Musique
[Festival Île-de-France] L’Ultra Bal aux Lilas, tout en couleurs

[Festival Île-de-France] L’Ultra Bal aux Lilas, tout en couleurs

05 October 2016 | PAR Fiona Dubois

Dans le cadre du Festival Île-de-France, L’Ultra Bal a organisé un grand bal ce samedi 1er octobre dans le 93, avec à ses côtés Zaza Fournier, Alexandra Gatica et Karimouche ainsi que Carmen Maria Vega en guest stars. Au théâtre du Garde-Chasse des Lilas, une tradition a été revisitée et remise au goût du jour avec talent : le bal. Du swing des années 30 à la chanson contemporaine, de la langue française à l’espagnol et au yorouba, l’Ultra Bal était éclectique, ouvert à toutes les nuances et à tous les pas de danse.

L’ambiance est tamisée. Deux guirlandes ornent symétriquement le théâtre du Garde-Chasse et font se rejoindre ses belles parois en pierre sculptée. Nos pieds sont surpris par la moquette accueillante qu’ils foulent et les spectateurs sont comme des invités conviés à une soirée mondaine, dans laquelle chacun se prépare à danser, comme au salon, entre deux passages au buffet préparé pour l’occasion. Nos yeux et nos oreilles sont surpris de voir autant de générations réunies sous un même toît. Un vieux couple de personnes âgées nostalgiques de leurs vieux bals dansants, un couple de quinquagénaires séduits par la variété française proposée par Zaza Fournier, Alexandra Gatica, Carmen Maria Vega et Karimouche, leurs ados qui connaissent les paroles par cœur, les enfants de 7 ans qui courent partout et se roulent sur la moquette. Surprise ultime, on nous demande de nous asseoir puis de nous allonger. On va écouter de la musique. Agréable étonnement, une création musicale originale de Benjamin Minimum à partir de bribes de répétitions de l’Ultra Bal.

Spontanément, quelques couples s’enlacent et tournoient au son commençant de ce que l’Ultra Bal nomme son « petit bal perdu » du XXIe siècle. Pourtant, du tango musette à la samba brésilienne et au maloya réunionnais, du swing des années trente à la chanson contemporaine, leur bal n’est ni petit ni perdu. Aux Lilas, l’accordéoniste Fixi de l’Ultra Bal fait en sorte que ce petit groupe en retrouve l’esprit fondateur et plaisant. Le répertoire est classique mais la couleur en est changée. Elle est celle d’un Paris métissé et ouvert, à l’atmosphère électrique et à la musique énergique. Quatre femmes et un homme nous chantent ce rendez-vous touche-à-tout à l’unisson puis tour à tour. La pétillante Zaza Fournier entame le tour avec quelques-unes de ses chansons personnelles de variété française. Alexandra Gatica nous fait entendre un dialogue musical entre les langues française et espagnole, susurre des mots poétiques et chante superbement. Karimouche descend de scène au milieu de tous, investit l’espace du public au son des tamtams, et nous offre une performance live formidable dans un style encore bien différent de celui de ses collègues. Pour sa part, Carmen Maria Vega chante et joue la sensualité et la séduction avec énergie sur une scène dont le public est fan. Et le musicien nigérian Kuku débarque, serein et imposant, pour nous faire entendre sa belle langue qu’est le yorouba.

Dans une vision évolutive, l’Ultra Bal nous propose une vraie création live, comme à son habitude. Fixi à l’accordéon, Jean-Yves Dubanton à la guitare, James Sindatry à la contrebasse et Alexis Brossard à la batterie invitent des voix phares de la musique française actuelle à nous faire danser avec eux. Mais à ce bal, tout le monde est invité. Même la chorale parents-enfants des Lilas, qui chantera dans un esprit d’ouverture gai et engageant. Même un petit garçon qui montera spontanément sur la scène pour danser le hip-hop en y donnant beaucoup de coeur, au milieu de musiciens heureux et amusés de sa présence. L’esprit de l’Ultra Bal s’y exprime encore une fois. Une grande souplesse dans sa composition et une volonté forte de ses membres d’intégrer les associations locales à leur projet et d’investir des lieux culturellement délaissés : un fonctionnement ouvert, socialement engagé, et surtout très original.

Au Festival Île-de-France, l’Ultra Bal porte le renouveau de la chanson française mais est pourtant de tous les pays et de tous les âges, revisite les classiques du bal mais se veut fondamentalement moderne. Fixi et ses amis nous en font donc bien voir de toutes les couleurs lors de ce « petit bal perdu », retrouvé et choyé.

Visuel : © Olivier Hoffschir

[Londres] 6 installations phares de William Kentridge à la Whitechapel Gallery
[Festival d’Automne] “Rêve et folie”, dans les ombres tourmentées de Claude Regy
Fiona Dubois

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration