Musique
[Interview] « Au Pitchfork Music Festival, nos têtes d’affiche sont adressées à une niche »

[Interview] « Au Pitchfork Music Festival, nos têtes d’affiche sont adressées à une niche »

26 October 2014 | PAR Bastien Stisi

À l’image du magazine étasunien auquel il doit son existence, le Pitchfork Musical Festival (30 octobre – 1er novembre) propose cette année encore une programmation à l’éclectisme raffiné, divaguant entre rock des cavernes (Ought), électro des étoiles (Son Lux), R&B du dressing (How To Dress Well), funk des lianes (Jungle), et des têtes d’affiche qui n’en sont que pour les jeunes gens les plus pointilleux de la capitale (Belle & Sebastian, James Blake, Mogwai, Caribou, Jamie XX…) Julien Catala, directeur de l’agence de production musicale et de tournée Super ! et responsable de la programmation du festival avec ses équivalents de Pitchfork US, revient avec nous sur les enjeux et les perspectives de cette édition 2015 :

De l’intérieur, quelle différence peut-on voir entre cette édition 2014 et la première édition du Pitchfork Musical Festival de 2011 ?

Julien Catala : Ça a énormément évolué. Déjà, lors de la première édition, le festival était simplement étalé sur deux jours, et comprenait une seule scène. Depuis deux ans, le Pitchfork Music Festival s’étale sur trois jours, et deux scènes sont proposées au public. Artistiquement, par contre, la ligne artistique est la même : lorsque l’on me demande quelles sont les têtes d’affiche de Pitchfork, j’ai tendance à répondre que l’on n’en a pas. Certains considéreront peut-être que Mogwai, Caribou, Belle & Sebastian ou Four Tet en sont, mais ce sont quand même des artistes adressés à une niche…On n’est pas dans du Portishead qui peuvent amener à eux seuls 6 000 personnes à Rock en Seine ! Je crois plutôt que c’est l’accumulation de groupes excitants qui ramènent les gens vers le Pitchfork. Cette année, rien qu’en chiffres, on attend 25 000 personnes…

Pourquoi avoir choisi d’implanter le festival dans la Grande Halle de La Villette ? D’un point de musique actuelle, c’est un lieu que l’on associe désormais quasiment exclusivement au Pitchfork…

J. C. : Lorsque l’on a cherché un lieu pour accueillir le festival, on cherchait un endroit à l’intérieur de Paris, suffisamment accessible pour que les gens, et notamment les touristes, puissent trouver facilement. On voulait également un lieu avec une architecture marquée « parisienne », un peu élégante. La jauge était également parfaite, et on est aujourd’hui très contents de notre choix !

On passe au Pitchfork du punk (Perfect Pussy) au post-dubstep (James Blake), et du post-rock (Mogwai) à l’électro tribale (Caribou). La mixité musicale est-elle désormais obligatoire lorsque l’on envisage un festival à grande échelle ?

J. C. : Je ne sais pas si elle est obligatoire, dans la mesure où il demeure quelques festivals entièrement rock ou entièrement électro qui fonctionnent très bien, mais ce qui est certain c’est qu’au Pitchfork, on aime aussi bien des choses très folk que très électro, et la programmation s’en ressent. Un festival qui nous ressemble avec des artistes qu’on aime. Ça nous plaît de passer de Belle & Sebastian à Four Tet ! Au niveau de la gestion des horaires de passage des artistes, par contre, il faut bien avouer que c’est plus compliqué et qu’il faut être suffisamment malin pour tout enchaîner avec le maximum de pertinence ! Il n’y a d’ailleurs pas de journées « à thèmes », tous les styles sont confondus, si l’on excepte le samedi où l’on est toute la nuit à la Grande Halle et où ce sera forcément plus électronique. Le jeudi et le vendredi, les after party se font au Trabendo, à partir d’1 heure du matin.

Dans quelle mesure le Pitchfork festival a t-il lieu au magazine du même nom ?

J. C. : On essaye au maximum de représenter la ligne artistique du Pitchfork Magazine. Après, le webzine est mondial mais est quand même basé aux États-Unis, ce qui implique forcément une sélection d’artistes à majorité américaine. Notre programmation à nous est plus Européenne. Il y a plus d’artistes européens dans le festival qu’au sein du magazine.

Est-ce qu’il faudra noter les performances des concerts, comme dans Pitchfork ?

J. C. : Ça serait intéressant ça ! Mais ça serait un peu dur pour les artistes : suffit qu’ils tombent sur un mauvais soir, et leur réputation est salie !

Quels noms faudra–t-il particulièrement suivre cette année ?

J. C. : Il faudra évidemment suivre Caribou, dont le dernier album est vraiment excellent. Tobias Jesso Jr., un Canadien. CVRCHES, de l’électro pop de Glasgow. Kaytranada aussi. Future Island, du Joe Cocker en plus moderne. Ce sont mes coups de cœur perso.

Automne 2015, Grande Halle de La Villette : rendez-vous est pris ?

J. C. : A priori oui ! On se demande simplement si le lieu n’est pas un peu petit par rapport à nos ambitions et au succès grandissant du festival, et si on ne va pas devoir envisager autre chose pour l’année prochaine. On réfléchit aussi à installer une autre scène en face, dans la prairie de La Villette. On verra ça !

Jeudi 30 octobre

MOGWAI – JAMES BLAKE – JON HOPKINS – THE WAR ON DRUGS – THE NOTWIST – HOW TO DRESS WELL – OUGHT + After Party au Trabendo avec JOY ORBISON – MARTYN – RYAN ELLIOTT – FELIX

Vendredi 31 octobre

BELLE & SEBASTIAN – ST. VINCENT – CHVRCHES – MØ – FUTURE ISLANDS – SON LUX – PERFECT PUSSY – D.D DUMBO + After Party au Trabendo avec LUNICE – FATIMA AL QADIRI – SOPHIE – TOURIST – DOUCHKA

Samedi 1er novembre

CARIBOU – JAMIE XX – FOUR TET (live) – KAYTRANADA – JOSÉ GONZÁLEZ – TUNE-YARDS – JUNGLE – FOXYGEN – MOVEMENT – KWAMIE LIV – JESSY LANZA – CHARLOTTE OC

Visuel : © affiche du Pitchfork 2014

Infos pratiques

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Alexander Mora-Mir

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