Chanson
[Live report]  Michel Boujenah, Nourith et la  Chorale Moran chantent pour la paix

[Live report] Michel Boujenah, Nourith et la Chorale Moran chantent pour la paix

27 May 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Lendemain de cuite. Le FN en tête des élections européennes. Un attentat antisémite à Bruxelles. Il en fallait de la force pour “rire encore”. Cette force-là est une alliance de deux associations formidables Beit Esther et les Amis de la chorale Moran.


“C’était la pensée française qui entrait à Jérusalem”, c’est avec ces mots qu’Henri Cohen Solal, directeur de Beit Esther évoque l’arrivée de la psychothérapie institutionnelle, entendez les travaux de Dolto par exemple, en Israël, voilà plus de trente ans. L’Association Beit Esther a pour but de développer des projets de médiation dans le domaine social, culturel et éducatif auprès des populations jeunes et adultes en grande détresse des quartiers défavorisés d’Israël. La chorale Moran elle, est dans les mêmes soucis d’écoute et de dialogue, via le médium du chant. Par son travail, elle permet à la fois à des jeunes en difficulté de reprendre confiance en eux et d’apporter leur secours à d’autres : des enfants en difficulté, des jeunes aux besoins particuliers, des enfants cancéreux à l’hôpital Schneider et des jeunes éthiopiennes.
La soirée se déroule dans un Espace Rachi dont le service sécurité est légitimement anxieux. En bon maître de cérémonie, Michel Boujenah rie et fait rire pour ne pas pleurer : “il faut rire encore sinon nos amis vont croire que nous sommes morts”. Il alterne dans une forme archétypale de l’humour juif, le dépassement de la peine par la joie.
Une fois les visages détendus, le chant vient entrer dans nos corps. C’est Nourith qui entre en scène, majestueuse et de sa voix puissante, elle transcende, en compagnie de deux excellents musiciens, Franck Benguigui à la guitare et Yves Marie Dien aux percussions.
Elle chante quatre titres en hébreu, le premier nous dit-elle, parle d’une séparation amoureuse, pourtant, tout comme l’humour est à double sens, ici, le rythme donne au public l’envie immédiate de danser. Elle continue avec une chanson sans titre à l’émotion forte, “Dancing” et prolonge ce court spectacle de deux chansons toutes aussi poignantes.

Elle doit malheureusement quitter la scène pour laisser la place à la Chorale Moran, sans que Michel Boujenah n’ait occupé l’espace en se livrant : “Un jour j’ai décidé de retourner la machine, on ne rigolerait plus de moi, je ferai rire les gens”.
L’entrée de la trentaine de chanteurs se fait dans un effet de Dolby stéréo. Ils entourent les spectateurs et entament une chanson très célèbre du répertoire israélien “yerushalaim shel zahav”, Jérusalem ville d’or, hommage aux trois religions.
Ils sont très jeunes mais ont une présence émouvante. La chorale est majoritairement féminine et elle est dirigée par Naomi Faran qui n’hésite pas à englober le public dans son chœur. Avec humour, prestance et émotion, elle enchaîne les rythmes différents, tel un chant pour enfant, ou plus sombre, des psaumes et prières, tels “El Male Rahamim” ou “Mi aich”. Les voix se distinguent, les talents se repèrent. Le final est une pure beauté. La chorale entame “Zamman al Salam”, une chanson chantée en 1994 lors des accords d’Oslo pour la paix entre israéliens et palestiniens, le chœur était constitué de chanteurs israéliens et palestiniens.

Une très belle leçon de paix.

Visuel : ABN

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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