Chanson
Mai 68 :  la mémoire musicale de Léo Ferré en deux albums.

Mai 68 : la mémoire musicale de Léo Ferré en deux albums.

26 April 2018 | PAR Bertille Bourdon

La Mémoire et la Mer et les éditions Méridian publient deux albums en ce printemps de célébration du cinquantenaire de Mai 68 : la compilation Léo Ferré Mai 1968 et La Souterraine, C’est Extra. Ce dernier album réussit à faire sortir le répertoire de Ferré de son cercle d’ écoute habituel. extra

« Paris du vingt-deux mars et de la délivrance 
Ô Paris de Nanterre, Paris de Cohn-Bendit 
Paris qui s’est levé avec l’intelligence.
Ah! Paris quand tu es debout 
Moi je t’aime encore »

Après avoir taillé un costard à la ville embourgeoisée tout au long de Paris, je ne t’aime plus (Amour Anarchie, 1970), Ferré est prêt à renouer avec elle lorsqu’elle adopte l’idéal de Mai 68, qui vient bousculer la ronronnante Sorbonne et « le beau syndicat qui reste à la maison » le 1er mai. Cette posture fait de Ferré l’artiste, la voix de Mai 68.

Pour preuve, ce concert du 10 mai 1968, date qui restera sous le nom de la nuit des barricades : cette nuit là est le point de bascule des luttes, puisqu’en réaction à la violente répression des manifestations étudiantes, les syndicats s’allient au mouvement. Ce soir là, avant les combats de rue entre CRS et étudiants, c’est le concert annuel que donne Léo Ferré à la Mutualité en soutien au journal anarchiste Le Monde Libertaire. Cette année là, il est particulièrement fédérateur. Ferré était déjà adopté par les étudiants, il est l’un des seuls qu’ils s’étaient choisi comme étendard.

Ce concert mythique est désormais disponible grâce aux éditions La Mémoire et la Mer. Un document inédit, publié dans une compilation en trois albums Léo Ferré Mai 1968, célébrant l’image (un peu attendue) du révolutionnaire et de l’anarchiste. L’édition de ce concert tient de la relique, et ravie certainement les nostalgiques de 68, mais pour les autres…

La Souterraine, C’est Extra : sortir de la compilation hommage

Grand bien nous fasse, nous les auditeurs de Léo Ferré bien revenus de 68, La Souterraine (ce site qui déniche des artistes francophones) a été contactée par les mêmes éditions La Mémoire et la Mer pour proposer à ses artistes de revisiter le répertoire. Avec un cahier des charges qui entre totalement dans la démarche de La Souterraine : ne pas reprendre les classiques – trop classiques Avec le temps, Jolie Môme – afin d’éviter la compilation hommage souvent embarrassante. Certes, on retrouve Les Anarchistes, mais aussi des morceaux moins connus, comme cette reprise audacieuse de La Mauvaise graine par Maud Octallin.

Aquaserge (Julien Gasc et Benjamin Glibert) rejoints par Emile Sornin de Forever Pavot ont composé la musique de près de la moitié des titres, ce qui construit une unité et fait de ces reprises un album à part entière. L’interprète de chaque titre ne s’efface pas derrière l’écriture, mais se l’approprie, signifiant du même coup que les textes ne sont pas poussiéreux : c’est P.r2b (nouvelle recrue souterraine) qui ouvre l’album et montre d’emblée par son adaptation onirique du morceau Tu ne dis jamais rien la modernité qui y réside.

Malgré ces partis pris, les titres choisis ne renient pas l’image politique de Ferré, notamment avec la reprise du titre de 1953 déjà critique de la société de consommation Vitrines par Aurore Chevalier ou celle, époustouflante et pourtant si naturelle du final de L’opéra du pauvre par Gontard. Mention spéciale pour Les Anarchistes repris par Les Villars, où le groupe établit une distance ironique avec le monument en laissant entendre « les anar… chistes », une pichenette affecteuse à ces nostalgiques du Ferré de Mai 68 ?

Faire vivre sur scène ces titres dans une nouvelle formule : sous la forme l’Extragroupe les artistes se redistribuent, se partagent l’album et rajoutent de nouveaux titres pour cette création live qu’on peut retrouver :

À Beaubourg le 28 avril et à Petit Bain le 20 juin.

Le disque est hébergé sur le site de la Souterraine en même temps qu’il est distribué par Universal. Il sort le 27 avril.

À écouter :

Le titre de P.r2b, Tu ne dis jamais rien

L’émission du Ferré Club sur Radio Libertaire consacrée à La Souterraine, C’est Extra, avec Benjamin Cascherra de La Souterraine et P.r2b (et tous les autres émissions de ce créneau dédié à Léo Ferré !)

L’émission Par les temps qui courent sur France Culture, avec Mathieu Ferré et P.r2b

Visuel : La Souterraine

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Bertille Bourdon

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