Musique
Jazz in Marciac : Days Seven & Eight

Jazz in Marciac : Days Seven & Eight

06 August 2011 | PAR Neil Saidi

Une première semaine riche en concerts de qualité qui vient de s’achever ici à Marciac, il devrait en être de même pour la semaine restante. Ahmad Jamal et Yussef Lateef, Tigran Hamasyan, Harold Lopez Nussa, Roy Hargrove et Riccardo Del Fra. Il nous reste de quoi faire.

Grosse ambiance jeudi soir sous le chapiteau pour cette soirée dédiée aux musiques latine et africaine avec le Spanish Harlem Orchestra en première partie suivi du groupe Afrocubism. Sur l’aile gauche du chapiteau un petit groupe de danseurs s’est formé pendant la première partie de soirée, un homme tout de blanc vêtu s’est improvisé leader, il lance un pas et tout le monde le suit, il faut dire qu’il a l’air de savoir ce qu’il fait. Le projet de se faire rencontrer musiciens africains et musiciens cubains ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 1966 le directeur du label World Circuit, Nick Gold, et le guitariste Ry Cooder envisageaient de réunir Cubains et Maliens sous le nom d’Afrocubism. Si la tentative avorta, donnant naissance, avec les seuls Cubains, au Buena Vista Social Club, elle a été reprise par la suite et l’année 2010 a vu la naissance, sous la même dénomination, de ce groupe. L’initiative en revient au chanteur et guitariste Eliades Ochoa, qui en est le leader, et également à Toumani Diabaté et Bassekou Kouyaté. Toumani Diabaté prendra la parole à de nombreuses reprises pendant la soirée, il nous rappelle la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent Cuba et le Mali, et la richesse culturelle dont ils font preuve. Il remercie plusieurs fois l’équipe du festival, les nombreux bénévoles qui participent de ce grand événement ainsi que le public. Balafon, kora, n’goni, trompettes, guitares, congas et maracas se mêlent pour nous faire découvrir les sonorités de l’Afrique de l’Ouest et de la caraïbe. A la fin du concert, le capitaine Eliades Ochoa nous invite pour un voyage sur la lune à bord d’Afrocubism Airlines, le public est debout sur les chaises, la moitié de la salle danse devant la scène. Une des plus grosses ambiances de la première semaine.

 

Vendredi soir le chapiteau accueillait le Thelonious Sphere Monk Junior Tentet. Batteur, compositeur, chef d’orchestre, chanteur, Thelonious Sphere Monk Junior a la lourde tâche d’assumer un héritage dur à porter. Il est en effet le fils de celui que beaucoup considèrent comme l’un des plus grands génies du jazz, pianiste et compositeur prolifique dont les œuvres ont fourni un nombre considérable de standards, j’ai nommé Thelonious Sphere Monk. Thelonious Monk Junior s’emploie depuis plusieurs décennies à faire vivre la musique de son père. A l’âge de 9 ans il se fait offrir une batterie par Max Roach (quand même), qui l’initiera à cet instrument, il accompagnera son père pendant les années 70, jusqu’à la retraite de ce dernier. Ce soir Thelonious Sphere Monk Junior a décidé d’inviter la charmante Nnenna Freelon, elle chantera trois morceaux avec les musiciens. Le premier, une ballade, « Ruby My Dear ». La version la plus fameuse de cette ballade reste celle de Monk et Coltrane, enregistrée pendant une période où Coltrane s’était fait renvoyer du quintet de Miles à cause de son addiction à la drogue. Monk et Coltrane enregistrèrent même un disque ensemble à la suite d’une série de concerts, sur ce dernier on retrouve uniquement des compositions de Monk, « Trinkle Tinkle », « Off Minor », « Epistrophy », « Nutty » et « Functional ». Coltrane dira à propos de sa collaboration avec Monk : « Jouer avec Monk, ça vous donne la sensation de tomber dans une cage d’ascenseur », et Miles Davis dira « Il fallait vraiment être Coltrane pour jouer avec Monk – tout cet espace, ces trucs disloqués qu’il jouait…». Nnenna Freelon nous a ensuite montré son talent de scateuse sur le morceau « In Walked Bud », pour finir avec le célèbrissime « Round Midnight ». Le tentet a joué exclusivement des compositions de Monk, qui sont pour la majorité d’entre elles devenues des standards, « Monk’s Dream », « Epistrophy », « Bye Ya », « Four in One », « Blue Monk », et « Little Rootie Tootie », morceau composé par Monk pour son fils qui nous fait l’honneur de la jouer pour nous. Thelonious Junior est très ému par le fait que la musique de son père soit devenue si appréciée. « I wish you could hear us right now daddy », ce sont les mots qu’il a prononcés en levant la tête vers le ciel lors de l’une de ses interventions. Parmi les moments forts de la soirée, on retiendra l’échange endiablé entre les deux sax ténors sur « Four in One », la magnifique version de « Round Midnight » chantée par Nnenna Freelon ou encore les solos de Tuba d’Howard Johnson.

 

 

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