Chanson
[Interview] Liz Green : « J’étais obsédée par les Clash ! »

[Interview] Liz Green : « J’étais obsédée par les Clash ! »

01 May 2014 | PAR Arnaud Berreby

Quelques jours avant une prestation scénique  très attendue, Liz Green nous reçoit avec une immense humilité  pour nous parler de son univers si original.    

   liz green haul away
Votre magnifique  album (notre chronique), qui est dans les bacs depuis quelques jours, est littérairement très référencé. Avez-vous un message à faire passer ou bien est-ce juste du divertissement ?  

Liz Green : Prêcher ne m’intéresse pas du tout ! Je fais de la musique car j’adore cela et j’en ferai toujours même quand plus personne n’écoutera mes chansons.

Pas de message politique donc…

L. G. : Peut-être. De manière allégorique alors, non ? Entre les lignes…

Vous êtes de Manchester. Quelle musique écoutiez vous chez vos parents ? 

L. G. : La musique british des sixties. Les Beatles, les Stones. Rien que du très classique.

Votre pensiez dès votre plus jeune âge à faire de la musique ?

L. G. : Pas du tout. Rien ne me prédisposait à cela. Ni lors de mon enfance, ni lors de mon adolescence. J’adorais la musique, mais je ne savais pas en jouer ! Je pensais que les musiciens étaient des gens super intelligents. Impensable que quelqu’un comme moi ait de telles capacités. Par contre, oui, j’écoutais beaucoup de musique, et par exemple, j’étais obsédée par les Clash ! On a tous des obsessions, non ? Les Manic Street Preachers aussi.

Parlons maintenant des chansons de votre album, et notamment de l’instrumental si sensible de « Little I ». Est-ce vous qui y jouez cette splendide partition de piano ?

L. G. : Oui ! J’avais appris un peu l’instrument quand j’étais petite. Je ne l’ai repris que très récemment, il y’a quatre ans. Je ne suis pas sûre que mon professeur de l’époque apprécierait ma technique actuelle !

Comment se déroule votre song writing ? Paroles ou musique d’abord ?

L. G. : Cela dépend. Une seule certitude : je suis très lente! Je commence un morceau, l’abandonne lâchement puis revient le visiter six mois plus tard, etc. « Little I », par exemple, m’a pris trois ans ! J’envie les musiciens qui savent composer sur commande, qui décident de créer à un moment précis comme un travail de bureau.

Dans « When The Rivers Don t Flow », votre single actuel, vous évoquez des messages jetés à l’eau…

L. G. : L’idée, pour moi, est d’envoyer des messages à des destinataires qui me sont inconnus. On n’écrit bien évidemment pas de la même manière à des proches ou à des étrangers. J’aime l’idée de la missive à vocation universelle: Sommes-nous si différents que cela bien qu’étrangers ? Serais-je mieux comprise par un intime ou un inconnu ? La chanson parle de cela.

Votre story telling est très riche et sort en cela de l’univers  rachitique de la pop. Avez-vous beaucoup lu de littérature notamment fantastique ?

L. G. : Oui, beaucoup ! J’aime, en particulier, le format de la nouvelle. J’ai travaillé dans une librairie pendant cinq ans, ratissant rayon après rayon tout ce qui était lisible.
On sent l’influence de Franz Kafka dans votre écriture.

Oui, il fait partie de mes préférés avec Dostoievski et Herman Hesse. Ce n’est qu’après ces années, une fois arrivée au stade d’adulte, que j’ai commencé à écrire des chansons, à un âge où les considérations adolescentes n’ont plus cours. Une anecdote à vous faire partager pendant mes années en librairie: début 2000, David Bowie, que je vénérais, passait en concert dans ma ville, à Manchester mais je n’avais pas trouvé de place  Le jour du show, une magnifique Black rentre dans ma boutique. “Tiens, me dis-je, elle ressemble beaucoup à Gail Ann Dorsey( la bassiste de Bowie NDLR), suivie par un magnifique gars aux yeux bicolores. “Tiens, on dirait le sosie de Bowie!” Je m’approchai de lui timidement en lui témoignant mon admiration. Il fut charmant. Quel moment! Je reprends Five Years sur scène, d’ailleurs.

Votre album préféré de Bowie ?

L. G. : Scary Monsters. Hunky Dory aussi ! Impossible de départager ces deux là.

Êtes-vous à l’aise sur scène ?

L. G. : J’avoue avoir un peu de mal à communiquer avec le public. Je considère que tout est dans les chansons. C’est donc à elles de faire le job !

A propos de live, il semblerait que l’enregistrement de l’album se soit déroulé dans des conditions proches de celui-ci.

L. G. : C’est exact, très peu d’overdub. Des musiciens ensemble dans la même pièce, se regardant les uns les autres. La chanson Bikya par exemple a été enregistré de la sorte, je pense que l’auditeur ressent cette fraîcheur et ce fût le dernier.
titre gravé

Cet album est plus joyeux, léger que le précédent.

L. G. : Oui ! Quand mon premier était terrien, poussiéreux et jaune, celui-ci serait plutôt aérien, le visage peinturluré et multicolore…

Liz Green, en concert à la Flèche d’Or le lundi 5 mai dans le cadre des [PIAS] Nites avec Broken Twin et The John Steel Singers.

Visuel : (c) pochette de l’album

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