Electro
Deux jours de musique électronique en altitude au Caprices Festival [Live-Report]

Deux jours de musique électronique en altitude au Caprices Festival [Live-Report]

15 April 2018 | PAR Yaël Hirsch

Les 13 et 14 avril, Toute La Culture était à Crans-Montana. La station valaisanne termine pour la 15e édition son dernier week-end de la saison “haute” d’hiver par un grand festival où la musique fait communion : Caprices. Sans nous aventurer jusqu’aux petites heures du matin (jusqu’à six heures quand même dans la nuit du samedi au dimanche), nous avons pu entendre du bon son en altitude aux deux extrémités des œufs du Cry d’Er.
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Nous voici de retour donc, à ce Festival où l’on avait déjà découvert le principe de “Modernity” avec émerveillement, mais qu’on avait laissé à moitié pop rock, pouvant y interviewer The Do ou voir sur scène Thiefaine. Depuis 2015, c’est l’électro qui règne en maîtresse sur le Valais en avril et les clubbeurs viennent du monde entier. Caprices commence généralement vers midi, les platines se mettent à vibrer et rien ne peut les arrêter, que ce soit dans les hauteurs de Modernity, tente perchée à 2200 mètres avec une vue à 360° où une grande tente accueille les plus grands talents du monde aux platines, ou au Moon, grande tente de concert juchée au bas des remontées mécaniques, à 5 minutes du centre-ville de Crans. La haute altitude s’arrête vers 20/21h et le Moon prend le relais.

En deux jours, nous avons pu découvrir des ambiances et des sets très différents et souvent suffisamment longs (2 à 3 heures) pour vraiment mieux connaître l’art d’un maître ou d’une maîtresse de l’electronica. Alors que nous avons raté Paul Kalkbrenner qui mixait lors de l’ouverture de jeudi, vendredi c’est un autre grand nom et un habitué de Caprices qui s’emparait des platines. On avait beau être entourés de neige et de montagne, il y avait quelque chose de Ibiza ou de la Californie au set de Ricardo Villalobos, sourire immense, énergie folle, T-shirt bleu turquoise et souvent tourné vers l’espace VIP derrière lui pour embrasser un collègue ou un ami. Massée et sage la foule très lookée (robes décolletés, grunge, lunettes de soleil pour tous sous la tente, paillettes aux tempes et tatoos “M” de Modernity) dodelinait en sirotant des boissons plus qu’elle ne dansait en une fin d’après-midi ensoleillée. Les fans d’électro ont apprécié le set tardif de Ame DJ en bouquet final, tandis que nous avons fait un tour au centre-ville où un sympathique off entre la raclette et la petite arvine nous a permis de découvrir le rock futé de la brune Phanee de Pool. Amis de la chansons, une voix originale à découvrir.

Une foule qui demande à danser comme une seule âme

Alors que le Londonien Archie Hamilton a su “tabasser” (parler local et contemporain pour dire “casser la baraque”) et a emporté l’avis du public, celui que toutes et tous attendaient à 2200 m était le DJ Résident du Berghain, Ben Klock. Concret, puissant, le DJ berlinois n’a pas déçu une foule très compressée et ne demandant qu’à danser comme une seule âme. Quand le Moon a pris le relais, nous avons dégringolé de la montagne dans les jolis œufs bleus pris d’assauts de festivaliers heureux et affamés, qui n’hésitaient pas à fumer devant le beau panorama qu’on pouvait encore deviner. Dans l’espace bien aménagé sous une tente avec une scène assez protégée, c’est la productrice et Dj munichoise Monika Kruse que le public de Caprices est venu acclamer. Il faut dire qu’à 46 ans et bon nombre d’albums à son actif, la jolie blonde sait hypnotiser avec d’infimes variations et une musique minimale puissante. Un peu plus tard dans la même salle, Matador performait son électro en live. C’est la deep electro du DJ russe André Pushkarev qui a terminé la nuit, alors même que l’artiste avait commencé à mixer à midi, dans les hauteurs de Modernity.

Nous repartons avant la fin de cette 15e édition de Caprices bien triste de ne pas pouvoir assister au set de Sven Väth dimanche 15 avril. Cela se passe à modernité, c’est à 17h et c’est une légende allemande qui est attendue. Un DJ en action depuis 1981 et qui sait mettre jusqu’à 80 000 personnes à genoux… Les yeux pleins de la lumière des montagnes et les oreilles pleines de nouveaux rythmes, nous quittons Crans-Montana assez émerveillés et impatients de revenir y écouter d’autres légendes de l’électro dans ce cadre absolument incroyable.

Note de bas de page : en plus les clubbers, valaisans ou fans d’electro, sont absolument adorables, tout le mode se scrute, look oblige, mais avec bienveillance et tout le monde est là pour faire la fête. Quelques grammes de techno pour un monde de partage ?

visuels : Yaël Hirsch

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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