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[Live report] L’orchestre National de France et J-C Casadesus dans Franck et Poulenc

[Live report] L’orchestre National de France et J-C Casadesus dans Franck et Poulenc

23 December 2013 | PAR La Rédaction

Ce lundi 16 décembre la musique française était au programme de l’Orchestre National de France à Pleyel, avec Franck et Poulenc. Se glissait néanmoins entre deux une œuvre russe, comme par écho à leur concert de noël donné au cirque d’hiver ce vendredi et entièrement consacré au répertoire Russe.

Le concert commençait par Le Chasseur maudit, de César Franck. Il s’agit d’un poème symphonique qui s’inspire d’une ballade de Bürger, poète allemand du 19e : un Comte ose partir chasser un dimanche, jour saint ; il sera puni de ce sacrilège en étant maudit pour toujours. Franck propose une pièce dense dont l’orchestration est brillante d’un bout à l’autre. La direction de Casadesus est souple et déterminée ; elle rend à merveille toutes les couleurs de la partition. L’Orchestre National de France est ici à son meilleur. Mention spéciale pour les percussions et les vents, particulièrement gâtés par Franck et qui le lui rendent bien. Musique française, disions-nous, au fort accent wagnérien toutefois. Suivait ensuite l’Oiseau de feu, premier grand ballet d’un Stravinsky âgé de 27 ans et qui rencontrera un succès immédiat. Stravinsky s’inscrit dans la tradition établie par son maître Rimski-Korsakov quant à la rutilance de l’orchestre, mais fait néanmoins une utilisation très personnelle de l’ensemble des instruments : virtuosité de la petite harmonie, cuivres mordants, associés aux interventions de la harpe; du célesta, et du piano. Là encore, l’Orchestre National de France donnait une interprétation sans faute de l’œuvre, tout en nous bouleversant.

Après l’entracte, l’Orchestre nous faisait entendre le Stabat Mater de Francis Poulenc. Comme toutes les œuvres religieuses de Poulenc, le Stabat Mater fait parti des pièces les plus poignantes de la musique du 20e siècle (et nous nous réjouissons d’entendre ce compositeur dont l’anniversaire de la mort a été que trop éclipsé par Verdi ou Wagner). Le chœur de Radio France devrait être à son affaire dans ce répertoire et pourtant, les attaques manquent de netteté, l’orchestre et le chœur sont parfois décalés… Au fond, on s’étonne que cette œuvre qui semblerait naturellement la mieux convenir au chef et aux musiciens peine à atteindre la perfection de la première partie. Reste la partition, d’une puissance déchirante. On a pu reprocher à Poulenc son (néo)classicime ; ce Stabat Mater démontre au contraire que la musique de Poulenc est épurée et habitée. Il n’y a aucun artifice, aucune facilité, juste le témoignage d’une foi sincère en Dieu et en la musique (mais n’est-ce pas la même chose ?). Reste aussi la divine soprane Nicole Cabell : sa voix est chaude, suave, sensuelle. D’une grande élégance, elle permet, notamment dans le « Vidit suum » de nous rappeler que le visage de la Vierge est, au-delà de l’affliction, celui de l’amour. Finalement, Poulenc parvient à exprimer la quiétude portée par le Christ dans la liturgie chrétienne. « La confiance et le calme ne sont-ils pas à la base de toute expérience mystique ? » écrivait-il à propos des Dialogues des Carmélites ; cela vaut à l’évidence pour son Stabat Mater.

Comme souvent au concert, on repart en ayant trouvé ce qu’on n’était pas venu chercher : de la musique française, et Poulenc en demi-teinte. Une très belle soirée néanmoins.

Par Mathieu Orsi

visuels: casadesus officiel / Onf: (c) Christophe Abramowitz / Nicole Cabell: (c) (c) Devon Cass

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BRION-Christine

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