Musique
[Interview] Hervé Leteneur nous parle du Festival Crossroads, découvreur de talents musicaux européens

[Interview] Hervé Leteneur nous parle du Festival Crossroads, découvreur de talents musicaux européens

04 July 2017 | PAR La Rédaction

Dans les Hauts de France, à Roubaix, le Crossroads Festival se dédie à mettre sur le devant de la scène de nouveaux talents. Du 14 au 17 septembre, forums de musiques actuelles, conférences, ateliers, showcases et foodtrucks réunissent les professionnels et le grand public à la découverte de talents européens à la Condition Publique. A quelques jours de la conférence de presse qui présente ce festival unique en son genre en France, l’organisateur de l’événement,  Hervé Leteneur  de la Brigade d’Intervention Culturelle nous présente  la programmation de Crossroads. 

Y-a-t-il beaucoup de festivals dédiés uniquement à la découvertes de talents en France? bourges ou les les chantiers des francos?
Il existe en effet un certain nombre de festivals de découverte de par le monde (Le Reeperbahn à Hambourg, Great Escape à Brighton, M pour Montréal, SXSW à Austin, Eurosonic à Groningen..) En France, on peut citer le MaMA (Paris), Europa Vox à Clermont-Ferrand et dans une certaine mesure, les Trans Musicales de Rennes qui affichent plus de 30 années d’existence au compteur. Le genre s’est développé de manière exponentielle lors de la dernière décennie car il correspond à un besoin, celui de créer des passerelles entre la création locale, régionale ou nationale et le réseau professionnel national et international,le tout, dans le but de favoriser et d’accompagner l’émergence artistique en trouvant des partenaires ou tout simplement des dates.

Qui sont les professionnels qui viennent assister aux showcases de Crossroads?
La plupart du temps il s’agit de réseaux de diffusion (salles de concert, festivals, associations programmant des concerts.) Mais aussi des tourneurs qui cherchent à étoffer leur roster, leur catalogue, avec des nouveautés prometteuses. Dans une moindre mesure, les labels ou les éditeurs, sans oublier les médias, qu’ils soient issus de la presse, la radio ou le web et qui sont des éléments moteurs dans le développement d’un projet. L’année dernière lors de l’édition test de Crossroads, un groupe des Hauts-de-France comme Be4t Slicers a su convaincre sur scène, la jeune agence belge de booking Art-i qui les a pris sous son aile pour son développement Outre-Quiévrain. C’est le but principal du festival, mettre ce beau monde en relation.

Comment sélectionnez-vous les talents que vous mettez en avant? Combien y-en-aura-t-il cette année?
Nous préférons nous concentrer sur la mise en réseau et confions la programmation à un corpus de professionnels régionaux établi selon la règle suivante : un tiers de programmateurs issus des smacs et autres, un tiers de développeurs d’artistes et un dernier tiers venant de l’édition ou du disque. Une centaine d’artistes de préférence accompagnés ou proposés par les réseaux sont ainsi triés sur le volet en fonction de leurs qualités artistiques, de leur actualité et de leur envie de professionnalisation. Il va sans dire que les groupes dit « amateurs » ne sont pas retenus dans la sélection initiale. Cette année nous aurons un peu plus de trente projets qui joueront lors des quatre jours que durera le festival.

La création de la région est mise à l’honneur, quels sont les réseaux locaux qui permettent sa promotion?
Avec la fusion des régions Nord-Pas de Calais et Picardie et l’arrivée aux manettes du Conseil Régional d’une nouvelle majorité, la volonté affichée par l’exécutif dans le domaine culturel comportait deux maîtres-mots qui allaient dans le sens de ce projet que nous portions depuis plusieurs années : Rayonnement international et accompagnement artistique. Le projet d’un festival de show cases semblait tout naturellement correspondre à cette ambition. L’alignement des planètes était complété par une série de discussions qui s’étaient opérées pendant deux ans au sein de toute la filière des musiques actuelles régionales en vue de la fusion administrative et politique (CROMA – Collectif de Réflexion Ouvert des Musiques Actuelles) lequel préconisait un événement-vitrine permettant de mettre en valeur et en réseau global, la création artistique régionale. Le RAOUL et le Patch qui sont historiquement les deux réseaux de musiques actuelles du Nord-Pas de Calais en passe de fusionner ont également participé à l’élaboration du festival en prenant en charge l’organisation de la partie « conférences » et rencontres professionnelles, le tout sous l’égide du Pôle des musiques actuelles de Nantes qui avait initié en 2015, une première rencontre nationale des développeurs d’artistes.

Quelle est l’influence des lieux du Festival comme la Condition publique et la cave aux poètes sur la programmation?
La Ville de Roubaix a été la première à manifester son intérêt pour un tel événement. La Condition Publique avec l’arrivée de son nouveau directeur, Jean-Christophe Levassor, s’est également fortement impliquée dans la mise en oeuvre de ce projet. Ce lieu avait été très actif à l’époque de Lille Capitale Culturelle en 2004 et de son premier directeur, Manu Barron, mais il sommeillait depuis quelques années. La magie s’est encore une fois révélée avec la coïncidence des envies communes de faire bouger les choses et de bousculer les lignes établies. Il est indéniable également que la beauté et la fonctionnalité du lieu de par ses nombreuses modalités et espaces atypiques ont joué dans le choix d’établir sur place le QG du festival. La Cave aux Poètes quant à elle, est un partenaire depuis plusieurs années, notamment avec le dispositif d’accompagnement PAM ! (Pépinière des artistes de la Métropole Européenne de Lille)

Pourquoi et comment Crossroads s’insère-t-il dans le temps des “Journées du Patrimoine”?
Il s’agit de pouvoir mélanger les professionnels, les musiciens, les fans de musique se déplaçant pour le festival et la programmation mais aussi le tout venant intéressé à la base par l’architecture et les bâtiments historiques de la ville. Le mélange des publics va permettre d’avoir une diversité intéressante et peut être toucher des personnes qui ne seraient pas forcément sensibles à la musique de prime abord, et vice versa !

Présentant également des artistes belges et luxembourgeois, Crossroads est-il aussi un carrefour européen de la création?
C’est le but en effet. Nous sommes partenaires avec le bureau export du Luxembourg (Music LX) depuis plusieurs années et nous mettons en commun ressources et réseaux en organisant des show cases aux Bars en Trans à Rennes ou au Great Escape à Brighton. Le travail avec les Wallons et les Flamands s’est également imposé car la circulation des artistes entre les différents territoires ne va pas naturellement de soi. Nous souhaitons décloisonner les réseaux de diffusion et permettre une meilleure fluidité. Nous participons régulièrement en tant que jury ou public à des tremplins belges au Botanique comme Propulse ou les Nuits Belges, et souhaitions faire partager la richesse de la création aux programmateurs de l’euro région. L’objectif à 5 ans, est d’ouvrir le festival à d’autres pays comme ceux de la zone hanséatique, l’Est de l’Europe, et à d’autre régions françaises. Cette année nous aurons la visite du bureau export Catalan et les organisateurs du festival canadien de Granby pour une éventuelle future collaboration. L’ambition est de devenir un des grands festivals européens de show case et de nouer des partenariats internationaux en favorisant ainsi la circulation de nos artistes et des artistes soutenus par nos partenaires sur de vastes territoires.

La soirée d’ouverture est gratuite, quels sont les autres manières pour ouvrir le festival au public ?
Par la pratique de prix abordables. Le prix d’entrée pour une soirée de concerts comportant 11 groupes est de 8 € en tarif plein et de 5 € à prix réduit pour les étudiants, les chômeurs et bénéficiaires du RSA. Ce qui représente une somme oscillant entre 0,70 et 0,45 centimes d’euro par groupe. Notre objectif n’est pas la rentabilité immédiate mais mettre à la portée de tous et dans les meilleures conditions, l’accès à la culture et permettre à la fan base des artistes programmés de venir soutenir leur idoles locales et découvrir les autres groupes émergents sans se ruiner. A terme, nous désirons multiplier les lieux de concerts en proposant des esthétiques musicales par espace. Nous imaginons déjà et par la suite, de manière plus systématique, de proposer à des entreprises privées de financer le festival sur le mode mécénat ou en partenariat afin de faire baisser le taux de subventions publiques pour continuer à garantir un faible coût du droit d’entrée et établir une mixité des sources de financement.

Pour les prochaines éditions, quelle est l’ambition de Crossroads?
Figurer parmi les rendez-vous incontournables des festivals de la rentrée, et créer un outil efficient pour la création artistiques en établissant des passerelles avec les festivals mondiaux de même ampleur. Le but étant d’être un élément accélérateur pour la carrière des artistes et de montrer une image réelle de notre dynamisme. Nous sommes une région étudiante et jeune, et même si nous n’avons pas un front de mer bordé de piers (frontons) comme à Brighton, montrer que le territoire et sa vitalité sont à leurs manière, solaires et rayonnants et finalement attrayants.

visuels: affiche officielle et photos de la condition publique

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