Electro
L’interview stroboscopique : Para One

L’interview stroboscopique : Para One

15 June 2014 | PAR Bastien Stisi

Crépitements lumineux, rugissements scintillants, et coup de strobo sur Club, le nouvel album de Para One sorti aujourd’hui, venu revisiter avec une tonalité nettement plus endiablée les compositions de son précédent album Passion :

Club a donc été initialement constitué afin de propulser sur les dancefloors les morceaux de ton précédent album Passion. Il nous faut donc écouter Passion dans un boudoir et Club sur une piste de danse ?

Para One : C’est exactement ça, bravo ! Les deux disques sont les deux faces d’une même idée, ils sont cohérents sur le plan esthétique mais avec deux énergies très différentes. Sur Club j’ai repensé les structures et conçu un son très différent, adapté à une autre écoute.

L’artwork de Club est empli d’une connotation surréaliste affirmée. Faut-il y voir un clin d’œil à l’album de TTC Ceci n’est pas un album auquel tu as participé il y a douze ans, ou bien une référence aux multiples collages sonores effectués sur le Club qui sort aujourd’hui ?

P. O. : Il fait surtout référence à la pochette de Passion, qui était déjà une peinture surréaliste. J’ai trouvé cette photo pour Club et j’ai trouvé que ça collait parfaitement. La colonne antique est un élément du décor de Passion dans un contexte plus urbain, comme une hallucination en sortant d’un club. C’est vrai que j’ai conservé de l’époque TTC ce penchant pour le surréalisme, dans le sens où j’aime assembler des éléments a priori étrangers.

Construire un album avec les effluves de son propre passé. On croirait presque assister à une démarche de psychanalyse musicale…

P. O. : C’est pour ça qu’un des morceaux s’appelle « Sigmund », d’ailleurs… La musique est une introspection et on ne peut pas nier la part thérapeutique dans la démarche de composition. Je me souviens d’une interview de Fellini qui disait « si un jour je suis à court de sujets, je referai tous mes films ». J’ai trouvé l’idée brillante. C’est passionnant de repasser sur une idée.

Tu parles de ton album comme d’un « jeu de piste ». Que faut-il exactement chercher dans Club ?

P. O. : Je n’aime pas l’idée de référence, parce qu’elle implique que l’auditeur devrait être suffisamment cultivé pour comprendre, or la musique devrait fonctionner par elle-même. Mais il y a des emprunts, des citations à toute la musique club que j’ai aimée et jouée dans mes sets au fil des années. C’est comme ça que fonctionne la musique électronique, il y a une part de recyclage. Le classique devient moderne et inversement.

Après de multiples collaborations sur des projets annexes (production de l’album de Micky Green avec Tahiti Boy, composition de la bande-son de Naissance des Pieuvres, conduite omnipotente de ton label Marble…), y avait-il une volonté avec cet album de te recentrer sur des productions plus personnelles ?

P. O. : Chaque album solo est comme un rendez-vous que je me donne, pour pouvoir en dire plus et m’accorder une vraie liberté que je n’ai pas toujours ailleurs. J’aime aussi les contraintes, et surtout la collaboration. Mais il arrive toujours un moment où j’ai envie de dire quelque chose tout seul.

Je cherche des sons pour remplir mon iPod…quelque chose à me conseiller ?

P. O. : Seven Davis Jr.

Para One, Club, 2014, Because Music, 61 min.

Visuel : (c) pochette de Club de Para One

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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