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Renaud Capuçon et Guillaume Bellom enchantent les 34e Heures Musicales de Biot [Live-Report]

Renaud Capuçon et Guillaume Bellom enchantent les 34e Heures Musicales de Biot [Live-Report]

24 May 2017 | PAR Yaël Hirsch

Fuyant le bruit et la fureur de la Croisette, Toute La Culture a pris le chemin des écoliers et des mélomanes vers Biot et l’arrière-pays provençal. Profitant que l’élection présidentielle ait accordé les agendas, nous avons pu enfin découvrir le célèbre Festival des Heures Musicales, qui pour sa 34e édition fait venir dans le beau village de Biot les deux frères Capuçons (Gautier en ouverture est venu le 17 mai, nous avons entendu Renaud le 22), les pianistes Katia Buniatishvilli (28 mai) et Nikolaï Lugansky (4 juin), le violoncelliste Edgar Moreau et le pianiste David Kadouch (13 juin) et Nathalie Dessay dans son répertoire de Lieder schubertiens (20 juin). Ce 22 mai 2017, Renaud Capuçon nous faisait découvrir le jeune pianiste Guillaume Bellom, dans un beau programme Mitteleuropéen.

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Sobre et belle, d’une acoustique parfaite, l’Eglise Saint-Marie-Madeleine de Biot date du 17e siècle. Elle est presque cachée derrière la Place d’Armes de ce village provençal typique et en hauteur. L’Eglise de Biot affichait salle comble, ce lundi 22 mai pour entendre Renaud Capuçon au violon et le jeune pianiste Guillaume Bellom au piano dans un programme très équilibré : Strauss, Beethoven et Schubert. Deux heures de magie musicale où l’on a senti les âmes et les émotions s’élever.

C’est avec une belle énergie que la directrice du Festival des Heures Musicales, Liliane Valsecchi, a salué la venue désormais régulière du violoniste Renaud Capuçon, qui, malgré un emploi du temps chargé, répond présent chaque année au Festival et propose au public de Biot de découvrir de nouveaux pianistes (il avait par exemple amené Katia Buniatishvilli avant qu’elle ne soit très connue). Dans la salle, le public de la ville mais aussi, très élégants et concentrés, des mélomanes venus de Cannes et Antibes ont accueilli avec chaleur l’entrée des deux musiciens qui ont commencé par un Rondo de Schubert. Le piano de Guillaume Bellom introduit et semble suivre le mouvement impétueux, virtuose de Renaud Capuçon qui marque le rythme et les esprits dans cette oeuvre enjouée, au refrain entêtant et qui nous plonge dans un monde souriant de verdure et de naïveté.

L’on est comme lavé des heures de la journée qui précède quand les deux musiciens entament la Sonate pour violon et piano n°2 de Beethoven où ils jouent à parts égales. Il commencent le mouvement Allegro con brio avec une infinie douceur, dans une osmose de montées et descentes qui se répondent en écho. La précision et la beauté culminent dans le final de ce premier mouvement qui mène vers un Adagio où le piano commence en maître et où l’on découvre toute l’étendue de l’intensité du jeu de Guillaume Bellom. Le troisième mouvement Scherzo Allegro est d’une vivacité terrible et Renaud Capuçon emporte le public avec une précision et une puissance impressionnantes. Avec l’allegro du quatrième mouvement on entre dans un  univers plus sombre que les deux musiciens rendent majestueux, presque jusqu’à la nostalgie.

La pause a été courte et néanmoins assez importante pour que le public reprenne son souffle, dans la douceur du printemps avancé. C’est sur du Richard Strauss que le duo a fini ce joli programme, nous emmenant à Vienne avec l’Allegro ma non troppo inaugural de la sonate pour violon. Le premier mouvement commence comme une romance qui prendrait petit à petit un aspect symboliste par les touches du piano, tandis que Renaud Capuçon offre un jeu puissant qui reste toujours sur le fil de la sensualité. Le deuxième mouvement d’improvisation Andante est joué avec douceur et presque mélancolie. Enfin, commençant sur le piano vif de Guillaume Bellom, l’Andante final nous fait atteindre une certaine gravité dans la beauté. Le public applaudit à tout rompre et est debout avant même la fin de la dernière note. Les musiciens donnent généreusement deux bis dans le droit fil de ce programme harmonieux et d’Europe Centrale, avec notamment la Première pièce romantique de Dvorak.  Un dernier salut, fleurs en mains et l’église de Biot met un peu de temps à se vider avant de se remplir à nouveau pour un nouveau rendez-vous des 34e heures musicales, le 28 mai.

visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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