Classique
“Offenbach en fête!” au TCE : “on veut s’en fourrer, fourrer jusque-là!”

“Offenbach en fête!” au TCE : “on veut s’en fourrer, fourrer jusque-là!”

21 June 2016 | PAR Elodie Martinez

Comme nous vous l’avions annoncé dernièrement, samedi se tenait au Théâtre des Champs-Elysées un concert de haute volée à 16h puis à 20h, le second étant diffusé en direct sur Radio Classique. La radio est en effet à l’origine de cet “Offenbach en fête” qui porte bien son nom puisqu’il s’agissait là de son grand concert. 

[rating=4]

Nous l’avions prédit, nous ne nous étions pas trompés : toute la soirée fut placée sous le signe de la bonne humeur et, comme l’indiquait son intitulé, de la fête. Il faut bien avouer que ce titre à des airs de pléonasme : “Offenbach” et “fête” se trouvent rarement opposés!

La soirée débute sur les chapeaux de roues avec le célébrissime Cancan d’Orphée aux Enfers mettant en avant l’excellence de l’Orchestre national d’Île-de-France dirigé par Nicolas Chalvin qui applique aux partitions d’Offenbach le soin qu’elles méritent. En effet, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’opérette ou d’opéra-bouffe que l’on peut se permettre un certain dilettantisme. Le maestro le sait bien et donne ce soir toute ses lettres de noblesse aux airs plus ou moins connus du compositeur appuyé par un grand équilibre de l’orchestre.

Alain Duault, à l’origine du programme, apparaît ensuite sur la scène accompagné d’Olivier Bellamy. Les deux présentateurs participent à la bonne ambiance par leur joie d’être présents et par leurs interventions relativement brèves entre chaque opéra (regroupant parfois plusieurs airs) permettant une certaine fluidité et juste ce qu’il faut de présentation afin de permettre de découvrir Offenbach (pour ceux qui ne le connaissaient pas encore) sans ennuyer ceux qui le connaissent déjà.

La Vie parisienne est ensuite mise à l’honneur avec son Ouverture, puis Je veux m’en fourrer jusque là interprété par un Florian Sempey phénoménal ce soir, truculent, amusant, dont la voix sied aussi bien au baron de Gondremarck, qu’au Général Boum plus tard ou encore à Jupiter devenu mouche. Nous avons également droit au Duo du bottier et de la gantière avec Florian Laconi et Amélie Robins. Cette dernière faisait ici ses premiers pas sur une scène parisienne et nous est présentée comme une révélation de Radio Classique. Nous n’irons pas jusque-là pour le moment, mais nous saluons les aigus superbes de son soprano léger et son caractère pétillant qui convient admirablement à ses diverses interprétations, comme celle d’Eurydice, ou encore dans la Valse d’Edwige extrait de Robinson Crusoé, une oeuvre moins connue d’Offenbach. Dans cet air, la jeune soprano laisse entendre une très belle agilité, toujours dans les aigus où elle excelle.

C’est ensuite au tour de La Grande Duchesse de Gerolstein avec, entre autre, Ah que j’aime les militaires interprété par Béatrice Uria Monzon, grande artiste s’il en est mais qui, il faut bien l’avouer, déçoit quelque peu ce soir. Ce registre ne semble pas fait pour elle, d’autant plus que le son semble ici trop guttural et pas assez palatal, trop ancré en fond de gorge. Chacun est libre ensuite d’apprécier cette technique ou non ; ce n’est malheureusement pas notre cas. Même constatation pour l’Air de la lettre de La Périchole alors que son duo avec Karine Deshayes lors de la Barcarolle est une véritable parenthèse enchanteresse, même si elle pourrait laisser davantage de place à sa consœur à quelques moments. L’ensemble reste divin.

Karine Deshayes est par ailleurs excellente, retrouvant Florian Laconi avec qui elle interprétait Carmen il y a peu à Avignon. Olivier Bellamy rapporte qu’Albina Belabiod (présentatrice sur Radio Classique) compare la voix de la mezzo-soprano aux premiers rayons du soleil scintillant sur la mer. Belle image qui rend hommage à cette voix qui mérite ce soir un tel éloge. A noter toutefois concernant Florian Laconi une projection trop importante ou un manque de retenu lors du Duo d’Hélène et Pâris. Nous l’avions d’ailleurs déjà noté lorsque nous l’avions vu dans Lakmé à Avignon. Son bottier (La Vie parisienne) et son interprétation des Couplets de Gloria Cassis sont quant à eux des plus jouissifs!

La soirée finit comme elle avait commencé, avec Orphée aux Enfers, son Ouverture puis le drôle Duo de la mouche interprété par Amélie Robins et Florian Sempey. Ce duo est ici magnifié par ses interprètes très drôles, emportés dans la fête. Cela vaut par ailleurs un “C’est complètement fou!” de la part d’Elie Semoun présent dans la salle. Non, vraiment, “c’est charmant”!

La folie de la fête touche véritablement à sa fin avec un dernier Cancan, la reprise du Galop infernal. La boucle est bouclée avec l’ensemble des interprètes chantant avec la musique, les présentateurs sur scène, Olivier Bellamy se lançant dans un tentative de cancan, et la salle frappant dans ses mains en rythme. Une merveilleuse soirée dont on avait bien besoin. A noter que cette dernière est encore disponible en replay sur le site de Radio Classique. Ne vous privez pas!

La SACD : remise des prix
Concert du 20 juin en hommage à Henri Dutilleux à la Philharmonie
Elodie Martinez
Après une Licence de Lettres Classiques et un Master en Lettres Modernes, Elodie découvre presque par hasard l'univers lyrique et a la chance d'intégrer en tant que figurante la production du Messie à l'Opéra de Lyon en décembre 2012. Elle débute également une thèse (qu'elle compte bien finir) sur Médée dans les arts en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, puis, en parallèle d'un stage dans l'édition à Paris, elle découvre l'univers de la rédaction web et intègre l'équipe de Toute la culture où elle participe principalement aux pages d'opéra, de musique classique et de théâtre. Elle a aussi chroniqué un petit nombre de livres et poursuit l'aventure une fois rentrée sur Lyon. Malheureusement, son parcours professionnel la force à se restreindre et à abandonner les pages de théâtre. Aujourd'hui, elle est chargée de projets junior pour un site concurrent axé sur l'opéra, mais elle reste attachée à Toute la culture et continue d'être en charge de l'agenda classique ainsi que de contribuer, à moindre échelle, à la rédaction des chroniques d'opéra.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration