Classique
Retour sur les Victoires de la Musique Classique 2017

Retour sur les Victoires de la Musique Classique 2017

03 February 2017 | PAR Elodie Martinez

Les Victoires de la Musique Classique sont l’événement annuel de la sphère “classico-lyrique”. Cette année l’était d’autant plus que les artistes annoncés n’étaient pas des moindres : Sonya Yoncheva (qui avait pourtant annoncé qu’elle devrait se désister sur son compte Facebook) alors qu’elle a annulé sa participation à Manon à Monte-Carlo, ainsi que Jonas Kaufmann, le ténor prodige qui vient de revenir sur les scènes lyriques en triomphant dans Lohengrin après une longue période d’absence due à des problèmes médicaux.

Après la tentative de co-présentation de Claire Chazal l’an passé qui n’avait pas beaucoup convaincu, c’est au tour de Leïla Kaddour-Boudadi de s’essayer à l’exercice, toujours aux côtés de Frédéric Lodéon. Si tout n’est pas parfait dans la présentation, notamment avec quelques remarques légèrement “incongrues” telle que celle expliquant que le clavecin ne produit pas le même son que le piano, ou encore un comportement légèrement tactile, il faut bien avouer que la jeune présentatrice française s’en est globalement bien sorti. Gageons qu’avec un peu de temps et d’expérience, elle trouvera sa place avec Lodéon, toujours fidèle à lui-même, riche d’anecdotes diverses et variées, même si ces dernières lasses parfois certains spectateurs qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Le #Victoires2017 a par ailleurs très bien fonctionné, se plaçant dans le Top Tweet de la soirée.

Côté scène, Sonya Yoncheva était non seulement présente, mais elle est même celle qui a ouvert les cérémonie après le traditionnel “Boléro” par l’air “Vissi d’arte”. Elle est revenue plus tard dans la soirée pour un second air, “Lascia ch’io pianga”, rappelant ainsi son prochain album dédié à Haendel. Stéphanie d’Oustrac, nommée dans la catégorie “Artiste lyrique” (alors qu’elle triomphe actuellement dans Médée de Charpentier à Zurich) a ensuite interprété “La Séguedille” extraite de Carmen qu’elle incarnera cet été au festival d’Aix-en-Provence. Dommage que la prise de son de France 3 n’ait pas permis d’apprécier à leur juste valeur l’ensemble des prestations de la soirée… Peu de temps après, Marianne Crebassa nous présente “Amour, viens rendre à mon âme” extrait d’Orphée et Eurydice (qu’elle avait également chanté lors de son récital à Gaveau et sur son album). Nommée une seconde fois dans la catégorie “Artiste lyrique”, elle remporte finalement le trophée face à Stéphanie d’Oustrac et Patricia Petibon. Lors de son discours, elle déclare : “Le nom de soliste est à moitié vrai parce que quand on est sur scène, on n’est pas tout seul : on a des partenaires, il faut être un bon partenaire et on grandit grâce à ces merveilleux artistes qu’on côtoie tous les jours. Et donc d’une certaine manière, je voudrais partager cette Victoire avec elles”. Nous sommes donc loin du discours d’Elsa Dreisig qui fit tant parler l’an dernier…

Philippe Jaroussky, grand habitué des Victoires, fit également une apparition en fin de soirée dans un extrait de Flavio de Haendel, “Rompo i lacci”, alors que Marie-Nicole Lemieux, avec qui il a donné divers concerts dont on peut voir d’amusants extraits sur YouTube, a opté pour du Rossini avec “Cruda sorte”, bien loin de sa prise de rôle de Carmen qu’elle faisait en parallèle a Théâtre des Champs-Elysées. Cette interprétation était l’une des plus attendues de la soirée et a eu un assez franc succès sur les réseaux sociaux.

Toutefois, la personnalité la plus attendue restait Jonas Kaufmann qui vient de triompher dans Lohengrin à Paris après une longue pose due à des soucis de santé. Il est intervenu dès le début de soirée dans un air qui a surpris les internautes : “Parla piu piano”, popularisé grâce au film Le Parrain. Sa venue n’était bien entendu pas gratuite puisqu’il reçut une Victoire d’Honneur juste après cette interprétation. Grande surprise de la soirée, celle de la seconde Victoire d’Honneur de cette 24ème édition, décernée cette fois à… Frédéric Lodéon! Si l’on ne revient pas sur sa qualité de violoncelliste ni sur son parcours de chef d’orchestre et encore moins sur celui de présentateur emblématique des Victoires (il en est à présent à sa 16ème édition) et d’émissions sur France Musique, on reste cependant dubitatif sur cette Victoire finalement assez peu expliquée par Marc Voinchet (directeur de France Musique) malgré la très brève vidéo précédent la remise du trophée. Il nous a cependant rappelé au passage que Frédéric Lodéon est à ce jour le seul français à avoir obtenu le Premier Prix au Concours International Rostropovitch et a derrière lui une carrière de musiciens admirable.

Comme d’habitude, les Révélations lyriques ont été contraints d’attendre la fin de soirée pour connaître le résultat des votes, et c’est Léa Desandre qui remporte le titre après une formidable prestation, très dynamique, avec “Armatae face et Anguibus” de Haendel.

Côté musiciens, Adam Laloum a joué sans grande surprise du Schumann, un extrait du 3ème mouvement du Concerto pour piano, et a finalement remporté le trophée de Soliste instrumental qui lui était passé sous le nez l’an dernier. Côté Révélation, c’est la percussionniste Adélaïde Ferrière qui l’emporte après sa prestation autour de Libertango au marimba.


Une belle soirée donc, autour de la fête, du partage et de l’émotion” selon les propose de Leïla Kaddour-Boudadi en début de soirée. Difficile de juger de l’émotion avec la captation de France 3, mais le partage était bien sur les réseaux sociaux, parfois moqueurs, et quant à la fête… il faut bien avouer que la cérémonie de 3h a parfois du mal à maintenir l’attention et ne surprend pas beaucoup avec sa programmation qui permet toutefois d’entendre des extraits diversifiés pour les néophytes qui ne connaissent pas toujours très bien cet univers. Toutefois, rien ne vaut de se rendre dans une salle pour le découvrir réellement!

Liste des lauréats :

Victoire d’honneur
Jonas Kaufmann

Victoire d’honneur
Frédéric Lodéon

Artiste lyrique
Marianne Crebassa

Soliste instrumental
Adam Laloum

Compositeur
Thierry Escaich

Enregistrement de l’année
Burning Bright d’Hugues Dufourt par les Percussions de Strasbourg sorti chez les Percussions de Strasbourg

Révélation soliste instrumental
Adélaïde Ferrière

Révélation artiste lyrique
Lea Desandre

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Brothers ou l’insondable rencontre
Elodie Martinez
Après une Licence de Lettres Classiques et un Master en Lettres Modernes, Elodie découvre presque par hasard l'univers lyrique et a la chance d'intégrer en tant que figurante la production du Messie à l'Opéra de Lyon en décembre 2012. Elle débute également une thèse (qu'elle compte bien finir) sur Médée dans les arts en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, puis, en parallèle d'un stage dans l'édition à Paris, elle découvre l'univers de la rédaction web et intègre l'équipe de Toute la culture où elle participe principalement aux pages d'opéra, de musique classique et de théâtre. Elle a aussi chroniqué un petit nombre de livres et poursuit l'aventure une fois rentrée sur Lyon. Malheureusement, son parcours professionnel la force à se restreindre et à abandonner les pages de théâtre. Aujourd'hui, elle est chargée de projets junior pour un site concurrent axé sur l'opéra, mais elle reste attachée à Toute la culture et continue d'être en charge de l'agenda classique ainsi que de contribuer, à moindre échelle, à la rédaction des chroniques d'opéra.

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