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Une ciboulette pétillante à l’Opéra Comique

Une ciboulette pétillante à l’Opéra Comique

28 April 2015 | PAR Yaël Hirsch

On avait adoré il y a deux ans (voir notre article) et on renchérit en cette nouvelle saison du muguet : Ciboulette de Reynaldo Hahn (1923) à l’Opéra Comique est un vent de fraîcheur, de belle musique et de joie de vivre qu’on ne saurait trop recommander. L’équipe est presque identique, avec Michel Fau à la mise en scène et une Laurence Equilbey toujours aussi énergique. Et après Julie Fuchs qui nous avait enchantés, la révélation du rôle-titre est la merveilleuse Melody Louledjian. Pour cette première de saison, le 27 avril, on a ri et chanté et été ému, à l’Opéra Comique.

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Dès l’ouverture, la note est donnée :  Jérôme Deschamps vient lui-même se faire porter pâle et nous parle en avant-scène de la beauté inoxydable de Michel Fau. Ciboulette est une opérette, un spectacle où l’on va beaucoup rigoler et chantonner. Par un subtil jeu de modernisation (pas trop, on nous parle juste de Barbara Streisand au milieu d’un décor du Paris des années 1920), de contractions et de rajouts hors scènes qui jouent franchement le jeu du boulevard, l’on va entrer dans l’univers de la divine Ciboulette. Et suivre les aventures irrésistibles de cette maraîchère belle, jeune et un peu bécasse (Melody Louledjian aussi merveilleuse soprano qu’irrésistible actrice), qui va séduire le millionnaire, beau, jeune et pas très intelligent (Julien Behr, la révélation ADAMI 1999, toujours aussi impressionnant dans le jeu et la voix).

L’ambiance est à la caricature, mais dès que le rideau se lève, l’on sait que l’on va aussi rêver : la grande structure de fer qui figurera les Halles se lève sur un régiment et des filles légères merveilleusement parées. Derrière le texte brillant, grivois, drôle, déjà bourré de références à la Belle époque, l’on entend les notes de Reynaldo Hahn : Des refrains irrésistibles que le public a été entraîné à reprendre depuis la salle (pour le refrain du Muguet et la Valse de ciboulette), mais aussi des mélodies irrésistible. On s’émeut aux airs de Duparquet (lumineux Tassis Chrystoyannis- notamment “l’air du mouchoir” donnent la chair de poule) et les duos sont incroyablement mélodieux (“Nous avons fait un beau voyage”). Si bien qu’on remercie l’incroyable Laurence Equilbey, l’orchestre de chambre de Paris et son choeur Accentus d’avoir réduit certains récitatifs pour nous mener de plein pied dans la musique de Ciboulette qui est absolument envoûtante.

Aux côtés des chanteurs qui forment la troupe de ce spectacle brillant et jouent avec génie le snotes qu’ils poussent, les comédiens ne dépareillent pas. Habillé en duchesse de Castiglione (robe vert émeraude et airs faux de Castafiore applaudis à tout rompre !), Michel Fau les mène dans un ballet de rire, notamment Andrea Ferreol en poissonnière-mère d’emprunt, qui remplace avec brio la regrettée Bernadette Lafont.

On sort de cette grande opérette plein d’images des halles de Paris, à la fois Belle époque et de l’Entre-deux-guerres, en chantonnant joyeusement “Amour qui meurt ! Amour qui passe ! Amour fragile, tendre et chaud… Souffrir d’amour a tant de charmes / Qu’on souffre plus une fois guéris”.

photos : VINCENT PONTET

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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