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Concours Long-Thibaud-Crespin : Premier tour violon

Concours Long-Thibaud-Crespin : Premier tour violon

05 November 2018 | PAR Victoria Okada

Le Concours international Long-Thibaud-Crespin a repris le 1er novembre pour une édition violon, sous la direction artistique de Renaud Capuçon. Après deux jours de l’épreuve éliminatoire (2 et 3 novembre) à la Salle Cortot, les noms de douze demi-finalistes ont été dévoilé le 3 novembre au soir.

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Renouveau du concours prestigieux
Le Concours, qui avait connu ces derniers années un déclin significatif, comme le symbolisait l’annulation de quelques éditions, est de retour avec d’importants changements. Bernard Volker, élu président de la Fondation Long-Thibaud-Crespin en 2017, et son secrétaire général Patrick Collard, ont confié la direction artistique à Renaud Capuçon. Afin d’honorer les trois artistes dont le Concours porte les noms, le violoniste a imaginé un concours qui ne ressemblera pas à tant d’autres. Il a ainsi fait appel à un jury jeune et varié, constitué de violonistes solistes bien sûr, mais aussi de chambristes, de chefs d’orchestre, de directeurs de festivals… Pour le programme, la polyvalence prime, plus conforme à la réalité actuelle de la vie de musicien et également pour mettre en lumière tous les aspects du violon. Ainsi, tout en conservant les œuvres majeurs du répertoire, on peut entendre tout au long des épreuves la fantaisie de Schumann, Le Bœufs sur le toit de Milhaud, les fantaisies de Telemann, une création de Camille Pépin (finale récital), l’« Andante » du trio n° 1 pour violon, violoncelle et piano de Schubert, le mouvement lent du concerto en ut majeur de Haydn (pièce imposée pour le finale concerto). Toutefois, les six concertos répartis sur deux listes (Beethoven, Brahms, Mendelssohn pour la liste A et Tchaïkovski, Dvorak et Sibelius pour la liste B) pour l’ultime épreuve sont des œuvres les plus habituelles du finale de tous les concours et on aurait voulu un peu plus d’originalité. Pourquoi ne pas insérer par exemple ceux de Bruch, Glazounov, Prokofiev, Khachatrian, Korngold… ou encore, pour inciter les jeunes violoniste à élargir et approfondir le répertoire moderne et contemporain, des œuvres de Pärt, Feldman, Schoenberg, Rautavaara, Barber, Dutilleux, Gade, Martinu, Miaskovski, Respighi, Szymanowski et bien d’autres… ? (Tout en sachant la spécificité du concours et celle d’œuvres qui correspondent plus que les autres aux critères de jugement.)

Parmi les 49 candidats présélectionnés en mai et en juin dernier dans dix villes à travers le monde (Londres, Paris, Amsterdam, Berlin, Vienne, Moscou, Pékin, Seoul, Tokyo, New York), 42 ont manifesté leur intention de concourir à Paris, mais seulement 37 d’entre eux se sont finalement présentés au premier tour à la Salle Cortot. Ils ont joué chacun un programme de 20 minutes composé de trois œuvres : sonate pour violon seul BWV 1001, 1003, 1005 de J.S. Bach (au choix, deux mouvements) ; sonate n° 2 pour violon seul en la mineur « Jacques Thibaud » opus 27 de Ysaÿe (un ou deux mouvements) et le premier mouvement du concerto pour violon n° 1 en si bémol majeur K. 207 de Mozart, avec la cadence de son choix.

Les douze demi-finalistes
Après 8 heures d’auditions quotidiennes sur deux jours, les douze candidats suivants ont été annoncés pour le demi-finale.

– Misako Akama (Japon, 25 ans)
– Christina Brabetz (Allemagne, 24 ans)
– Anna Göckel (France, 26 ans)
– Mayumi Nakagawa (Etats-Unis, 24 ans)
– Honoka Kishimoto (Japon, 24 ans)
– Daniel Kogan (Russie/Canada, 25 ans)
– Thomas Lefort (France, 24 ans)
– Raphaëlle Moreau (France, 21 ans)
– Dmitry Smirnov (Russie, 24 ans)
– Louisa Staples (Royaume-Unis, 18 ans)
– Diana Tishchenko (Ukraine, 28 ans)
– Arata Yumi (Japon, 26 ans)

Voici quelques remarques générales que nous avons relevées durant l’épreuve pour chaque candidat.
Misako Akama a une véritable palette d’expressions, se montrant à la fois passionnée et introvertie (Ysaÿe), légère (Mozart) et contrastée (Bach) avec une sonorité large.
Anna Göckel est la seule à jouer avec deux archets, baroque (Bach) et moderne (Mozart et Ysaÿe). Elle se distingue avec un jeu admirablement transparent dans Bach, mais était un peu trop prudente dans Ysaÿe.
Mayumi Nakagawa, d’une étonnante maturité, fascine l’auditoire avec une sonorité bien propre à elle seule. Elle joue en chérissant chaque note, et son interprétation transmet sa joie de « faire de la musique » tout simplement.
Daniel Kogan et Dmitry Smirnov sont les plus originaux de tous les candidats. Leur conception de la musique est inimitable, même si tout ne fonctionne pas — on aperçoit quelques confusions dans les traitements du son (Smirnov produit le son à une tendance baroque mais souvent à sa manière) ou de discours (on dirait que la sonate de Bach jouée par Kogan évoque un conte, voire une musique à programme tellement on interprétation est figurative, ce qui n’est pas dépourvu d’intérêt). Quoi qu’il en soit, leurs talents débordants ont certainement besoin d’être canalisés à certains moments…
Les deux autres Français, Thomas Lefort et Raphaëlle Moreau, ont fait preuve d’une belle profondeur expressive et d’une grande sensibilité, avec une construction interprétative solide de chaque œuvre. Leur élégance semble être un avantage en plus.
La Britannique Louisa Staples, 18 ans, est une grande musicienne. Des « bravos » d’admiration dans l’auditoire dès la fin de sa prestation, en dit long pour sa musicalité exceptionnelle. On attend avec impatience sa prestation au demi-finale, et espère l’entendre encore au finale.
Arata Yumi a un métier, avec un jeu très dynamique. Outre une sonorité riche et colorée, il a un sens aigu du caractère et du style pour chaque phrasé.

Comme dans chaque concours, il y a des choix du jury qui surprend. C’est le cas de Christina Brabetz, de Honoka Kishimoto et de Diana Tishchenko, qui ne nous ont pas paru avoir atteint à un stade pour passer au demi-finale, d’autant que parmi les non-sélectionnés, certains semblent plus aptes à concourir par la suite. Ainsi, Shuichi Okada (France, 22 ans), Hanghyeon Park (Corée du Sud, 26 ans) et Ryosuke Suho (Japon, 23 ans) nous ont pleinement convaincus par leurs profondeur, dynamisme et musicalité qui nous fait croire fortement leur passage à l’étape suivant…

Les demi-finales auront lieu à la Salle Cortot le lundi 5 novembre 16 h et 19 h et le mardi 6 novembre 10 h et 13 h 30 (Entrée : 10 € la journée, 15 € les deux jours)

Les deux finale auront lieu à l’Auditorium de Radio France, le 7 novembre à 15 h et à 20 h pour le finale récital et le 9 novembre à 20 h puis le 10 novembre à 19 h (suivi de la délibération) pour le finale concerto.

Toutes les information sur le site du concours

photo : Renaud Capuçon © S. Fowler

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