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Ouverture symphonique paneuropéenne à Montpellier [Live-Report] 13/10/2017

Ouverture symphonique paneuropéenne à Montpellier [Live-Report] 13/10/2017

23 October 2017 | PAR Gilles Charlassier

Reconduit pour trois ans à la tête de l’Orchestre National Montpellier Occitanie, le chef danois Michael Schønwandt ouvre la saison symphonique avec un programme paneuropéen, entre le romantisme germanique et les premières décennies du vingtième siècle, de Brahms à Kodály, en passant par Debussy.
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Artisan d’une pacification à nouveau propice à la musique au sein de l’Orchestre national Montpellier Occitanie, après des années de perturbations, Michael Schønwandt, que Valérie Chevalier a fait venir dans la cité languedocienne, choisit, pour le premier concert de la saison, après L’Italienne à Alger il y a quelques semaines, de mettre en avant l’ambitus de son répertoire. La soirée s’ouvre sur le romantisme germanique, avec la Troisième Symphonie en fa majeur opus 90 de Brahms. Plutôt que se reposer sur la pâte orchestrale à laquelle on reconnaît le compositeur allemand, la direction musicale s’attache à la dynamique des couleurs et des timbres. L’Allegro con brio initial ne s’affranchit d’une certaine raideur que dans l’onctueux tutti de violoncelles à la fin du mouvement. Si l’Andante gagne en équilibre, l’alchimie ne prend vraiment que dans le Poco allegretto, éclairé de demi-teintes automnales et doucement mélancoliques, très brahmsiennes, avant un bouillonnement final maîtrisé.

Après l’entracte, le chef danois fait découvrir au public français l’orchestration du Children’s Corner de Debussy que son compatriote scandinave Hans Abrahamsen lui a dédicacée en 2011. Suite de miniatures pour piano que Debussy avait imaginée pour sa petite fille surnommée Chouchou, Children’s Corner a connu dès 1910, deux ans après la création par le pianiste britannique Harold Bauer, une adaptation symphonique par Caplet. La présente version ne néglige aucunement la saveur de ces six morceaux parfois délicieusement pastiches, aux titres sacrifiant à une anglophilie ludique. Cela se vérifie dès le Doctor Gradus ad Parnassum. L’humour affleure dans la tendre bonhomie du pachyderme dans la berceuse Jimbo’s Lullaby, comme dans la Serenade for the Doll, ponctuée des délicats scintillements du triangle. Le génie évocateur du musicien français se reconnaît dans les tons pastoraux de The snow is dancing et The little shepherd, et plus encore dans l’ultime ragtime, Golliwog’s Cake-Walk, où, au milieu d’accents jazz toujours esthétisés, se glisse une parodie de ce que l’on appelle « l’accord de Tristan », surgissant de cordes presque en apesanteur, agrémentées de la douce imitation orchestrale d’un rire enfantin.

Enfin, les Danses de Galánta de Kodály font ressortir les ressources de la phalange montpelliéraine, que Michael Schønwandt n’hésite pas à porter jusqu’à l’ivresse tellurique. Conscient d’une forme qui puise dans le folklore rythmique et mélodique tzigane, il ménage, avec la complicité de ses musiciens, une irrésistible gradation rhapsodique, qui emmène l’auditeur dans un voyage sonore où modernité et traditions se confondent, dans une sorte d’entre-deux entre Liszt et Bartók, entre onirisme et sentiment national ouvert sur l’immensité musicale. On retrouvera le chef danois à Montpellier, entre autres, pour le War Requiem de Britten en février prochain.

Concert Orchestre National Montpellier Occitanie, Montpellier, direction musicale : Michael Schønwandt, 13 octobre 2017
visuel : affiche

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Gilles Charlassier

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