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Festival international de piano La Roque d’Anthéron : Éliane Reyes et Jean Rondeau

Festival international de piano La Roque d’Anthéron : Éliane Reyes et Jean Rondeau

27 July 2018 | PAR Victoria Okada

On ne présente plus Le Festival international de piano La Roque d’Anthéron, « La Roque » pour les familiers, devenue un temple mondial du piano, où on a le plaisir et le privilège de pouvoir entendre une pléiade d’interprètes internationaux, de grands maîtres aux jeunes émergeants. Autour du site historique du parc du château de Florans, avec la fameuse « coque » acoustique et un gradin de 1800 places, les lieux de concerts s’étendent sur différentes villes de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur : Aix-en-Provence, Marseilles, Arles, Rognes, Lambesc, Lourmarin…

Hormis quelques exceptions (en principe pour les récitals d’orgue et de clavecin), les concerts se déroulent en plein air, sur des sites magnifiques et originaux, avec vue sur mer ou sur pleine : Théâtre Sylvain et sur le Toit-Terrasse de La Friche la Belle de Mai à Marseille, dans la cour du Musée Granet à Aix-en-Provence, parvis de l’église de Lambesc, Théâtre Antique d’Arles… Au début du concert, à 21 heures ou 21 heures 30, on entend encore quelques cigales égarées qui continuent à chanter.

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Récital d’Éliane Reyes au Théâtre des Terrasse de Gordes

C’est dans un de ces sites, au Théâtre des Terrasse de Gordes qui surplombe une vaste pleine, que la pianiste belge Eliane Reyes a donné un récital de Valses de Chopin, le 24 juillet. Le programme constitué de dix-sept Valses (y compris les deux bis), qui suit presque chronologiquement, commence par la Grande Valse brillante en mi bémol majeur op. 18 et se referme par une autre Grande Valse, en la bémol majeur op. 42. Son jeu, élégant et aérien, privilégie parfois des voix secondaires ou inférieures, soit comme un contre-chant (op. 69-1), soit comme un véritable deuxième motif thématique (op. 64-2). Ces mises en relief sont toujours cohérentes et de bon goût, sans aucune excentricité ni maniérisme dans lesquels certains interprètes tombent facilement en essayant d’accentuer autre chose que la ligne mélodique de la main droite. Sa main gauche qui marque le rythme de valse n’est jamais lourde, mais d’une belle légèreté qui sert de véritable soutien à la mélodie principale, pour que celle-ci chante de plus bel éclat. Un récital avec uniquement ces pièces à trois temps risque d’être monotone, mais Éliane Reyes varie à l’infini les expressions et le parcours ressemble ainsi à une sorte de roman ou à un conte, faisant ainsi preuve d’une musicalité exceptionnelle.

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Récital de clavecin F. Couperin et J. S. Bach par Jean Rondeau

L’Abbaye de Silvacane, un autre endroit magique, se transforme chaque année pendant quelques jours de la fin du mois de juillet, en un haut lieu de clavecin. C’est dans son cloître que se succèdent les meilleurs clavecinistes du moment, de toutes générations confondues. Parmi eux, Jean Rondeau. Il fait lui aussi partie de cette nouvelle génération décompressée, tout comme Justin Taylor (qui a un autre style). Le 25 juillet, il apparaît simplement chaussé d’espadrilles aux talons écrasés. Il propose un double portrait de François Couperin et de Johann Sebastian Bach en deux temps, chaque partie étant introduite par une improvisation dans le style du compositeur. La plupart des pièces choisies sont introspectives, caractère souligné par son interprétation posée. Même la célèbre Chaconne (extrait de la Partita pour violon en ré mineur BWV 1004), une œuvre pourtant très virtuose, paraît relativement calme, sans ce côté tumultueux que l’on a tendance à insister. Mais cette tranquillité apparente pourrait être là pour un rendu mieux adapté à son instrument, étant donné qu’il choisit de la jouer — et quel choix ! — dans la transcription de Brahms, composée dans la période dite « romantique » pour la main gauche seule (mais il joue à deux mains) et destiné au piano. Autant dire que cette transcription possède originellement une nature totalement différente d’une pièce écrite pour clavecin. Sans exubérance, il joue chaque note comme pour chérir quelque chose d’extrêmement précieux, non seulement dans la Chaconne mais dans toutes les œuvres du programme.
Les oiseaux chantaient à cœur joie et à profusion dans la cour du cloître, il a ainsi voulu proposer comme bis Le Rappel des oiseaux de Rameau, mais finalement il est resté sur Couperin et repris Les Barricades Mystérieuses qu’il avait interprétées à la fin de la première partie.

Photos : Eliane Reyes © Manuel Gouthiere ; Jean Rondeau © Christophe Grémiot ; Parc de Florans © Florent Gardin

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Victoria Okada

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