Classique
Le triomphe parisien de Jakub Józef Orlinski

Le triomphe parisien de Jakub Józef Orlinski

25 January 2018 | PAR Victoria Okada

On s’y attendait. C’est désormais chose faite. Le premier concert parisien du contre-ténor polonais Jakub Józef Orlinski a connu un triomphe, le 24 janvier à la Salle Gaveau.

Qui n’a pas vu cette vidéo où il chante « Vedro con mio diletto » de Vivaldi (extrait de Il Giustino) accompagné d’Alphonse Cemin, tournée l’été dernier à Aix-en-Provence pour une émission en directe ?

Visionnée à plus de 350 000 fois, elle a rendu ce jeune homme de 27 ans, extrêmement célèbre auprès d’un large public, presque du jour au lendemain. S’il a déjà fait une forte impression dans le rôle d’Orimeno dans Erismena de Cavalli, sous la direction de Leonardo García Alarcón, en juillet lors de ce Festival puis à l’Opéra royal de Versailles en décembre dernier, ce concert à la Salle Gaveau représentait une étape décisive pour le chanteur. Devant les parisiens qui se précipitaient à la billetterie dès l’ouverture de la saison, pour arracher jusqu’à la dernière place, il a définitivement imposé son art, à la fois spectaculaire et délicat.
Son entrée sur scène est déjà saluée par des cris d’acclamation poussés par certains passionnés. Le chanteur ne cache pas son bonheur de voir autant de réactions positives. Le programme propose des extraits de cantates de Vivaldi et d’opéras de Haendel, alternés par des concertos de Telemann et de Leclair. C’est par Vivaldi, la Cantate Cessate omai cessate, pour alto, cordes et continuo, que commence la soirée. Le récitatif « Cessate omai cessate » suivi d’air « Ah, ch’infelice sempre », puis, un autre récitatif-air « A voi dunque ricorro » et « Nell’orrido albergo », montrent déjà son timbre tout en rondeur et sa projection puissante, en plus de sa perfection technique surprenante. Une autre cantate, « Amor hai vinto » du même compositeur, Orlinski est plus à l’aise, et l’interaction entre la scène et la salle s’établit, les musiciens captant l’atmosphère confiante du public, et la salle captivée par l’énergie artistique si positive que dégagent ses héros.
L’ensemble Il Pomo d’oro, dirigé du violon par Dmitry Sinkovsky, qui semblait un peu timide au début, prend vite son allure pour rivaliser en harmonie avec la voix. Pour la partie instrumentale, après le Concerto en si bémol majeur de Telemann (TWV 51 : B1 pour les connaisseurs) avec des couleurs et des nuances contrastés, le Concerto pour violon en ré majeur op. 7 n° 2 de Jean-Marie Leclair souligne le brio de Sinkovsky, notamment dans l’Allegro final, pour lequel la salle s’enflamme.
La deuxième partie du concert est encore plus impressionnante : non seulement sa flamboyance technique — sa stupéfiante capacité dans l’interprétation de « A dispetto d’un volto ingrato », air de Tamerlano, a extasié les plus fanatiques présents dans la salle — Orlinski montre un grand sens de recueillement musical dans l’air d’Ottone « Voi che udite », de l’opéra Agrippina de Haendel. En bref, il fait preuve d’un heureux équilibre entre l’aspect le plus exubérant et des expressions plus intériorisées, ce qui fait de lui un chanteur exceptionnel.
Pour rendre définitive sa conquête parisienne, il interprète deux bis. L’air « Vedro con mio diletto » qui l’a rendu si célèbre en France, certainement en signe de reconnaissance, et un duo avec Dmitry Sinkovsky, qui révèle son talent du sopraniste, à un timbre miroitant.

Photo : portrait en noir et blanc © Piotr Porebsky ; portrait en couleur © AnitaWasik

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Victoria Okada

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