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[Live report] Amsterdam Baroque Orchestra : Le Christ et la joie de Pâques

[Live report] Amsterdam Baroque Orchestra : Le Christ et la joie de Pâques

16 April 2014 | PAR La Rédaction

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » dit le Magnificat ; en ce mardi 15 avril 2014, nous exultions et exaltions au moins un homme : Bach ! Les mots manquent pour décrire l’effet d’une œuvre aussi géniale que la Passion selon Saint Matthieu. Bach est à l’évidence un des piliers de la foi, comme Pasolini. Dieu que cet évangile inspire !

La Passion selon Saint Matthieu est une œuvre qu’on entend sans cesse, mais elle produit chaque fois la même allégresse chez l’auditeur. Pourvu que la partition soit respectée par le chef. Ce qui était – ô combien – le cas à Pleyel ce soir-là.

Ton Koopman dirigeait son Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, épaulé par le Jeune Chœur de Dordogne pour la première partie.

La Passion de Matthieu date du vendredi saint de 1727 et a la particularité d’être dotée d’un double chœur. Contrairement à la Saint Jean, presque intimiste, la Saint Matthieu est un chef d’œuvre opulent – on se souvient du chœur façon légion que nous avions entendu au Théâtre des Champs-Elysées en 2005, sous la direction de Kurt Masur. Même si Pleyel n’est sans doute pas la meilleure salle du monde, Koopman parvient à faire passer toutes les émotions de l’œuvre.

Au jeu de « sur une île déserte, qu’emporteriez-vous ? », Bach est la réponse certaine. Et s’il fallait choisir une œuvre du Kantor, sans doute que notre cœur nous porterait vers celle-là. Car que de splendeurs! Le chœur d’ouverture d’abord Kommt, ihr Töchter, helft mir klagen, qui met en balance la fille de Sion (qui ne se prépare plus comme dans l’Oratorio de Noël – Bereite dich Sion – ni ne se réjouit comme dans le Messie – Rejoice, rejoice, daughter of Sion), portée par le premier chœur, et la foule qui questionne Wohin, Wie, Wen…, portée par le second. Sur ce même jeu du chœur répondant, citons également l’aria Sehet, Jesus hat die Hand de l’alto dans la deuxième partie ; le chœur répond au soliste :

“Sehet, Jesus hat die Hand, Uns zu fassen, ausgespannt, kommt! Wohin? In Jesu Armen Sucht Erlösung, nehmt Erbarmen, suchet! Wo? In Jesu Armen.”. Soit : « Vois, Jésus a la main tendue pour nous saisir, viens ! Où ? Dans les bras de Jésus. Prends pitié, recherche la rédemption. Où ? Dans les bras de Jésus. »

Le jeu autour du mouvement (Wohin) et de l’apaisement par le statique (Wo) est génial. Peut-on entendre cela sans pleurer ? Il faudrait citer encore les arias Blute nur ,  Ich will bei meinem Jesu wachen, Mache dich, mein Herze, rein, Gebt mir meinen Jesum wieder !

L’interprétation de ce soir était d’excellente tenue. On notera surtout la prestation d’un Evangéliste exceptionnel, Tilman Lichdi. Sa voix est puissante, douce et soyeuse à la fois. Lichdi est en outre un excellent acteur – roulant des yeux, durcissant le ton… Kurt Equiluz est égalé. Signalons encore le contre-ténor Maarten Engeltjes, épatant, ainsi que la basse Klaus Mertens. On regrettera que la soprano Hana Blazikova n’ait pas la voix ad hoc (trop éteinte, presque étouffée, même si la technique est parfaite), pas plus que le Christ de Kalko Hönisch (écrasé par Lichdi). Enfin, le ténor Jörg Dürmüller – avec son petit cheveu sur la langue – n’offre pas une prestation d’anthologie.

Et nous n’avons pas parlé du chef ! Koopman est un petit homme qui irradie de joie. Sa direction est une des plus alertes que nous connaissons. Et c’est à l’évidence ce qu’il faut : de la joie, car nous sommes finalement sauvés !

Par Mathieu Orsi

Visuels: Koopman © DR Salle Pleyel / Tilman lichdi © Jutta Missbach

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BRION-Christine

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