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[Live Report] Olga Peretyatko et Dmitry Korchak au TCE : cette année, Noël avait lieu le 11 décembre !

[Live Report] Olga Peretyatko et Dmitry Korchak au TCE : cette année, Noël avait lieu le 11 décembre !

14 December 2014 | PAR Elodie Martinez

Jeudi dernier se tenait un véritable événement au Théâtre des Champs-Elysées : la soprano Olga Peretyayko et le ténor Dmitry Korchak offraient au public parisien un concert haut en couleur lors d’une soirée exceptionnelle.

Ce duo russe réunissant deux grands maîtres du bel canto avait déjà enchanté les spectateurs en novembre 2012 lors de la version de concert d’I Puritani à Lyon et Paris. Depuis, les français n’avaient pu revoir la délicieuse soprano que lors du festival d’Aix-en-Provence et du dernier concert du 14 juillet, contrairement au ténor qui avait joué dans divers opéras, dont Le comte Ory à Lyon. Autant dire que nous étions impatients de retrouver ces deux superbes interprètes pour une soirée qui, sans surprise, fut à la hauteur de l’attente. Avec un tel concert, Les Grandes Voix n’ont jamais aussi bien porté leur nom !

La soirée commence par l’Ouverture de La Flûte Enchantée par l’Orchestre de chambre de Paris dirigé par Manuel Lopez-Gomez. Malgré aucune erreur flagrante ni de parti pris véritablement contestable, l’interprétation ne convainc pas particulièrement : trop de mollesse et de platitude, surtout pour une telle partition. Rien qui ne nous emporte donc, mais rien qui ne gâche non plus ce début de soirée. Autant dire que l’on commence sans vraiment commencer.

Le véritable début se fait donc à l’apparition de la diva russe, dans une robe qui laisse voir son goût de l’élégance. Avouons-le sans rougir : si les oreilles sont aux anges, les yeux ne sont pas en reste ce soir, et la salle applaudit, heureuse de revoir enfin cette voix sublime qui s’apprête à entamer l’air de Donna Anna dans Don Giovanni, « Crudele ! Ah no, moi ben !… Non mi dir, bell’idol moi ». Trois notes, cela suffit pour insuffler un premier frisson face à ce timbre particulier et la maîtrise absolument divine de cette voix de crystal et d’or. Une telle orfèvrerie ne laisse indifférent personne, et les applaudissements qui suivent s’en ressentent.

Vient alors le jeune ténor qui prend la suite avec l’extrait « Dalla sua pace » du même opéra, déployant cette voix exceptionnelle qu’on lui connaît. Puissance et finesse se rencontrent au sein d’une interprétation sans faute. Indéniablement, Dmitry Korchak emporte tout sur son passage, dans un souffle sans pareil.

C’est d’ailleurs grâce à ce souffle qu’Olga Peretyatko peut laisser libre cours à sa voix, loin de recouvrir celle du ténor lors des duos, ce qui la contraindrait à se restreindre. Le premier d’entre eux, « Fuggi, crudele, fuggi », laisse voir une complicité évidente entre les artistes dont les deux voix s’allient et se marient à merveille dans un jeu des plus convaincants.

Nous passons ensuite à Rossini avec l’extrait d’Otello, « Che ascolto ?… Ah ! come mai non senti » suivi de l’air de Semiramide, « Bel raggio lusinghier ». L’Ouverture de ce dernier opéra sera d’ailleurs également jouée dans la seconde partie de la soirée, et il est impossible de ne pas avoir en tête la version de concert donnée dans ce même lieu le mois dernier. Si Olga Peretyatko déploie sa voix comme un oiseau déploie des ailes pour mieux nous transporter et ne souffre aucunement de la comparaison, l’orchestre, lui, ne la tient pas, décidément trop lisse et édulcoré, comme le montre également son interprétation de l’Ouverture de Don Pasquale de Donizetti.

Le « Regnava nel silenzio » extrait de Lucia di Lammermoor est magnifiquement ornementé par une Olga Peretyatko pleinement dans son élément. Elle est ensuite rejointe par Dmitry Korchak pour un duo de haut vol, « Qui di sposa eterna fede… Ah ! Verranno a te sull’aure ». Le final est tout simplement époustouflant, et le moment est malheureusement impossible à retranscrire tant il est superbe.

La seconde partie du concert s’ouvre à nouveau sur Donizetti, mais pour un extrait de L’Elisir d’amore avec la fameuse romance de Nemorino, « Una furtiva lagrima », où les difficultés de la partition sont balayées d’un revers de souffle, de même que celles de l’air « Ah ! mes amis » lors du deuxième rappel. Nous assistons donc encore à un moment de grâce dans cette soirée !

 En parlant de grâce, la divine diva russe revient sur scène dans une troisième robe, toujours aussi splendide, pour un extrait d’Il Turco in Italia (qu’elle chantait en Allemagne quelques jours seulement auparavant). Ces multiples changements vestimentaires feront s’excuser en plaisantant Dmitry Korchak d’être encore habillé de la même façon lorsqu’il reviendra pour entamer la dernière partie de la soirée composée de deux extraits de La Fille du Régiment, « Pour me rapprocher de Marie » et le duo « Quoi ! vous m’aimez ? ». La prononciation du ténor est tout simplement irréprochable et la complicité des deux artistes se répand alors dans la salle pour cette partie sous le signe d’une bonne humeur certaine. Cette complicité est d’ailleurs tellement contagieuse que le public finit par discuter avec les deux chanteurs sur scène entre le deuxième et le troisième rappel. Ce soir, nous sommes véritablement à la fête, presque entre amis ou entre famille.

Noël a donc bien eu lieu le 11 décembre cette année, et le Père Noël avait indéniablement quelque chose de slave ! Ceux et celles qui ont été assez sages pour attendre un peu ont même pu repartir avec un petit cadeau supplémentaire, une séance de dédicaces ayant eu lieu à la suite du concert avec les deux artistes !

Par Elodie Martinez

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