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Au Harpa de Reykjavik, merveilles de romantisme avec l’Orchestre symphonique de Göteborg

Au Harpa de Reykjavik, merveilles de romantisme avec l’Orchestre symphonique de Göteborg

21 March 2018 | PAR Alexis Duval

Accompagnée de la pianiste Hélène Grimaud, la formation dirigée par le chef finlandais Santtu-Matias Rouvali a remporté tous les suffrages avec un beau programme Strauss-Beethoven-Sibelius.

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Un écrin rouge gigantesque pour un programme déployant une palette si large d’émotions. Dimanche 18 mars, la salle Eldborg du Harpa de Reykjavik, la plus grande d’Islande, accueillait l’Orchestre symphonique de Göteborg le temps d’un concert exceptionnel à tous points de vue. Strauss-Beethoven-Sibelius : trois compositeurs auxquels la formation suédoise dirigée par le tout jeune chef finlandais Santtu-Matias Rouvali a rendu un hommage sublime et passionné.

Le Chevalier à la rose, Suite a ouvert le bal. Tirée de l’opéra Der Rosenkavalier sur un livret de Hugo von Hoffmannsthal, cette oeuvre est une adaptation dont Richard Strauss a autorisé la publication en 1945 mais qu’il n’a pas conçue à proprement parler. Le Harpa, salle de concert à l’acoustique excellente, s’est révélé parfait pour laisser s’épanouir les accents lascifs de ce monument de raffinement. Grâce à l’agilité de la baguette de Santtu-Matias Rouvali, la petite trentaine, tunique noire et mocassins rutilants, le lyrisme et l’onirisme de la Suite, incarnés notamment par les harpes très marquées, prennent vie. L’amusement de l’orchestre, en particulier de l’espiègle premier violon, et de son chef sont contagieux.

Place ensuite à Beethoven et son Concerto pour piano n°4. Pour accompagner l’Orchestre symphonique de Göteborg, c’est Hélène Grimaud qui fait son entrée sur scène. Tenue noire, tunique et pantalon amples, chaussures brique, la pianiste française, sans partition, a une fois de plus fait corps avec son instrument. Au point de laisser échapper un petit gémissement dans le deuxième mouvement. La passion et le tourment sont des indépassables dans cette oeuvre magistrale en trois mouvements. De quoi permettre à la virtuose de montrer toute l’étendue de son talent.

Rare complicité

Pièce technique, le Concerto développe des tons tantôt mélancoliques, tantôt assertifs. Dès lors, comment faire pour que piano et instruments se répondent harmonieusement dans les cascades de notes ? Un jeu d’enfant pour Hélène Grimaud : spécialiste de Rachmaninov, elle est aussi à l’aise dans le répertoire pour piano seul que pour les partitions avec plusieurs autres instruments – même si elle avait quelque peu déçu lors de son dernier concert à la Philharmonie de Paris. Les sourires échangés entre la soliste et le chef témoignaient d’une rare complicité. Les deux petits accrocs dans le troisième mouvement n’ont eu aucune incidence sur le plaisir des 1800 spectateurs du Harpa, qui ont allègrement applaudi la pianiste et l’orchestre.

Clore un programme sur la Symphonie n°1 de Jean Sibelius, c’est le finir et l’ouvrir en même temps. Ecrite en 1899 dans le sillage de Tchaïkovski, rarement jouée, la Première du maître finlandais est un petit bijou en trois mouvements annonciatrice de ses plus grandes compositions. Le poème symphonique, forme chère au génie de Hammenlinna, n’est pas loin. L’Allegro moderato déploie de doux accents romantiques dans un océan de mysticisme. Une formule qu’on pourrait appliquer à plus d’une oeuvre de Jean Sibelius.

La direction de son compatriote Santtu-Matias Rouvali s’est révélée irréprochable durant toute la symphonie, signe d’une impressionnante maîtrise de l’équilibre entre énergie et de subtilité. Les lignes mélodiques grandioses ont pris forme sous sa baguette, jusqu’à la fin du bis, la sublime Valse triste du même Sibelius. Terminer la soirée sur un déluge de cordes révèle également le talent de l’Orchestre symphonique de Göteborg et de son chef pour établir un programme cohérent dans son élégance.

Retrouvez la présentation de la Symphonie n°1 de Jean Sibelius par le chef Santtu-Matias Rouvali lors du concert que l’Orchestre symphonique de Göteborg a donné au Berliner Philharmoniker en janvier 2017.

Crédit photo : Alexis Duval

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