, ouvrira et clôturera une suite arrangée pour big band et section rythmique par le compositeur. Les musiciens enchaînent ainsi les morceaux sans presqu’aucune pause, les différents thèmes musicaux du film sont encore davantage jazz qu’ils ne le sont dans la version du film. On notera le thème de “la chanson de Maxence” joué à la contrebasse, un beau moment musical intimiste, ou encore la chanson “Marins, amis, amants ou maris” au style cubain, avec un solo de batterie mémorable, accompagné de manière formidable par les musiciens du big band qui d’un coup ont troqué leurs instruments à vent pour des petites percussions. Le public est aux anges. Après la vague d’applaudissement, Michel Legrand invite Melody Gardot et Lambert Wilson à interpréter avec lui un dernier thème.

C’est le moment de l’entracte, où de nombreux goodies, produits pour l’occasion, sont proposés à la vente. De retour dans la salle, un journaliste invite sur scène Michel Legrand et le comédien Jacques Perrin (personnage de Maxence dans le film) à échanger quelques anecdotes et souvenirs sur le tournage du film. Jacques Perrin dit s’étonner encore d’avoir eu une proposition de Jacques Demy pour faire partie du film, le comédien ne sachant « ni chanter, ni danser ». Les deux interviewés s’entendent pour dire que le tournage était un moment de joie intense, unique, quelques mois de fête. Un tournage que les rochefortais ont eux aussi accueilli avec grand bonheur et auquel ils ont pris plaisir à participer, notamment lors du tournage des scènes de la kermesse.

Des extraits du tournage sont projetés, à savoir des images captées par Agnès Varda des acteurs, du réalisateur, de tous les techniciens ou encore de Michel Legrand, à l’œuvre dans la réalisation de cette fresque musicale. Des extraits audio de Michel Legrand s’essayant à trouver un thème à la chanson des Jumelles sont également diffusés.

S’en suit la projection du film en version restaurée. Il est très impressionnant de vivre une projection au cinéma d’un film que l’on a regardé mille fois sur un petit écran et apprécié au point de le connaître par cœur. L’expérience sur grand écran permet de visionner le film avec un regard neuf. Les couleurs vives imprègnent davantage l’esprit, les jeux des acteurs sont renforcés. Des moments, qui n’apparaissent pas forcément joviaux ou comiques, le sont soudainement, et de manière évidente. Les moments plus émouvants transpercent encore davantage l’écran. Un autre élément important dans cette expérience est le rôle du public. Il applaudit à la fin des scènes marquantes, rit lors de scènes improbables, finalement un peu absurdes ou simplement drôles, pousse des cris lorsque deux personnages se rencontrent. C’est une expérience vivante et en communion avec les autres spectateurs. Ce fut pour moi une nouvelle manière de voir le film, d’en découvrir encore davantage une certaine complexité, et de passer un moment d’intense bonheur.

Du haut de ses 50 ans, le film Les Demoiselles de Rochefort, réalisé par le grand Jacques Demy, est inévitablement un film à visionner, encore et encore, pour la beauté des images, le succès d’une histoire en superficie onirique et naïve, mais en profondeur décrivant la vraie vie qui passe, ses joies et ses déceptions. Une comédie musicale dont la musique sert le scénario autant que le scénario sert la musique. Une oeuvre complète en somme, et qui fait du bien.

© Production Ciné Tamaris

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