[Live Report] Marie-Ange N’Guci aux Musicales de Pommiers : la relève est déjà là
Le premier weekend des Musicales de Pommiers s’est ouvert le vendredi 4 août par un récital « carte blanche » de Philippe Jaroussky, donnant le ton de la qualité non seulement des jours qui suivaient, mais également du festival dans son ensemble, y compris bien entendu de la matinale du samedi. La salle qui n’était pas remplie à son maximum montrait alors bien que “les absents ont toujours tort”…
Le lendemain matin, les Musicales proposaient au public la chance de découvrir une très jeune et tout aussi talentueuse pianiste franco-albanienne Marie-Ange N’Guci. Elle obtient à 16 ans seulement son master de piano au CNSMD de Paris où elle poursuit des études en diplôme d’Artiste interprète de piano. Comme si ce n’était pas assez, elle suit dans le même temps un cursus en master d’analyse musicale, en pédagogie, en ondes Martenot et en musicologie à la Sorbonne et a profité de son cursus pour partir une année à Vienne grâce au programme Erasmus, ce qui lui a permis de s’initier au passage à la direction d’orchestre. Elle vient à présent d’être admise, à 18 ans, en doctorat de musique à la City University de New York. Difficile, à la vue d’un tel cursus, de ne pas être admiratif !
Force est de constater que l’accumulation n’entrave en rien la qualité concernant cette jeune interprète qui proposait un récital varié débutant par la Chaconne en Ré mineur de Bach et Busoni qui laisse entendre un doigté déjà bien décidé et un choix d’interprétation personnel étonnant pour le jeune âge de Marie-Ange N’Guci. Si l’on s’interroge peut-être dans les premières notes sur le caractère un petit peu « sec » du jeu, la pianiste montre plus tard dans la même œuvre tout le liant dont elle est capable, laissant donc bien penser que le rendu est loin d’être un hasard mais bien un travail né d’une réelle réflexion. Une réflexion que l’on salue bien bas pour sa jeunesse!
La seconde pièce, Une barque sur l’océan de Ravel, est quant à elle beaucoup plus légère, appuyant les choix d’interprétation concernant Bach. La concentration est maximale pour le Prélude, l’Aria et le Final de Franck, suivis des Litanies de l’ombre d’Escaich. Le programme intelligemment pensé ne se clôt toutefois pas par ces dernières mais par la Toccata op.11 de Saint-Saëns qui ragaillardit la salle. Loin de se contenter de ce concert déjà riche, Marie-Ange N’Guci se prête à l’exercice des bis et interprète la Cadence du Concerto à une main de Ravel ainsi que la Sonate de Ligeti.
Si la timidité de la jeune pianiste et sa réserve sont des traits liés à son jeune âge, son nom n’en reste pas moins à suivre avec intérêt !
© Elodie Martinez