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Michèle Reiser nous parle de la programmation du Festival Paris Mezzo (1-24 juin 2016)

Michèle Reiser nous parle de la programmation du Festival Paris Mezzo (1-24 juin 2016)

25 May 2016 | PAR Yaël Hirsch

Alors que la deuxième édition du Festival paris Mezzo annonce une programmation magnifique dans des lieux d’exceptions de la capitale du 1ier au 24 juin 2016, nous avons rencontré sa directrice, grande mélomane et passionné à la fois par Paris et les jeunes talents. Michèle Reiser nous livres les secrets de cette programmation 2016 avec un enthousiasme qui ne peut que convaincre d’aller à Gaveau, au Théâtre des Champs-Elysées ou aux Folies Bergère pour entendre les prodiges de la musique classique et lyrique d’aujourd’hui.

Comment vous est venue l’idée de créer le Mezzo Paris Festival? Cette année avec l’Euro et le Festival de saint Denis en même temps est-ce un pari risqué?
Le Paris Mezzo festival est comme son l’indique, un festival dédié à Paris et à la musique classique, car quand j’ai créé ceci, il n’y avait plus de festival de musique classique dans la capitale à cette époque-ci. Donc je voulais faire rayonner Paris dans le monde entier. L’idée était de crier haut et fort que notre ville reste la capitale de la culture et qu’elle est à la fois la mère nourricière de toute une jeune scène française qui s’exporte à l’étranger, et la terre d’accueil pour les plus grands artistes étrangers. Il est vrai qu’avec l’euro, cette année, il y a une très grosse concurrence. Mais ce n’est parce qu’il y a du foot qu’on ne peut pas aller au concert. Et le festival de Saint-Denis est très différent. Notre festival est le seul à Paris et dédié à Paris.

Et vous, comment êtes-vous venue à la musique classique? Jouez-vous d’un instrument?
A l’origine je suis réalisatrice, donc j’ai travaillé en dehors de la musique. Lorsque j’ai été nommée au CSA, j’ai arrêté cette carrière et je suis devenue responsable de la musique. Je suis mélomane mais pas musicienne. La musique et les mots sont vraiment mes passions, c’est comme une grande messe. On partage des émotions, il faut qu’il se passe quelque chose entre le public et l’artiste.

Le festival est un peu hétérodoxe en choisissant des lieux originaux et des talents en pleine ascension…
J’ai choisi de faire des concerts dans des lieux mythiques de la capitale. L’an dernier j’avais ouvert à Gaveau, après j’avais un concert à la Philharmonie puis à l’église Saint Germain des Prés, puis je finissais à la monnaie de Paris. Je veux aussi rendre la musique classique accessible à tous et qu’elle sorte de l’élitisme. Donc cette année j’ouvre aux folies bergères qui est un lieu assez fou et extravagant. Ce sera avec un violoniste franco-serbe, Nemanja Radulovic, qui est aussi dans l’idée d’attirer les jeunes, avec Laure Favre-Kahn au piano. J’ai découvert Nemanja Radulovic à 19 ans, et j’étais éblouie. Pour moi son concert fait sens, car il est arrivé à l’age de 14 ans avec juste ses valises, il est Serbe mais aussi Français, il a cette double culture. Et nous vivons dans un temps très violent à Paris, et un concert est une occasion de rassembler les gens.

Il y a des jeunes artistes qui viennent du monde entier pour ce festival à Paris ?
Oui car, traditionnellement, Paris est une terre d’accueil pour les grands artistes étrangers. Le deuxième concert, est le concert « grande voix ». C’est avec cette chanteuse Albanaise Ermanola Jaho et ce jeune ténor américain, Charles Castronovo, accompagnés de l’orchestre national d’île de France, au théâtre des Champs Elysées. Puis on va à Gaveau pour deux concerts dont une soirée jeune talent qui est très importante. Avec la pianiste Beatrice Rana et le violoncelliste Yan Levionnois. Il va y avoir du Chopin et du Schubert, comme le concerto n°1 de Chopin en quintet, ce qui est rarissime.
Pour le deuxième concert à Gaveau, il y aura un grand coup de cœur qui est Avi Avital, un jeune israelien vivant à Berlin. Il joue de la mandoline classique.

Le festival est-il 100 % classique ou ya-t-il un clin d’oeil vers les musiques du monde?
C’est vrai qu’il y a Avi Avital et quand je lui demandais quelles étaient ses influences, il parlait de Mickael Jackson, de Prince… Il est très très original. La mandoline est d’une très grande modernité, et lui est très étonnant. Mais c’est vraiment un musicien classique.

Pouvez-vos nous parler de la Saint-Chapelle, c’est fantastique de faire un concert là-bas!
Oui, après avoir commencé aux Folies Bergère, je fais le grand écart en clôturant à la Sainte Chapelle, qui est l’un des lieux les plus visités à Paris. En juin, à 20h, la lumière sera magnifique à travers les vitraux. Il faut s’imaginer que grâce à Mezzo on va voyager dans 55 pays dans le monde.

Mis à part le canal télévisé, comment vous faites pour attirer un public jeune ? Est-ce que vous avez une politique de prix ?
On a essayé de faire des prix pas trop élevés avec la Fnac, notre partenaire et la Mairie de Paris. Je veux vraiment attirer tout le monde. Il y a beaucoup d’aide du conservatoire aussi. Et puis côté communication, on aura des publicités sur France Télévision, sur Mezzo, Radio classique et Europe 1.

Est-ce que la ville est impliquée ?
Ah oui. Dès le début ils nous ont soutenus, Anne Hidalgo est venu à des concerts. Ils ont une puissance numérique très forte. Depuis le 11 mai, il y a des panneaux lumineux énormes dans tout Paris pour promouvoir le festival.

Vous avez des financements privés ?
Le premier partenaire est le groupe Lagardère et Mezzo. Je suis en partenariat avec Europe 1 ce qui est très important, car c’est une radio très généraliste. Il y aussi la Fnac et France Télévision.

L’an dernier, vous aviez programmé plusieurs jeunes artistes qui sont devenus très célèbres depuis par exemple, Jean Rondeau et Sabine Devieilhe. Vous pariez sur qui cette année ?
Quand j’ai choisi ces deux artistes, ils n’avaient pas encore de Victoires de la musique. C’est arrivé plus tard. Et cette année, la programmation est encore excellente, et tous les concerts vont être extraordinaires.

Est-ce qu’il y aurait de la place pour de l’opérette, quelque chose de plus léger et plus contemporain pour les prochaines éditions ?
Je veux, sans concession, que ça reste haut de gamme, mais aussi populaire. Les deux ne sont pas incompatibles. J’aime l’éclectisme, le paradoxe.

visuels : photos officielles des artistes et affiche du festival

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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