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[Live Report] Mozart 26 / Bruckner 6 avec Daniel Barenboim et la Staatskapelle Berlin

[Live Report] Mozart 26 / Bruckner 6 avec Daniel Barenboim et la Staatskapelle Berlin

09 September 2016 | PAR Yaël Hirsch

Ce jeudi 8 septembre 2016, le troisième concert du cycle Mozart/ Bruckner par Daniel Barenboim au piano et à la direction de la Statatskapelle Berlin faisait sans surprise salle comble à la Philharmonie. Aussi contrastés soient les univers de Mozart et Bruckner, l’élégance du concerto n°26 écrit par Mozart pour célébrer le couronnement de Léopold entre bien en résonance du côté de l’accomplissement avec la symphonie n°6 de Bruckner que ce dernier appelait “la plus hardie” et qu’il n’a jamais retouchée. Un concert ovationné avec de grandes attentes pour le quatrième volet de ce cycle, vendredi 9 septembre et deux autres en janvier 2017.

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Alors qu’entre la Philharmonie et le Royal Albert Hall, l’infatigable Barenboim et sa Staatskapelle Berlin ont enchaîné 4 concerts Mozart/Bruckner en 6 jours, c’est avec beaucoup de concentration qu’ils arrivent en scène. Le Maestro est acclamé, s’installe dos au public et face à son orchestre au piano central, maître du concerto n°26.  L’on entre alors de plein pied dans une oeuvre faste et élégante. Doux, presque suave sur les premières notes de piano, Barenboim est un peu contraint, de par sa double casquette de soliste et de chef, de proposer une version assez hachée de l’oeuvre. Très complice avec le premier violon, très vif et élégant dans les parties solo, il rythme néanmoins l’allegro de brusques changements de tempos avec des levers de mains qui se détachent forcément un peu violemment du piano. Dans le deuxième mouvement plus lent où le piano et l’orchestre semblent se refléter, Barenboim peut mieux diriger directement depuis son instrument, où sa légèreté et sa clarté dans les arpèges emportent l’admiration. Mais du coup, dans ce passage plus harmonieux, l’on perd un peu l’identité du premier mouvement et l’on sort de l’atmosphère qui s’était installée. Véritable explosion de joie, le troisième mouvement est un moment où l’on sent l’orchestre et le pianiste donner le maximum, avec une célérité et un enthousiasme qui rayonnent, mais où l’on entre encore dans une autre perspective sur le concerto en perdant le faste d’une oeuvre de cérémonie pour aller vers une galanterie pure, légère et brusquement interrompue par le final. L’on sort un peu désarçonné de ce concerto, avec l’impression d’avoir été survolé par les notes brillantes d’une forme peut-être un peu trop ancienne ou trop disparate pour nous envelopper et nous toucher.

Dans Bruckner, la Staatskapelle était évidemment dans son élément, et tous les musiciens – des violons aux contrebasses en passant par les trompettes et les hautbois – semblaient prendre tellement de plaisir et d’intensité à jouer ensemble cette 6e symphonie, que le survol n’était plus possible. Avec tout son corps arrimé à sa baguette, le chef a aussi semblé danser de concert avec son orchestre, à l’assaut d’une matière sonore riche, fonctionnant mouvement par mouvement, sur le mode de la transfiguration. Dans le premier mouvement, ce sont les trois thèmes de la majesté, de l’inquiétude, mais aussi d’une liberté que la Staatskapelle a su mêler jusqu’à l’apothéose. Dans le deuxième mouvement, c’est la même mécanique de reprise, éclatement et recomposition de trois thèmes forts, qu’ils nous ont offerte, mais avec quelque chose de solennel et même quasiment religieux, notamment dans les cordes qui rappelaient parfois l’orgue de la messe. C’est sur ce mode spirituel qu’on a pu aborder les envolées épiques du scherzo que Barenboim a fait jouer avec une retenue très habitée. En dernière phase de cette symphonie qui fonctionne comme un voyage et une transformation, la Staatskapelle nous a offert un climat sombre et un peu magique s’envolant délicatement et sur un rythme assez régulier vers la puissance. L’initiation a fonctionné à plein pour la Philharmonie, où le public est resté longtemps pour applaudir à tout rompre Barenboim et les musiciens, si bien que le chef a du finir par prendre congé en envoyant de grands geste d’affection vers la salle. Une salle où il se produit encore ce vendredi 9 septembre, dans la symphonie concertante de Mozart et la symphonie n°7 de Bruckner. Il reste quelques places sur le site de la Philharmonie.


Mozart – Concerto pour piano n° 26, K… par Hatari1
visuel : (c) monika rittershaus

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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