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[Live Report’]:Pom pom pom pom, et tout repart : l’Orchestre de chambre de Paris et la 5ème de Beethoven

[Live Report’]:Pom pom pom pom, et tout repart : l’Orchestre de chambre de Paris et la 5ème de Beethoven

14 November 2013 | PAR La Rédaction

La musique a ceci d’extraordinaire qu’on peut entendre deux cent fois le même morceau tout en éprouvant le même plaisir, voire même entendre pour la première fois une pièce que l’on croyait connaître par cœur. Le théâtre des Champs-Elysées fut ce mardi 12 novembre le lieu de pareilles surprises.

Lorsque l’auditeur décide de se rendre au concert, il le fait à la lecture des œuvres au  programme et/ou des interprètes. Le concert de ce soir proposait un programme franco-allemand : Ravel-Debussy d’une part, Beethoven d’autre part, le tout sous la baguette du violoniste Thomas Zehetmair.

Disons le d’emblée : nous venions ce soir pour la France. Et l’Allemagne nous a subjugués. La première partie faisait se succéder trois pièces de Maurice Ravel : la merveilleuse pièce Tzigane, la Pavane pour une infante défunte et le Tombeau de Couperin. La dernière œuvre de la première partie donnait à entendre une Sarabande de Debussy, extraite de la suite Pour le piano et orchestrée par Ravel. Les talents d’orchestrateur de Ravel sont incontestables ; pour n’en prendre qu’un exemple, son orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgsky est sans discussion la meilleure. Pourtant, la seule pièce du programme dont l’orchestration nous a séduit était celle de Debussy : là où l’orchestre était subtil dans la Sarabande, il semblait alourdir les pièces de Ravel, et le lieu commun qui veut que le piano soit un orchestre à lui seul prenait tout son sens. La musique de Ravel semble faite pour le piano : la Pavane est une musique simple, mélancolique mais profondément poétique, que le cor et les bois ne rendaient qu’imparfaitement. Même sentiment pour Tzigane qui, pour fiévreuse, ne rendait pas l’intimité et le côté populaire voire gouailleur qu’on attendait, et que le duo piano-violon rend si bien d’habitude. Le Tombeau de Couperin paraissait mieux convenir à l’orchestre, de même que le Debussy dont l’atonalité ravissait – pour la première fois selon nous – le public.

21 heures, entracte : l’entrain n’était pas vraiment au rendez-vous. D’autant que s’annonçait la cellule rythmique la plus célèbre de l’histoire de la musique : la 5e Symphonie de Beethoven, ce pom pom pom pom que le snob tient pour trop commun. Nous étions ce soir ce triste idiot. Car le choc advint. Tout ce qui faisait défaut à la 1e partie du concert était là : malice, finesse, douceur, subtilité. Des bois époustouflants de précision, un cor puissant mais presque espiègle, des contrebasses d’une agilité hors du commun… La 5e comme nous ne l’avions jamais entendue.

La magie de la musique tient à cela : l’adéquation d’un chef à un répertoire, et les couleurs qu’il obtient de son orchestre. Finalement, la question de l’identité nationale, de l’âme d’une nation n’a peut-être plus, dans l’Occident contemporain, d’autre réalité que musicale. Là où l’esprit et le génie transcende les polémiques. L’Allemagne justement rendue, après le 11 novembre : merci Thomas Zehetmair.

 Matthieu Orsi

Visuels: (c) Keith Pattinson (c) Jean-Baptiste Millot

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