Musique
[Interview] « La Plage Glazart : un lieu sexy et défricheur de talents »

[Interview] « La Plage Glazart : un lieu sexy et défricheur de talents »

18 June 2014 | PAR Bastien Stisi

Pour la 5e année consécutive, le Glazart accueille durant tout l’été LaPlage, et une programmation musicale toujours nichée entre artistes confirmés et pépites émergentes. Une terrasse couverte pour les jours de pluie, une programmation plus électro qu’à l’accoutumée, une alternative bienheureuse au Paris Plage des Quais de Seine…Matthieu Meyer, son programmateur, nous parle des évolutions et des ambitions de cette édition 2014 de LaPlage, qui débute dès demain du côté de la Porte de la Villette…

LaPlageÀ l’heure de cette 5e édition de LaPlage Glazart, est-il possible de comparer cette édition 2014 avec celle de 2009, qui marquait l’ouverture du projet ?

Matthieu Meyer : Plus ou moins. En fait le lieu, « physiquement » parlant, est dans un processus d’évolution continue. Il change, s’améliore, se transforme au fil des années mais en restant dans la continuité de ce qu’il était à sa naissance en 2009.

Par contre côté programmation, il y a eu une vraie rupture en 2011, lorsque l’équipe de programmation a changé en même temps que notre proposition. A partir de là, on a commencé à proposer des concerts en entrée gratuite, avec un mélange d’artistes confirmés et d’autres plus découvertes. Finalement on parvient à attirer beaucoup plus de monde et on joue mieux notre rôle de défricheurs et de médiateurs en profitant de l’attrait d’un lieu sexy pour faire découvrir des artistes qu’on aime beaucoup à un public large et diversifié.

Quelles nouveautés par rapport à l’édition précédente ?

M. M. : Cette année on sera ouverts 7 jours sur 7 ! Avec des propositions et des formats différents selon le jour de la semaine. Il y a aussi l’aménagement d’une terrasse couverte pour trouver un coin d’ombre où se mettre à l’abri en cas d’éventuelle averse.

Mais les principales nouveautés sont dans la programmation : certains groupes n’existaient même pas encore il y a un an, comme les Inigo Montoya, qui sont pourtant déjà très bons sur scène et dont on est tombés amoureux très vite ! Et puis il y a quelques autres nouveautés mais on vous garde la surprise, sinon c’est pas drôle !

LaPlage Glazart, c’est une alternative proposée à ceux qui ne pourraient un seul instant envisager de se caler dans les environs de Paris Plage ?

M. M. : On n’est pas un centre de loisirs et on n’est pas là pour divertir les familles en mal de bords de mer. On reste avant tout un lieu de culture et de spectacle. Alors bien sûr on sera contents que les gens fassent des châteaux de sable ou viennent se relaxer sur un transat un mojito à la main, mais notre but premier c’est de faire découvrir des artistes, des labels, des œuvres qu’on a envie de mettre en avant. Si ça se fait dans une joyeuse ambiance, pieds nus dans le sable, alors tant mieux !

Entre indie rock vénère (VENERA), électro pop légère (The Pirouettes), hip hop intelligible (Deen Durbigo), techno obsessionnelle (Lazare Hoche), dubstep pionnier (Kode9), electronica étoilée (Island Kizhi)…la programmation est encore une fois très éclectique, mais tout de même marquée par une grande importance accordée aux musiques électroniques…

M. M. : Oui c’est vrai que cette année la prog a une couleur un poil plus électro. J’imagine que c’est un genre de concours de circonstances. J’écoute un peu plus de musiques électroniques ces temps-ci, j’y trouve une plus grande créativité sans doute qui m’attire pas mal en ce moment. Mais ça vient aussi des artistes qui sont en tournée et que les tourneurs me proposent. Et ça vient forcément rencontrer d’autres contraintes, comme le son, la technique par exemple qui ne nous permettent pas de tout programmer.

Après on a quand même une grosse partie de la prog tournée vers des groupes plutôt pop-rock, indie, folk, etc avec Blouse, Jeffrey Lewis, Protomartyr, Blank Realm, Coming Soon et j’en passe.

Cette programmation diffère de celle, infiniment pointue et nichée, proposée au cours de l’année par le Glazart…

M. M. : C’est vrai, même si je trouve que la programmation de LaPlage n’est pas non plus franchement grand public. Glazart s’est identifiée comme une salle qui s’intéresse à toutes les formes d’art plutôt underground, souvent un peu extrêmes et par conséquent peu représentées. C’est un peu un « rôle » qu’on s’est donnés, ou un but, pas évident à tenir parce que forcément on attire pas les regards des grands médias et d’un public très large, donc on fait tout avec nos petites mains et notre volonté, sans fonctionner par subventions ou par financeurs privés, en restant complètement indépendants.

Avec LaPlage, c’est différent, le lieu est bien plus sexy et il y a beaucoup moins de concurrence l’été, donc il est plus facile d’attirer du monde. Et si la programmation est différente, c’est principalement à cause de contraintes techniques liées au fait d’être en plein air. Mais quand on programme une soirée Mutant Area avec Kaumwald et Orphan Swords ou une soirée du label In Paradisum, c’est un vrai pari et on va justement profiter de la notoriété de LaPlage pour faire découvrir des artistes techno indus et expérimentaux à un public très varié et non spécialiste. On arrive de plus en plus à faire le lien.

À ce propos, quel nom êtes-vous particulièrement fiers d’avoir attiré cette année ?

M. M. : Ah. Question difficile et vrai piège ! J’ai généralement du mal à être satisfait de ma prog de manière générale, mais c’est parce que je ne suis jamais content ! Par contre il n’y a pas un seul artiste que je ne suis pas ravi de compter parmi nous cet été. Mais si je devais choisir un événement qui me rend particulièrement fier et surtout qui m’excite énormément, c’est la soirée du label In Paradisum en septembre prochain.

D’abord c’est un label et des gens que je respecte énormément et que j’apprécie pour leur vision et parce que j’ai aimé chacun des artistes qu’ils ont sortis. Ensuite parce que la prog est géniale, ce sont des artistes que j’ai très envie de voir sur scène. Et enfin parce que c’est un gros pari que de programmer une soirée musicalement aussi radicale sur un lieu comme LaPlage, mais je suis certain que ça va marcher !

Alors que certaines rumeurs circulent sur le déplacement géographique du Glazart dans les mois à venir, cette 5e édition de La Plage est-elle destinée à être la dernière ?

M. M. : On va un peu rassurer tout le monde, s’il a été question d’un déménagement en 2015, la donne a changé depuis et finalement on peut déjà vous dire qu’on sera encore là l’été prochain ! Mais la question reste d’actualité puisque notre bail se termine bientôt et que le plan d’aménagement du quartier ne prévoit pas d’inclure Glazart dans les années à venir. Donc nous sommes déjà activement en recherche d’un nouveau lieu, mais on vous en dira plus en temps voulu !

La programmation complète de LaPlage est à retrouver sur le site officiel du Glazart.

Visuel : (c) affiche de LaPlage Glazart 2014

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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