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Plaisirs pianistiques variés à Biarritz

Plaisirs pianistiques variés à Biarritz

10 August 2018 | PAR Gilles Charlassier

Initié par Thomas Valverde il y a près de dix ans, le Biarritz Piano Festival offre un kaléidoscope de jeunes talents. Après un remarquable concert d’Alexandre Kantorow à l’Espace Bellevue le 6 août, on a pu entendre, en deuxième partie de soirée un duo piano et batterie, DOMi et JD Beck, tandis que le lendemain l’Hôtel du Palais accueillait Vanessa Benelli Mosell.

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Si la jeunesse est le tropisme du Biarritz Piano Festival, la diversité ne l’est pas moins, à en juger par la multiplicité des lieux, de l’Espace Bellevue à l’Hôtel du Palais, en passant par la Salle des Ambassadeurs du Casino et l’Eglise Sainte-Eugénie, des horaires – matinée, soirée et même after – comme des programmes. Le lundi, c’est nocturne à Biarritz, et cela rime avec affranchissement des chapelles consacrées. Quand, à l’ouverture, le 30 juillet, le duo Ambassade réunissant le violoncelle de Sébastien van Kuijk au piano du directeur du festival, Thomas Valverde, navigue entre classique, rock et électronique, une semaine plus tard, alors que le public est repu de la musicalité d’Alexandre Kantorow, la claviériste DOMi, 19 ans, et le batteur JD Beck, tout juste 15 ans, donnent leur premier concert en France. Entre jazz et minimalisme, le duo installe une atmosphère quasi-hypnotique, au gré d’une improvisation généreuse, parfois prolixe. Si les deux musiciens semblent parfois dans la bulle de leur inspiration, il n’en reste pas moins des séquences remarquables où les deux instrumentistes accouchent de couleurs rythmiques et mélodiques originales, parfois inouïes, aux confins des genres. L’immersion sonore conduira le public jusqu’à l’antichambre de minuit.
Le lendemain, dans l’intimité d’un salon d’apparat de l’Hôtel du Palais, Vanessa Benelli Mosell, élégante et raffinée dans sa robe longiligne, réserve un programme franco-russe associant Scriabine et Rachmaninov à Debussy, dont on célèbre le centenaire de la disparition cette année. Les Trois pièces opus 2 de Scriabine résonne comme un souvenir de Chopin, sans affectation romantique déplacée. La Suite Bergamasque de Debussy confirme l’allure volontaire du jeu, qui s’épanouit dans la plénitude sonore, plus que dans les évanescences du compositeur français. Sans surprise, c’est dans les Variations sur un thème de Corelli de Rachmaninov que son toucher puissant donne toute sa mesure, et met en avant les ressources quasi symphoniques du cycle basé sur le célèbre thème hispanique et baroque de La Folia. L’enchaînement des numéros pourrait se passer des quelques poses qui ponctuent ça et là le flux musical, comme s’il était besoin d’en isoler certains comme des modulations singulières. La virtuosité et la maîtrise du clavier n’en reste pas moins impressionnante, et elle affronte sans timidité aucune le recueil du Premier Livre des Préludes de Debussy, plus sensible sans doute à leur exigence technique et la netteté photographique des images qu’à leurs murmures poétiques. Les commémorations de cette année lui donnent l’opportunité d’être promue parmi les ambassadeurs du père de Monsieur Croche. En bis, on revient à Scriabine, avec le Prélude n°21 opus 11, sans faiblesse aucune.

Gilles Charlassier

Biarritz Piano Festival, jusqu’au 8 août 2018, concerts des 6 et 7 août 2018

©Biarritz Piano Festival

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Gilles Charlassier

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