Chanson
Gaël Faure, portrait d’un jeune talent au coeur des chantiers des Francofolies

Gaël Faure, portrait d’un jeune talent au coeur des chantiers des Francofolies

16 July 2013 | PAR Yaël Hirsch

 

 

 

 

 

 

Il venait de fêter ses 26 ans avec sa famille la veille. Nous avons retrouvé Gaël Faure, l’un des 12 talents sélectionnés par les prestigieux chantiers des Francofolies pour son grand concert du Théâtre Verdière, à 15h, ce lundi 15 juillet. Dans la salle pleine à craquer, deux rangs serrés de proches, aux premières loges et quelques fans de 17 à 77 ans, connaissant déjà tous les textes des chansons par cœur.

« Je me rends compte que je suis à un tournant important de ma vie professionnelle » nous a confié à la fois grave et enjoué, le jeune chanteur, à la sortie du concert. Pour le talentueux autodidacte ardéchois qui a découvert la scène avec un concert de Louise Attaque et qui s’est emparé de la guitare adolescent à défaut de pouvoir faire du foot et s’est mis à composer dès 16 ans, ce tournant passe, après le succès de l’EP « On dirait l’Islande », par la sortie d’un album au début de l’année prochaine.

Le disque sortira chez Jive Epic (Sony) où Vincent Blaviel a repéré Gaël notamment grâce à sa détermination : « Avec sa voix qui frappe immédiatement comme au-dessus de la moyenne, il savait ce qu’il voulait ». Et ce que Gaël veut éviter avant tout, c’est ce qui est lisse, même et surtout quand la technique est parfaite : « Ce qui prime aujourd’hui pour moi, c’est d’avoir même un tout petit truc à dire, même s’il y a des défauts, même si c’est un peu brouillon, plutôt que de répéter quelque chose de parfait techniquement mais qui a déjà été fait ou qui est plus lisse ». D’où sa volonté jusqu’à aujourd’hui, où il se sent prêt à commencer, de ne pas prendre de cours de chant : « Je n’ai pas voulu prendre de cours de chant parce que j’avais peur qu’avec un mauvais prof ou alors seul en prenant de mauvaises habitudes, je me mette à lisser ma voix. J’avais envie de me faire ma propre voix, d’avoir mon propre ressenti sur cette voix. ».

Mais avant d’enclencher la sortie de l’album, Gaël veut mettre ses compositions à l’épreuve à travers beaucoup de scène. « On va se roder se roder et se roder encore, on va être meilleur », explique-t-il avec plus de gourmandise que de labeur dans l’intonation. En ce sens, en deux semaines de formation intensive, les chantiers des Francofolies ont parfaitement répondu aux attentes de Gaël Faure. Véritable entraînement pour la scène, elles lui ont permis de suivre un coaching aussi bien scénique que vocal et même de lancer une enquête intime sur les motivations les plus profondes de son projet artistique : « On revient avec toutes ces infos en tête, mais il ne faut pas que ça se voit, il faut qu’on reste très naturel et donc qu’on ingère et qu’on digère et c’est très formateur ».
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Pour ce qui est de la scène, Gaël Faure y est comme un poisson dans l’eau. Et hier, à La Rochelle, il a été plongé par deux fois dans le grand bain, avec succès. Accompagné par son fidèle guitariste Vincent Brulin et le batteur Sylvain Joasson, il a offert à son public de l’après- midi un programme riche en émotions qui a culminé avec son titre-phare « On dirait l’Islande » puis le prochain single « Tu me suivras ».

Beau mais surtout irrésistible de franchise sur scène, il a su utiliser toutes les subtilités de sa voix et monter en puissance tout au long du concert pour nous bouleverser vraiment sur des titres aussi mélancoliques que « Un peu », une « chanson sur la mort » où Gaël Faure « passé pas très loin quand « il était jeune », a voulu montrer que c’était quelque chose « qui pousse inconsciemment à vivre encore plus à ressentir  plus les choses ». Et le merveilleux constat de constance amoureuse qu’est « Traverser l’hiver », sur un texte de Fabien Bouef. Compositeur et interprète, Gaël a fait appel à 5 paroliers différents pour son album mais a beaucoup travaillé avec eux pour que le disque ait une vraie belle unité de textes forts entrant en résonance avec la « mélancolie positive » de la musique pour évoquer « des thèmes d’amour, de vie quotidienne, de rencontres, de voyages, d’initiations, de prises de risque, de prises de conscience ».

Virevoltant d’une interview à une autre avec une énergie et un sourire communicatifs, Gaël Faure nous a reçus avec une grande gentillesse et une grande sincérité après son premier concert de la journée. Entre deux autres interviews, les balances pour le soir, les saluts aux amis et à la famille et des interactions avec d’autre groupes des chantiers dont les Folffox à qui il a demandé à son batteur de prêter des baguettes, il était pleinement là pour répondre à nos questions. Si le chanteur avoue que son « énorme défaut, c’est de ne pas vivre assez l’instant présent » et d’ajouter : « je pense souvent à l’ensuite à l’après, la plupart du temps je suis souvent un peu ailleurs et c’est fatiguant », le concentré de réflexion et d’attention qu’il nous a offert en dix minutes volées à sa journée très chargée nous a convaincus du contraire…

gael faure acre rightLe soir même, il était si possible encore plus présent pour une expérience inouïe : chanter deux titres, accompagné de son guitariste, devant les 12 000 personnes de scène de ST Jean d’Acre, après Lou Doillon et avant M. Lucide, il estime que s’il arrive là, c’est fou mais que c’est aussi parce que les Francofolies croyaient en son projet : « Les chantiers nous mettent sur cette grosse scène pour nous faire découvrir par un public le plus large possible. L’idée c’est aussi de nous tester et de voir comment ce public réagit à nos chansons ». Et d’ajouter : « Moi j’ai juste très hâte, j’ai très peur évidemment, mais j’ai aussi très hâte. J’ai envie de le bouffer et je me dis que deux titres, ça passe très vite, c’est aussi le danger, il faut qu’on soit direct dedans. » Direct dedans, c’est tout juste ce que Gaël a fait en reprenant deux titres avec toute l’intensité qui le caractérisent et qui ont vraiment convaincu la foule amassée dans l’immense salle en plein air de La Rochelle que le jeune chanteur était un tout grand artiste.

Une étoile montante de la chanson que Toute la Culture continuera de suivre avec grand plaisir.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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