Chanson
[Live report] M au festival Chorus

[Live report] M au festival Chorus

11 April 2014 | PAR La Rédaction

M tel une divinité du rock, tel un mythe encore vivant de la pop française, en rien ringard, en tout moderne, entre en scène pour clôturer cette dernière soirée du Festival Chorus

Sur le parvis de la Défense, un concert qui parait sans surprise, car on sait que quand on va le voir, on va passer un bon moment, voir un excellent moment. Le cadre du Festival, la qualité de sa programmation ne fait aucun doute, nous sommes bien au Festival Chorus des Hauts de Seine, un des Festival au budget les plus importants en France avec Rock En Seine, les Vielles Charrues. Ce festival a les moyens de proposer aux franciliens et alto séquanais ce qui se fait de mieux en France même si ce n’est pas le Festival le plus important, il est un des plus longs et se déroule sur tout le territoire des Hauts de Seine: de Gennevilliers à Bagneux en passant par Nanterre et enfin la Défense.

Sur ce parvis y est installé une sorte de chapiteau en bois, un Magic Mirror et collé à lui une grande bulle blanche (assez laide au demeurant, en tout cas sans classe) à l’intérieur de laquelle la grande scène y est installée. De la taille d’un grand gymnase deux mille personnes attendent l’étoile de la musique française. Tout droit sorti, comme Aphrodite de la cuisse de son père, ce guitariste hors norme en France commence son concert. Une série de morceaux de ses derniers albums se succèdent avec la présentation de nouvelle guitare à chaque nouvelle chanson interprétée. On sait que notre héros ne chante pas vraiment, il a cette voix aiguë qui navigue entre haute fréquence – voix de tête, et une voix plus parlée, mais son contrôle de la mélodie et des harmonies font que l’on se retrouve très vite avec la justesse des notes dans ses différents albums. Ses chansons sont des poésies qui racontent des histoires courtes de sentiments autour d’un seul personnage qu’il est lui même, qu’il a créé pour se représenter sur scène, à l’instar d’un Prince à la française, où ses textes mêlent poésie érotisme irrévérence et engagement dans l’hédonisme. Sans grand sens critique affirmé, il arrive à passer quelques messages sous couvert d’un groove assuré.

Mais comme Prince il sait s’entourer de musiciens, là, ils n’étaient que deux avec lui mais quel bonheur !  Quelle prouesse de réussir à faire lever une foule avec seulement trois musiciens. Brad Thomas Ackley qui joue une guitare très particulière, mêlant basse et guitare, ainsi que des éléments électroniques incrustés dans l’instrument, afin de jouer des sons supplémentaires, enchaine des riff et des rythmiques de guitares rock/pop qui accompagne le chant et les solos du prince français en passant à la basse sans changer de manche pour appuyer le groove des morceaux plus funk ou des rythmes reggaes. Au milieu du concert afin de laisser la star se reposer, il se lance dans un solo avec son instrument bizarre et coloré mélangeant sons enregistrés et solo de guitare, ce solo évidemment ne peut pas ressembler au solo que fait le chanteur pendant tout le concert, il se doit d’être diffèrent. Somptueux moment de musique électropop.

Lawrence Clais à la batterie. Ce qui est merveilleux en percussion ou en batterie c’ est quand on a la sensation que le musicien connait les morceaux, les chansons et que du coup il n’est pas juste un batteur qui accompagne un groupe quelconque mais un virtuose. Dans ce concert il prouve qu’un batteur peut accompagner le texte et cette connaissance lui permet d’agir en toute liberté avec des breaks complexes et puissants qui donnent au public la sensation d’une grande maitrise et d’une grande liberté. Seul le solo était bizarrement très banal.

La force de ce concert est dans ce trio, l’orchestration est magistrale, nette, avec très peu de moment de faiblesse, des phases de repos pour les musiciens comme pour les spectateurs sans pour autant arrêter le show. Car il s agit bien d’un show, un show a trois têtes qui s’écoute et qui apprécie de jouer ensemble. L’honnêteté de ce spectacle à ce niveau de production est rare. La générosité du chanteur impeccable, invitant même les musiciens de l’Ultrabal à venir partager la scène, invitant même un jeune garçon (6-7 ans ) à chanter faux mais toute une chanson, avec le public qui chante, qui est là et qui accompagne.

Ce concert est un instant magique et unique.
La particularité des concerts où l’on connait quasiment tous les morceaux , et c’est ce que j’apprécie tout particulièrement, c’est que, quand ces chansons sont reprises, on a la sensation de les entendre pour la première fois. C’est cette sensation que j’ai eu quand j’ai entendu “Mamasai” ou “je dis M”. Mais un article ne serait pas un article sans un certain nombre de bémols car que l’on le veuille ou non il y en a eu. Comme le côte “déjà vu” des lumières avec une absence d’audace dans les moments d’improvisations, particulièrement au moment des invités, où le spectateur était bien plus aveuglé par les “blinds” que passionné par ce qui se passait sur scène. Un autre bémol c’est le prix des places et le caractère peu “populaire” du public. Est-ce parce que le prodige ne touche qu’un certain type de public ? Ou est- ce juste parce que le prix des places pour ce concert était trop important en dépit du fait que ce soit un festival subventionné? Mais la question que je me pose, c’ est celle de savoir pourquoi cet artiste ne joue qu’en France et dans une zone francophone bien délimitée? alors que son talent ne peut être barré par la langue française. C’est vrai que l’on pourrait considérer qu’au vu de ce qu’il fait il ne serait pas très original, mais en fait il l’est. Il est original tous les grands artistes s’inspirent des autres et c’est ce qui fait l’art, la création brute n’existe pas. Il va chercher dans le cœur de son public et les yeux des fans qui le regardent une profonde inspiration qui le pousse et porte. Il devrait jouer dans le monde entier car non seulement il joue, il fait le show, il joue merveilleusement de la guitare mais il rend hommage à la langue française car il est un grand artiste francophone. Les boites de productions françaises doivent s’interroger sur leur intérêt, est- ce rentable? Mais qu’importe la rentabilité car cet artiste là mérite bien que le monde entier l’M.

VQP

Visuel : (c) CG92/Willy Labre

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La Rédaction

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