Classique
Le triomphe de l’Amour d’Orfeo ed Euridice

Le triomphe de l’Amour d’Orfeo ed Euridice

15 November 2013 | PAR Bérénice Clerc

 

Laurence Equilbey, Franco Fagioli, Malin Hartelius, Emanuelle de Negri, Accentus et Insula orchestra se sont donnés rendez-vous au carré Bellefeuille de Boulogne-Billancourt le 9 novembre pour donner un nouveau souffle et interpréter à merveille la partition d’Orfeo Ed Euridice de Gluck.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, une bise fraîche caresse Boulogne quand les spectateurs entrent au carré Bellefeuille le 9 novembre, heureux de découvrir la nouvelle production de Laurence Equilbey et son jeune orchestre Insula soutenu par le Département des Hauts de Seine.

La salle comble applaudit toute l’équipe, le concert peut commencer.

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Orfeo ed Euridice comporte trois actes, après une ouverture joyeuse et enlevée, l’acte un est une scène de déploration. Ofeo et le chœur  se lamentent sur le tombeau d’Euridice. Seul, séparé à jamais de son unique amour, Ofeo veut en finir avec la vie. Amour lui propose de retrouver Euridice en Enfer à la seule condition de ne pas lui parler de cette proposition, de ne pas l’étreindre ni de la regarder sur le chemin de retour de l’Enfer. Proposition impossible pour qui a un jour aimé, Orfeo feint difficilement l’indifférence ; Euridice ne comprend pas le peu de marques d’affection, Orféo cède à l’envie de la regarder et de la toucher, il la perd à nouveau, souffre encore, mais avant le trépas, Amour revient pour triompher et lui rendre sa bien aimée.

Plusieurs versions existent de cet opéra, Gluck comme tout compositeur a retouché, modifié réinventé son œuvre, Laurence Equilbey tisse de fil d’or une version unique basée sur l’originelle de Gluck de 1762 composée pour Castrat en Italien dans le texte.

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Franco Fragioli est  l’un si ce n’est le meilleur des contre-ténors actuels, la beauté de sa voix et ses prouesses techniques ont peu d’égal.

Dès les premières notes l’orchestre se montre précis, fin, enlevé avec un niveau sonore et une interprétation propre, rare pour sa jeunesse.

Les spectateurs plongent en musique dans la vie d’Orfeo, Franco Fagioli est le personnage, sa voix ourlée finement dans les aigus déploie des graves magnifiques et son interprétation dépasse les limites du concert pour emporter les spectateurs éblouis qui ne cesseront de l’applaudir après chaque “solo». Souffrance de la perte, le théâtre semble inscrit dans la musique, le texte semblable à une partition, vibre à chaque respiration. La palette sonore est vaste, les reliefs multiples, Laurence Equilbey mène une danse chromatique précise, souple, contrastée et permet à chaque instrument d’exister, seul, ensemble, en partage avec le chœur, l’orchestre et les solistes.

 

Accentus, Issy-le-Moulineaux, novembre 2012

Tout est nécessaire, rien n’est superflu, les solistes excellent d’expressivité, pas de cabotinage, le plaisir de faire renaitre une légende, la joie de jouer ensemble et de donner aux spectateurs la vie en musique.

Les entrées du chœur Accentus soulèvent la salle, les percussions coupent le souffle, les émotions sont multiples, la douceur de la flute traversière, les vents, le clavecin, la harpe, les cordes, les voix rien n’est laissé au hasard par la chef d’orchestre du multiple, elle crée l’unique avec humilité concentration, elle est happée par l’histoire qu’elle fait naître avec beauté.

Franco Fagioli, sublime Ofeo, le niveau vocal et théâtral est très haut, Malin Hartelius et Emanuelle de Negri font naître avec lui une patte sonore, sensuelle, violente, caressante et déchirante comme la vie.

Une fois de plus Laurence Equilbey fait preuve d’une excellente intuition quant au choix de sa partition, de ceux qui lui donneront vie et montre un niveau d’exigence et de travail rare.

La barre est très haute et les obstacles tous sautés avec élégance, panache et vitalité indispensable à l’art. Le final est somptueux, les spectateurs ne veulent plus arrêter d’applaudir, un bis les réjouit et les ferait presque chanter, ils applaudirent encore longtemps, mais la vie parisienne doit reprendre et les histoires retrouver leur boîte de Pandore à ouvrir le plus souvent possible. L’Amour triomphe toujours !

En Avril 2015 Ce concert sera gravé en disque chez Naïve pour une sortie à l’automne 2015. D’ici là n’hésitez pas à aller applaudir Insula Orchestra en Ile de France ou ailleurs.

Deux flashmobs de luxe ont eu lieu au château de Versailles, certains chanceux ont participé ou ont pu les applaudir, pour les autres deux vidéos ici et vous invitent au voyage.

Vous pouvez découvrir les mots, les photos et le Paris de Laurence Equilbey dans notre guide Le meilleur de la culture à Paris !

 

 

 

 

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Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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