Classique
[Live report] Poétique abstraction de Haydn et Insula Orchestra à la Chapelle Royale de Versailles

[Live report] Poétique abstraction de Haydn et Insula Orchestra à la Chapelle Royale de Versailles

09 July 2014 | PAR Bérénice Clerc

Insula Orchestra et Laurence Equilbey avaient donné rendez-vous à Haydn samedi 5 juillet pour jouer les Sept dernières paroles du Christ en croix à La Chapelle Royale de Versailles devant un public emporté par la beauté de la musique.

Le Château de Versailles ouvre ses grilles dorées, le ciel est velours, la pluie n’est pas loin, la chaleur sourde, les touristes se bousculent, une tour Eiffel en métal, une photo dans tous les espaces, vers la droite, les spectateurs se pressent, il viennent entendre Insula Orchestra sous la direction de sa créatrice Laurence Equilbey.

Prima la musica, Haydn écrit d’abord une version pour orchestre et pour cordes des Sept dernières paroles du Christ avant de livrer l’exquise version avec voix et paroles.

Laurence Equilbey proposait une version instrumentale de cette œuvre enregistrée avec les voix du chœur Accentus il y a quelques années et qui fait date grâce à la précision, la force et la sculpture rare de la musique d’Haydn.

La salle comble attend sous les fresques, les dorures et les ombres en fond de scène, les musiciens entrent, le la résonne, la chef sur scène, un regard, un geste, le grand plongeon dans la douceur musicale commence.

De l’introduction au somptueux terremoto final, le voyage abstrait et poétique sculpté par Laurence Equilbey, fut beau, engagé et puissant.

Le son de la Chapelle Royale de Versailles n’est pas des meilleurs, mais les musiciens colorent l’espace tout en nuance. Laurence Equilbey, totalement dans la musique, sollicite un à un les interprètes, malaxe, dessine, sculpte pour éveiller la musique polymorphe et lumineuse.

Les cordes tissent une toile légère soulevée par les vents, on entend presque les voix des solistes et du chœur dans les instruments. Chaque parole est introduite par le ténor Jean-François Chiama, Insula Orchestra fusionne en profondeur avec ce chef d’œuvre musical et livre avec Laurence Equilbey tout le bouillonnement spirituel de cette majestueuse symphonie.

Insula Orchestra continue sa jeune route avec brio, l’osmose entre eux et avec Laurence Equilbey est palpable, elle pousse très haut l’orchestre avec élégance, sobriété, intelligence et grâce.

Murmures, douceur, élévations, pulsations, puissance, éclats, vibrations, explosions, les couleurs et reliefs sont multiples, le génie de Haydn est restitué à merveille devant des spectateurs subjugués.

L’extraordinaire terremoto final déchire tout l’espace, la Chapelle Royale tremble, les spectateurs cessent de respirer pour cette rythmique endiablée, l’invisible, l’impossible, l’inexprimable apparaît.

Les spectateurs rendent par les applaudissements la force de ce qu’ils ont reçu, un Beethoven en rappel spirituel et il faut retrouver les pavés du château, la nuit peut tomber, la beauté du monde est en marche.

Insula Orchestra sera en concert dès la rentrée et leur somptueuse version du Requiem de Mozart chez Naïve sera disponible dans les bacs et les plateformes de téléchargement.

L’écrivain Giorgio Faletti est décédé à 63 ans
L’interview stroboscopique : Odezenne
Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration