Musique
Debussy, la musique et les arts

Debussy, la musique et les arts

01 March 2012 | PAR Christophe Candoni

Debussy à l’honneur au Musée de l’Orangerie, le temple impressionniste du jardin des tuileries, c’est à se méprendre. Mais l’exposition qui lui est consacrée tend justement à mettre l’accent sur la multiplicité des sources d’inspirations et la diversité des affinités artistiques du compositeur pour rendre compte d’un univers qu’il est fallacieux ou du moins réducteur de qualifier d’impressionniste, et qui se révèle extrêmement ouvert, aussi riche que singulier.

A travers les œuvres regroupées pour l’occasion, on saisit immédiatement la curiosité intellectuelle et sensible de Debussy, son intérêt pour les arts visuels (il « aime les images presqu’autant que la musique » écrit-il) et la littérature. On découvre sa passion aussi bien pour la Grèce antique que pour l’art nouveau, son admiration pour les arts chinois et japonais, sa sensibilité orientaliste, et le penchant qu’il a pour le mouvement symboliste. Debussy découvre et intègre à Paris dans les années 1890 ce milieu en pleine expansion, créatif et bouillonnant, fréquente de nombreux artistes adeptes de la modernité et bénéficie du soutien du peintre Lerolle (on voit sa fille Yvonne, l’inspiratrice de Mélisande, au côté de sa sœur Christine peinte au piano par Renoir ou photographiée par Degas), du compositeur Chausson, et du politique Fontaine, au même titre qu’un autre jeune artiste, Maurice Denis, dont plusieurs tableaux sont donnés à voir.

L’air du soir, tableau réalisé par le pointilliste Cross s’offre au public pour inaugurer le parcours de la visite : des tonalités chaudes, solaires, une nature jaune orangée que l’on retrouve dans les projets de décors de Léon Bakst pour le Prélude à l’après-midi d’un faune, une certaine sensualité se dégage des femmes qui se prélassent et font écho aux figures féminines de Marcel Baschet vues dans une salle plus loin, même environnement naturel où les mousselines de tissus clairs volent dans l’air, une voile de bateau se dégage en arrière-plan de la toile, à l’horizon, et semble annoncer les paysages maritimes qui sont exposés par la suite. Le motif a tant nourri l’imagination du compositeur de même que celui de la nuit qui lui est souvent associé. En traversant l’exposition, on s’arrête un instant devant Les Iles d’or de Cross, l’estampe Sous la grande vague à Kanagawa. La blancheur de l’écume, la tempête et la brume sont omniprésentes et rendent le paysage presque’imperceptible sous les pinceaux de Turner, Homer, Lacoste, Carrière…

Beaucoup de peintures sont réunies mais également des objets d’art, des sculptures de Camille Claudel dont fait partie La Valse, des partitions annotées, des manuscrits, des photographies, des dessins, des documents de travail, des portraits du compositeur lui-même dont le très connu de Marcel Baschet.

Grand lecteur de poésie, Debussy met en musique Verlaine et Baudelaire, s’inspire de L’Après-midi d’un faune de Mallarmé pour une de ses plus célèbres œuvres qui donnera lieu au célèbre et scandaleux ballet de Nijinski, et prend pour livret de son unique opéra Pelléas et Mélisande, la pièce de théâtre éponyme du dramaturge Maeterlinck.

Cette œuvre unique dans l’histoire de l’opéra est reprise à l’Opéra Bastille dans la mise en scène de Bob Wilson et avec un plateau de premier plan (Stéphane Degout et Elena Tsallagova dans les rôles-titre) sous la direction de Philippe Jordan. L’esthétique dépouillée et les lumières hypnotiques de l’artiste américain envoûtent et s’accordent tout à fait avec l’atmosphère mystérieuse et éthérée de l’ouvrage.

 

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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